Drake Magister - Tome 1 : Blanche (Terminée).

43. Première Bataille

(Dédicace à nonam244 , qui a su parler à mon âme de gameuse.)

Mais le lendemain, elle n'eut pas le temps de discuter avec qui que ce soit. Elle fut réveillée par un Argy paniqué, qui la secoua comme un prunier.

- Qu'est-ce qui se passe ? Balbutia la jeune femme devant la mine sombre de son gamin, fatiguée de s'être couchée aussi tard.

- Le village est attaqué par les orcs.

La jeune femme se leva d'un bond, bel et bien réveillée. Nicky frappa au même moment à sa porte, qui était restée grande ouverte.

- Aaron s'est téléporté, Glen l'a suivi en volant sur Saphir et il en a déjà gelé un paquet. Merde, il s'est transformé en drakion ! Pas Glen ! C'est Saphir qui c'est transformé en un immense drakion des glaces ! S'excita le pixie qui ressemblait fortement à son alter-ego, en faisant de grands signes tout en parlant.

Le jeune homme paraissait sous le choc, il hyperventila. Argy se précipita à ses côtés, essayant de le ressaisir en vain.

- Combien d'orcs ? Demanda la jeune femme à son fils.

Qui était quelque peu soulagée par la présence du drakion. Avec lui, les orcs n'avaient pas la moindre chance. Enfin, elle l'espérait.

- Trop, grimaça le mage blanc.

Puis, elle se précipita vers le jeune homme, qui n'arrivait pas à se calmer malgré l'aide d'Argy. Ni une ni deux, Blanche lui fit un énorme câlin. Elle avait vu dans un film que ça pouvait marcher. Il lui fallut bien une minute.

- Où est Derek ? Reprit Blanche.

- Il manque à l'appel.

Blanche se retourna vers son lit, enfila ses chaussettes et ses chaussures, puis avant même de quitter son cocon, elle fut retenue d'une main par Argy qui s'était assis à côté d'elle. Nicky encore déboussolé de l'autre côté.

- Quoi encore ? Demanda la jeune femme.

- Aaron a été clair. On a pas le droit de sortir, on doit rester là.

- Quoi ? S'indigna Blanche. Si tu crois que je vais rester là à me tourner les pouces et les laisser se battre tout seuls, tu rêves !

- Je lui ai promis, insista Argy.

Blanche vit dans ses yeux qu'il ne la laissera pas se mettre en danger, alors elle ferma les siens un instant puis souffla.

- Très bien, on peut au moins aller sur le toit voir ce qui s'y passe ? Demanda la rousse.

Les deux hommes se changèrent un regard avant qu'Argy n'acquiesce. Quand un événement pareil arrivait, c'était l'ancienneté qui primait.

Le mage aux cheveux argentés passa rapidement par sa chambre, prenant son appareil photo.

C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent tous les trois, avec leurs capes et des jumelles, à la même place qu'Aaron la veille au soir. Encadrée par les deux jeunes hommes, Blanche suivait la bataille du regard. Saphir était sublime avec ses écailles noires aux reflets bleus nuit qui fendaient le ciel sur un fond bleu clair illuminé par les deux soleils hivernaux. Subjuguée, elle regarda l'énorme drakion.

Les jets de glace étaient incroyables et Glen accompagnait son familier en tirant des flèches depuis le dos de l'immense créature.

Entre les cris, le fracas, les feux déclenchés un peu partout, l'odeur nauséabonde même à cette distance, elle mit un moment à repérer Aaron qui venait de créer une immense tornade grâce à son djinn qui balaya tout sur son passage. Elle reconnait sans problème Al, malgré sa peau qui avait pris une teinte bleutée. Un Marids dans toute sa splendeur.

Elle eut alors l'occasion de voir l'homme qu'elle aimait utiliser son style de combat à une rapidité hors norme : la double épée style oriental. Ses sabres volaient en même temps que lui, découpant et tranchant tout sur son passage. C'était un spectacle à la fois sublime, magnifique et horrible.

La neige sous les assauts des vikings qui participaient, eux aussi, devenait rouge après leur passage. Elle repéra Rauõr à proximité de son mari. La bataille fut rondement menée, en moins d'un quart d'heure, le bataillon d'orcs fut liquidé. Plus de mille cadavres jonchaient le sol.

- Combien étaient-ils ? Demanda la jeune femme, émerveillée par le spectacle.

- Deux à trois mille, je dirais à vue de nez, supposa Argy, qui mitraillait encore le champ de bataille.

- Trois mille, confirma une voix familière juste derrière elle.

Derek.

- Depuis quand t'es là, toi ? Demanda Nicky.

L'homme ne lui prêta pas attention et ne prit même pas le temps de lui répondre. Il n'en avait que faire, ne loupant pas une miette de la vue.

- On ferait mieux d'aller préparer le petit-déjeuner au lieu de glander, j'en connais trois qui doivent avoir la dalle. Et toi, continua-t-il, en désignant le plus jeune, tu ferais mieux d'aller soigner les blessés.

Argy hocha la tête et suivit Derek qui avait à peine jeté un regard à la jeune femme. Nicky haussa les épaules et les suivit laissant Blanche seule.

Elle ne le fut pas longtemps, car Alacazar se matérialisa devant elle avant qu'elle n'ait pu rejoindre les garçons. Elle en sursauta de surprise.

- Tu m'as fait peur ! Gronda, la jeune femme.

- Excuse-moi, ce n'était pas mon intention. Tout va bien ? Lui demanda le djinn, toujours en bleu.

- Ça peut aller, c'était impressionnant ! Aaron n'a rien ? Glen et Saphir ?

- Pas une égratignure.

La jeune femme soupira de soulagement, alors que le djinn ne cessait de la regarder. Mal à l'aise, la jeune femme lui sourit nerveusement. Le djinn s'esclaffa.

- Excuse-moi, lui dit-il alors qu'il faisait semblant d'essuyer une fausse larme. Phénix m'a prévenu pour ta récente découverte.

Il jeta un coup d'œil au ciel avant de rajouter.

- Tu devrais faire pareil pour Kiyan.

- Ah !

Ce fut tout ce qu'elle put lui dire.

- Je voulais juste te dire que si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux compter sur moi. Il te suffira de m'envoyer Phénix.

Puis doucement, le djinn s'avança et la prit dans ses bras avec délicatesse.

- Quand tu passais tous tes week-ends chez lui avec ma fille, j'étais toujours là, à vous surveiller. Je t'ai vu grandir et devenir cette belle jeune femme. Je n'ait pas toujours été d'accord avec lui et je trouve qu'il a beaucoup de chance de t'avoir.

Blanche ne savait pas quoi dire. Les familiers n'avaient pas le même problème avec la règle, eux pouvaient visiblement en parler. Elle dut choisir avec précision ses mots.

- Alors dit-moi, Al, toi qui sais, c'est lui qui a fait disparaître la... Pas vrai ? Lui demanda la jeune femme, d'une voix étouffée dans ses bras, ne sachant comment décrire une vidéo dans un monde qui en était dépourvu.

Le djinn recula en posant ses deux mains sur ses épaules. Après un long silence, il hocha la tête en fermant les yeux.

- Si tu veux savoir plus vite pourquoi, la réponse se trouve sur sa table de chevet. Ouvre le cadre photo et regarde celle qu'il cache juste derrière.

Puis le vieil homme l'embrassa sur le front avant de disparaître comme il était venu.