Prologue

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Elle est là, elle me regarde, elle me surveille, elle m'éclaire. La lune a toujours eu quelque chose de magique et de mystérieux.

Pourtant, ce soir, elle n'a rien de magique et il fait étrangement sombre pour une nuit de pleine lune. Seule sur le rebord de ma fenêtre, j'ai la tête ailleurs, à des milliers de kilomètres d'ici. Le vent me caresse doucement le visage, je frisonne. Le froid me gagne et je finis par refermer la fenêtre. Puis mon sang se glace, il est là, dans mon dos, je le sens, il est à nouveau là. Je n'ose pas lui faire face, il le sait, je le sens s'approcher.

Et je saute, comme à chaque fois, j'ouvre la fenêtre et je saute. La chute est brutale mais sans danger alors je cours, je cours à toute vitesse sans vraiment savoir qui je fuis, simplement je cours.

La rue n'est que peu éclairée et des hommes, se vidant de leur sang, jonchent le sol. Et puis ma course s'arrête nette, je trébuche sur l'un d'eux, et finis face contre terre. L'ombre se rapproche, il se rapproche. L'homme à mes côtés lutte contre cette prétentieuse, elle se joue de vous et vous regarde avec un grand sourire, la mort n'a aucune pitié elle vous attend avec grande impatience. L'homme me regarde et ses yeux d'un bleu profond et envoutant se veulent rassurant, protecteur.

Mais c'est trop tard la mort en a finit avec lui, c'est à mon tour maintenant. L'ombre est là, juste au dessus de moi, cependant je ne parviens pas à l'identifier. Je veux crier, demander du secours mais j'en suis incapable.

Elle se penche pour atteindre ma hauteur et enfonce avec fougue son arme dans mon foie.

J'ai mal, j'encaisse le coup sans rien dire et garde les yeux clos. Mais cette douleur qui aurait du m'être fatale s'avère finalement assez familière.

Je connais ce poids qui me chatouille le nombril, à vrai dire, je le connais malheureusement depuis quarte ans.

-Debout, tu es en retard !

Devant moi ce tient la femme qui me sert de tutrice depuis mes 11ans. Son tein fade et les plis qui marquent sa peau traduisent sa vieillesse aussi bien que son névrose.

Le talon pointé sur mon ventre, elle me secoue viollement et, même si après quatre ans de réveils pénibles, la douleur se fait moins importante, cela reste tout de même peu agréable et n'a aucun mal à me sortir de ma léthargie.

-Bonjour mamy, quel bonheur de vous voir de si bonne heure...

Elle élance son bras à une vitesse telle que je ne peu éviter la claque qui s'en suit. Je sais pourtant qu'elle est très susceptible mais lui lancer des piques dès le matin égaille ma journée.

-Comme ça mademoiselle se croit drôle, lance-t-elle, je ne suis ni ta mère et encore moins ta grand-mère alors ne t'avises plus jamais de m'appeler ainsi ! Pour toi ce sera toujours Mme Doths, est-ce claire?

-Limpide.

-...

Elle me fixe les bras croisés, tapotant légèrement du pied, attendant une réponse qu'elle pourra qualifier de correcte.

-C'est très claire, Mme Doths.

Avec son air supérieur et arborant un rictus satisfait, elle me toise puis tourne les talons pour quitter la pièce d'un pas fière. Du pure Mme Doths, tout simplement.

D'après l'orphelinat, j'ai eu l'incroyable chance de trouver une famille d'accueil aussi affectueuse et généreuse.

D'après moi, j'ai surtout hérité d'une tutrice complètement déséquillibrée, pour ne pas dire aliénée, et orgueilleuse qui serait prête à tout pour quelques pièces. C'est d'ailleurs pour ça que je me retrouve aujourd'hui dans ce trou, pour l'argent et également parce que l'orphelinat était ravit de se débarrasser de l'étrange petite Sérafine.

Sérafine - Tome I: Appelez-moi RafWhere stories live. Discover now