vingt-huit ✵ débardeur

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Voir mon frère embrasser Chrystal ne devrait pas me faire mal. Mais ce fut le cas, je ressentis un sentiment faisant trembler tout mon cœur.

Je m'agenouillais, essayant de passer inaperçu, espionnant avec détails la scène. Chrystal se décolla lentement de lui ses yeux grands ouverts.

- Oh mon dieu excuse-moi. Tu ressembles tellement à... Oh non Duke excuse-moi... Avoua-t-elle en reculant piétinant le tapis au passage.

Je restais de marbre face à la scène, le ventre plié et la gorge nouée.

- Pourquoi ? Demanda-t-il d'une voix tremblante.

Je la regardais secouer la tête avec grande vitesse avant d'apercevoir mon frère lui prendre le bras, rouge.

- Chrystal, je t'ai déjà dit que je t'aimais plus d'une fois. Alors pourquoi tu me repousses tout le temps ? Je ne comprends pas. C'est la troisième fois en un an qu'on s'embrasse et à chaque fois tu me repousses puis je t'aide à te caser.

Il pleurait. J'admirais une scène privée et un profond malaise me troubla. Voir mon frère ainsi me déplaisait énormément. Impuissant, il me rappelait ma position face à Théodore.

- T'es mon meilleur ami Duke. Je croyais que c'était clair pourtant... Lança-t-elle les larmes coulant à flot sur son visage.

Son maquillage ne coulait pas, waterproof. Une technologie efficace sur une fille comme elle.

- Je n'aurai pas dû t'embrasser ce soir et tu n'aurais vraiment pas dû répondre à mon baiser. Grogna-t-il avant de s'enfoncer dans sa chambre en claquant la porte. Il avait de la chance que ce soir les vieux ne soient pas là mais dans leurs heures supp affreux.

Chrystal restait là plantée au milieu de la pièce éclairée seulement d'une petite lampe. Elle sanglotait aveuglément, son rire d'il y a quelques minutes faisait encore écho dans ma tête. Je ne savais pas que mon frère l'aimait à en chialer, lui qui montrait une extrême virilité dans toutes les situations.

Je me levai, pris le verre plein d'eau et sortis de la cuisine essayant de regagner ma chambre. Mais sa petite voix coupa tout mouvement de ma part.

- Aris ?

Je me tournai vers la tempête rouge alors qu'elle essuyait son visage avec son blouson. Je déchiffrai alors chaque partie de son visage, en m'attardant sur ses cheveux magnifiquement rouges. La revoir en rouge était agréable, surtout dans cette nuance foncée qui mettait en valeur la pâleur de son visage.

- T'as tout vu hein ? Demanda-t-elle en regroupant ses cheveux en une queue de cheval.

Je fus honnête sur le coup et lui hochai brièvement la tête alors qu'elle s'arrêtait définitivement de pleurer.

- Tu veux bien me raccompagner chez moi ? J'ai un peu trop bu je crois. Essaya-t-elle alors que je lui envoyai une réponse négative en fronçant les sourcils.

- Dors ici. Ordonnai-je alors qu'elle haussait les épaules.

Je lui tendis mon verre d'eau qu'elle but goulûment avant de retirer sa veste en cuir et ses chaussures.

- A la base je devais dormir ici mais avec ce qui s'est passé... Mais merci de m'accueillir Aris.

Elle posa ses affaires dans un coin de ma chambre, je lui permis de dormir sur mon lit alors que je la voyais passer dans la salle de bain. Elle sortit sa trousse de toilette et se démaquilla rapidement.

La Chrystal démaquillée ne ressemblait absolument pas à la Chrystal non maquillée. Je n'avais jamais remarqué ses légères taches de rousseur ou ses lèvres rosées magnifiques au naturel.

J'avais pourtant déjà vu ses cernes mais ce soir, c'était bien pire, elles creusaient terriblement son visage. Mais elle restait effroyablement magnifique.

- C'est gentil de me laisser ton lit. Murmura-t-elle alors que je la scrutai avidement.

La voir si naturelle me plaisait énormément. Son débardeur moulant me fit tourner la tête quand je vis grâce à la transparence, ses tétons. Rougir était déplacé mais je n'arrivai pas trop à me contrôler sur le coup. Trop intime comme image. Mais c'est seulement quand je la vis de dos que certains détails me sautèrent aux yeux.

Des hématomes, des cicatrices violâtres apparaissaient petit à petit en insistant sur sa vue. Elle remarqua que mes yeux s'étaient posés sur son dos et elle se retourna furtivement.

- Ne me pose pas de questions s'il te plaît. Implora-t-elle en montant dans mes draps alors que je m'installai dans un coin avec mon peignoir comme couverture et un gros sweat en guise de coussin.

Les questions ne sont pas sorties mais me démangeaient la gorge. Alors qu'un long silence plongeait la chambre dans une ambiance calme et étouffante, je remarquai que je ne portais pas de bas particulier à part mon caleçon. L'idée me gêna légèrement mais ne me dérangea pas plus.

Je fis semblant de dormir en contrôlant ma respiration, expirant et inspirant comme si je dormais. Mais je n'arrivais pas à fermer l'œil.

Une quinzaine de minutes plus tard, je l'entendis pleurer. Discrètement mais énormément. La voir ainsi me peinait terriblement, cette situation ambiguë semblait l'attrister d'une manière excessive. Je me levai discrètement avant de réfléchir à la suite de mes gestes.

Mais je grimpai sur mon lit quand même, la regardant se retourner avec surprise et d'une rapidité à en couper le souffle. Son visage se décomposa quand je m'allongeai complètement.

Aujourd'hui c'était la journée des filles dans mon lit. Mais je m'abstenais de le penser tout haut. Marylin n'était pas un problème, je ne faisais rien de mal avec Chrystal, je voulais juste qu'elle arrête de pleurer.

J'avais remarqué qu'à chaque fois que j'étais dans la même pièce qu'elle, elle ne pleurait pas trop. Elle se retenait difficilement même si elle en crevait d'envie.

- Pourquoi tu ne pleures plus ? Demandai-je dans un murmure presque sourd.

Notre proximité me réchauffait énormément et mon cœur s'accéléra légèrement quand elle se tourna complètement dans ma direction avant de plonger son regard dans le mien.

- Parce que tu es le seul qui a l'habitude de me voir sourire et que me voir pleurer détruirait cette image de moi dans ton esprit.

Son explication restait compréhensible.

- Je peux ?

Mais trop tard, elle s'était collée contre moi, me prenant totalement dans ses bras alors que je restais telle une statue les bras le long du corps.

- J'ai tellement envie de crever. Lâcha-t-elle alors que je reprenais contrôle de la situation.

Je me décollai légèrement d'elle en me demandant comment j'avais pu autant dérapé et être dans mon lit avec une fille pour essayer de l'aider. Je n'aimais pas aider les gens d'habitude.

Je restais un bon moment avant de la sentir s'endormir dans cette position. J'essayai de fermer les yeux et de me forcer à m'endormir ainsi contre elle. Mais sa présence embrouillait mes pensées.

Je sortis du lit quelques minutes plus tard, me rallongeant dans mon coin, en pensant à ses cicatrices, à ses mots et à ses jolies taches de rousseur.

***

Remerciez-moi pour ce moment trop cute, oui je sais je sais. (modestie lel) et why, pourquoi y a des personnes qui n'ont pas voté sur le dernier chapitre, z'étais triste bouhouhou




Trente minutesWhere stories live. Discover now