Le gouffre

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Emmy

Dans les entrailles de la grotte, l'obscurité était palpable, nous enveloppant dans un silence oppressant. Nos lampes torches perçaient les ténèbres, révélant des parois rocheuses couvertes de mystères et de dangers. Chaque pas résonnaient dans le silence, amplifiant la tension qui régnait parmi nous.

Mon regard scrutait les moindres recoins, à la recherche d'un indice. Mes sens étaient en alertes, consciente du monde qui nous entourait.

Une fissure étroite dans la roche, à peine visible, se présentait devant nous. À première vu, c'était l'unique passage à l'intérieur de la grotte.

- Vous pensez que l'on peut continuer par là ? Demanda James, anxieux à l'idée de s'engouffrer dans un passage aussi étroit

- Le seul moyen de le savoir, c'est de s'y aventurer ! 

Je restait concentrée et déterminée à avancer coûte que coûte. Ma nature d'aventurière reprenait le dessus et je savais que j'irais jusqu'au bout. Mais je remarquais que les garçons étaient beaucoup moins rassurés que moi. Valentin ne parlait pas et James était devenu nerveux à la vue de la faille dans la roche. Etait-il sensible aux endroits clos ? Il connaissait mon anxiété en ce qui concerne la hauteur... pour ne pas dire le vertige... Mais je ne me mettais jamais posée  la question de ses éventuelles peurs. James me paraissait toujours sûr de lui, courageux et quelques fois prétentieux. Etait-il un brin claustrophobe ? Et surtout, allait-il l'admettre devant Valentin ?

- Si vous voulez rester ici, je le comprendrais... je ne veux pas vous obliger à me suivre. Je suis sérieuse ! 

Mon regard envers eux était sincère et rempli de bienveillance. Mais James et Valentin se regardèrent avec un air de défis, puis, se tournant vers moi, ils me répondirent d'une même voix:

- On te suit !

Je souris légèrement. La fierté l'emportait toujours avec eux et je savais qu'ils ne seraient pas resté à m'attendre ici.

Je progressais avec précaution au travers des parois. Le passage ne nous permettait pas d'avancer normalement et nous devions marcher de biais. Je passais beaucoup plus facilement que les garçons. Mais ils ne se plaignaient pas. Le chemin était de plus en plus sombre et humide. Nous allions forcément déboucher sur un passage plus praticable. Et se fut le cas après plusieurs minutes.

Nous venions d'arriver sur une ouverture plus large et spacieuse. La température était plus fraîche et l'air, empreint d'une odeur de terre humide. Je m'arrêtais devant un mur orné de motifs et de gravures anciennes. J'admirais les symboles aborigènes qui ornaient les parois. Cercles concentriques, lignes ondulées et figures animales dessinaient un paysage visuel riche en histoire. Je regardais tout autour de moi. J'étais consciente que ce lieu n'était pas seulement un site archéologique, mais une fenêtre sur la culture et la spiritualité aborigènes. Un héritage vivant qui devait être respecté et préservé. 

Les garçons étaient tout autant admiratif face à ce spectacle. James ne disait rien, mais son regard était illuminé par la vue de ces peintures murales.

- Waouh ! C'est incroyable ! Dit Valentin

Après un long moment passé dans ce qui ressemblait à une antichambre, nous n'avions pas d'autre choix que de poursuivre dans la seule direction qui s'offrait à nous. 

L'atmosphère était beaucoup moins étouffante et moins humide. On pouvait même sentir un léger courant d'air. On avançait dans ce qui semblait être un couloir, menant dans un grand hall.

James s'éloigna de nous et explora les environs. Soudain, il leva la main, comme pour nous faire signe. Il s'accroupit et observa quelque chose sous ses pied.  Il n'y avait rien autour de nous et la voix de James portait en écho.  

- Venez voir !

On s'avança prudemment. Valentin dirigea sa lampe vers le sol. C'est alors que l'on découvrit le vide. Je fis brusquement plusieurs pas en arrière. Le souffle coupé, comme aspiré dans le néant. 

Un gouffre immense se présentait à nous. 

James prit une petite pierre au sol et la jeta dans le vide. Nous retenions notre souffle et écoutions en silence le son de la pierre rebondissant sur les parois, puis disparaissant dans les profondeurs, confirmant l'ampleur du gouffre.

James observa tout autour de nous, en quête d'un éventuel chemin à emprunter. J'étais toujours bloquée. Je ne voulais plus faire le moindre pas, de peur de tomber dans le vide qui se trouvait pourtant à plusieurs dizaine de mètre de moi.  

James s'avança vers moi avec son sourire provocateur que je déteste tant. Il me dit :

- Prêtes pour le grand saut !

- Tu faisais moins le malin tout à l'heure lorsque l'on devait traverser la fissure... répondis-je sur le ton de la colère

Il prit son air arrogant et me répondit :

- Peut-être, mais moi je ne t'obligerai pas à descendre ce gouffre !

- Je ne t'ais pas obligé à me suivre ! 

- Tu sais très bien que je ne te laisserai pas seule.

- Et tu sais très bien que moi non plus...

Il afficha un grand sourire et m'embrassa tendrement. 

- Je suis sûr qu'il y a un passage autre part. Me dit-il sur un ton plus rassurant

Soudain Valentin s'exclama :

- Par ici ! Il y a un escalier qui longe la parois rocheuse vers le bas du gouffre !

Je regardais James et avec une attitude espiègle, je lui dit :

- Heureusement que Valentin est là pour trouver une solution ! 

Puis, sans me retourner, je me dirigeais vers ce fameux escalier creusé dans la pierre. J'entendais derrière moi, James qui râlait. Et je ne pouvais pas m'empêcher de sourire à l'idée qu'il soit traversé par une pointe de jalousie. Un jour, mon espièglerie me jouera des tours.  

L'un après l'autre, nous descendions lentement dans le gouffre, nos lampes projetant des ombres mouvantes sur les parois rocheuses. L'air devenait plus frais à mesure que nous nous enfoncions. Valentin avait ouvert la marche, James le suivait, tandis qu'il me tenait la main. Je m'accrochais à lui. À chaque pas, je bloquais ma respiration, de peur de perdre l'équilibre et de chuter. Sur notre droite se dressait un immense mur et sur notre gauche, le précipice du gouffre. Les marches, taillées dans la pierre, étaient étroites et accidentées.

L'humidité présente sur le sol nous faisait parfois glisser. Par moment, des morceaux de pierre se décrochaient et tombaient dans le néant. J'avais froid. Et la fatigue commençais à prendre le dessus. J'avais besoin de faire une pause. Mais le fait d'être toujours au milieu du gouffre me terrifiait et je ne souhaitais qu'une chose... arriver en bas au plus vite.

Valentin avançait plus vite que James et moi. Il était à présent à plusieurs marches de nous. Il s'arrêta un instant pour nous attendre. Brusquement, la roche instable craqua et s'effondra sous ses pieds. Son corps disparu dans le vide. Il laissa échapper un cri de frayeur qui fût engloutis par le bruit des gravas et explosèrent plus bas.  

I Love You TooWhere stories live. Discover now