Chapitre 5 : Viktoria

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11h25 / Le Valkyrie - Place centrale

Dès que Raphaëlle Rossbury monte sur scène, j'entends à coté de moi les commentaires de Kim et d'Alexander, morts de rire.

- Naaan, elle va dans les montagnes ? J'y crois pas.

- Oui, c'est pour se foutre d'elle c'est pas possible.

- Carrément, elle a l'air encore plus froide que les glaciers sur le magnéto!

Bon, ils exagèrent un peu, mais ce n'est pas totalement faux, on dirait que cette fille est sortie d'un iceberg. Tout en elle, a l'air gelé. Son visage est fermé, son expression est froide, tout indique sa détermination à toute épreuve... Je suis plutôt sociale, mais cette fille donne envie de tout, sauf de l'approcher. Même si on voit bien qu'elle sait ce qu'elle fait, elle à l'air si hautaine et inaccessible que c'en est crispant. Tout le monde dans la salle est mal à l'aise et retient son souffle. Elle scrute le public, puis commence son serment.

- Moi, Raphaëlle Rossbury, jure de guider et de protéger les miens...

Je n'écoute pas vraiment ce qu'elle dit parce que je l'ai déjà entendu deux fois, mais je profite de ce moment pour la détailler. Elle est grande, fine, et on devine sous la combinaison un corps plutôt athlétique. Quand je compare nos deux tenues, je me dis qu'elle doit mourir de chaud : alors que la mienne, beige, est ultra légère et ultra résistante pour contrer les effets du soleil ardent le jour et ceux du froid glacial la nuit dans le désert, la sienne, blanche, semble lourde et compacte pour résister à des températures bien en dessous de 0°C. Je sais en revanche que grâce aux progrès de la science, elle est très légère mais tient très chaud. La couleur immaculée de sa combinaison contraste avec ses cheveux bruns très foncés. Cela renforce son coté sombre.

Elle continue de parler et je regarde le public. J'aperçois une silhouette qui se fraie un chemin vers la sortie, accompagnée d'un garde et je réalise que c'est ma mère. Elle doit sûrement être appelée au bloc opératoire pour une urgence. En la regardant s'éloigner je me remémore nos adieux, tout à l'heure. Je rentrais de chez Alek, en colère (surtout contre moi même en réalité, comment ai-je pu croire une seule seconde qu'il allait me rendre mon baiser ?), et en entrant dans l'appartement comme une furie j'ai failli percuter mon père qui se rendait à la cuisine.

- Et alors, qu'est-ce qui se passe ? Tu es contrariée ?

Voir son visage inquiet m'a calmée instantanément et m'a réconfortée : je sais qu'au moins, je pourrai toujours compter sur ma famille.

- Non non, tout va bien, je ne t'avais pas vu, ai-je répondu en souriant, excuse moi papa.

- Pas de problème ma chérie, viens déjeuner avec nous.

J'ai essayé de profiter au maximum de ce dernier moment avec mes proches. J'ai savouré chaque miette de ma gaufre au sucre (la nourriture était meilleure depuis ma sélection), chaque sourire de ma mère, chaque plaisanterie de mon frère, et chaque seconde de ce petit déjeuner si convivial, dans mon chez moi qui sentait si bon. Je n'étais pas sûre de le revoir un jour. Puis, j'ai dû aller me changer et revêtir ma nouvelle tenue. Comme d'habitude, j'ai renoncé à attacher mes cheveux et j'ai laissé mes mèches se balader selon leur envie. Cela dit, le résultat n'était pas si mal. Ensuite, l'heure des adieux a sonné. J'ai commencé par mon père, qui était très ému.

- Tu sais ma chérie, tu vas beaucoup nous manquer.

- Vous aussi, ça va être long.

- Je ne pense pas que tu vois le temps passer mais au moins, je pourrai toujours naïvement croire que tu penses à nous.

The Breach (Sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now