Ce que tu dis

Chapitre 46

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Maintenant, lorsque je me réveille le matin, je dois attendre une vingtaine de minutes avant de pouvoir faire autre chose. Chaque jour, c'est comme si je jouais à pile ou face: pile tout va bien, pas de nausées, pas de vertiges juste la fatigue et l'envie presque irrépréhensible d'aller aux toilettes tous les cinq minutes. Et face, une mauvaise journée que je partagerai entre les toilettes et le lit. Tout un programme, donc.

Je garde les yeux fixés sur le plafond, tentant de calmer ma respiration.
Nous avons convenu Arjun et moi de retourner à Mumbai pour consulter mon gynécologue pour la suite des réjouissances.
J'aurai préféré que nous allons limite dans une autre ville, pourquoi pas la capitale? Trouver à New Delhi, un petit coin tranquille et le tour serait joué! J'ai même tenté de lui dire que je pouvais très bien faire mes prescriptions seule...
Bon, je l'avoue, il n'a pas vraiment apprécié mon humour sur le moment, mais il fallait bien détendre cette atmosphère sérieuse! Tant que notre situation ne changera pas, la prudence et la discrétion sont de mise. Donc pas de voyage à New Delhi pour moi...

- Comment tu te sens?

Je tourne la tête vers lui:

- Comme quelqu'un qui aurait manger du poisson pourri, je lui réponds avec une grimace.

- C'est si horrible que ça?

- Tu voudrais que l'on échange?

- Viens, dit-il en m'ouvrant ses bras.

Dans lesquels je me réfugie aussitôt. Je pose ma tête sur son torse.
Je n'aurai jamais pensé, avoir autant besoin de le sentir le plus près possible de moi. Juste savoir qu'il est là à côté, que c'est lui qui me tient de cette manière...on dirait que ça résume tout pour moi.

Je suis une véritable sentimentale désormais. J'espère que je ne vais pas me ramollir pour autant! Je ne veux pas être de ces femmes qui attendent désespérément un geste de leurs maris...
Il ne maquerait plus que ça!

Demain, ma grossesse entamera officiellement son deuxième mois. Nous aurions déjà dû effectuer la première visite, mais je ne me sentais vraiment pas bien et je ne voulais tout simplement pas y aller. Qui sait? J'aurai pu fausser compagnie à mon mari pour aller demander des comptes à Abhay ou Zoey.
Et que la presse soit au courant pour l'enfant est bien la dernière des choses que je désire. La seule autre personne que j'ai mis au courant pour le moment, est Somaya.
C'est d'ailleurs elle qui m'a mis en garde contre ceci: tout le monde essayera de me refiler des conseils sur ce que je devrais ou pas faire, durant les huit prochains mois, voir même après la naissance!

" C'est ton corps, c'est toi qui porte l'enfant. La première des personnes, pour ne pas dire la seule, que tu devras toujours écouter, c'est toi. Tu verras, tout va bien se passer!"

Je l'espère.

- Nous pourrons aller à la première visite, demain.

- Et si tu ne te sens pas bien? me demande calmement Arjun.

-Il faudra bien faire avec! Ce n'est pas en restant au lit tout ce temps que je vais réussir à m'y habituer. Et puis il le faut bien, pour savoir avec plus de précision dans combien de temps nous allons faire la connaissance de notre bébé.

Je ne peux m'empêcher de sourire à cette idée.
Moi? Mère?
C'est à se rouler par terre!

- Et tu n'as pas peur que l'on nous y voit?

- Tant que la nouvelle de la grossesse n'est pas ébruitée, je pense être capable de supporter le reste.

Et puis, je dois aller voir Madhur.
J'aurai pu passé cela sous silence pour ne pas le mettre dans l'embarras, mais je ne peux pas.
Hier soir, alors que Lii et lui pensaient que je dormais sur ses genoux, ils en ont un peu parlé: Arjun ne veut pas entrer en contact avec sa mère pour le moment et refuse de prendre les appels de Kamran et Malati.
Je ne vais pas le blâmer, parce que j'ai fait exactement la même chose la semaine dernière.
Nous avons sans doute pas les mêmes buts, mais la finalité est la même: aucun d'entre nous deux n'a pour le moment donné nouvelle à notre famille. Et je ne veux plus de ça. Plus j'attends, plus je leur donne des raisons de m'en vouloir davantage.