2. Hublot

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Une fois montée dans l'avion, j'essayais de trouver ma place mais vu que je mettais du temps, une hôtesse de l'air m'y emmena, par chance j'étais côté hublot. Je pouvais donc prendre des photos du ciel, même s'il faisait maintenant jour et que le vol était court. Je m'asseyais et posais mes bagages à main à mes pieds. J'envoyais un dernier message à ma mère: je suis assise dans l'avion, une hôtesse m'a trouvé la place, amen. je t'appelle bientôt :)
Elle me répondit quelques minutes après: D'accord ma puce. Bon vol, bisous.
J'éteignis mon téléphone et sortis mon livre, Le Théorème des Katherine de John Green. Je n'avais jamais fini celui-là parce qu'Alex m'en achetait toujours d'autres, tout le temps. Et vu que les équations et trucs louches qu'essaye de résoudre Colin pour expliquer ses 7 ruptures consécutives, il m'a échappé. Il n'y avait personne à côté de moi, par miracle, ce qui voulait dire que je n'avais pas à déranger quelqu'un pour aller au toilettes. J'attachais ma ceinture. Plongée dans ma lecture, quelqu'un me tapota l'épaule. C'était la peintre des toilettes.
-"Vous êtes seule?" demanda-t-elle. Elle avait l'air de s'être déjà installée, car elle ne portait plus son sac à main. Elle me souriait. Elle était vraiment très jolie.
-"Oui, je pense parce qu'on ne va pas tarder à décoller et personne ne s'est manifesté." répondis -je en tournant la tête et en posant mon livre.
-"Oh c'est parfait. Ça vous dérange si je m'installe ici? Il y a une femme et son bébé dans le siège à côté du mien et même si ce n'est qu'un vol court..."
-"Non pas du tout, allez-y." la coupais-je. Je voulais en savoir plus d'elle, elle avait l'air très cultivée et intéressante.
-"Merci c'est sympa, je vais chercher mon sac et je reviens."
Elle repartit. Je me recoiffais, m'appliquais du brillant à lèvres puis je replongeai dans ma lecture. Quand elle revint, elle portait deux revues et son sac. Elle s'assit et posa son sac à côté du mien. Une fois qu'elle avait fini de gesticuler, je sentais qu'elle me toisait et tournais la tête. Elle ne dit rien, moi non plus. On se fixa juste. Bizarrement, mon cœur battait très vite et je déglutis plusieurs fois. Elle avait l'air tellement intimidante mais elle devait être encore plus gentille que je ne l'imaginais. Elle avait vraiment des traits parfaits, comme s'ils avaient été peints par Michel Ange. Cela dura un petit moment, jusqu'à qu'elle dise, pensive et gênée :
-"Euh...Je ne pense pas vous avoir rendu votre briquet."
-"Gardez-le, j'en ai un autre dans ma valise."
Elle me remercia en souriant. Elle paraissait paisible.
-"Comment vous appelez-vous?"
-"Camila. Et vous?"
-"Très joli. Lauren."
-"Je vous retourne le compliment."
-"Merci. Qu'allez-vous faire sur Londres?"
-"On peut se tutoyer? J'ai horreur des vouvoiements."
Elle rit et hocha sa tête.
-"Ouais. Tu vas faire quoi que Londres?"
-"Je reste à l'hôtel pendant deux semaines, histoire de m'habituer et je vais garder un bébé chez une dame, j'y resterai 24h/24 et pendant mon temps libre, j'écrirai."
Elle hocha encore sa tête, compréhensive.
-"Tu restes à quel hôtel?"
-"Euh...J'ai oublié le nom, attends."
Je ris et plongeai les mains dans mon sac à main et en sortis le papier de toutes les adresses dont j'avais besoin prochainement.
-"À l'hôtel Montcalm."
Elle haussa ses sourcils.
-"Le grand luxe!"
-"Ah bon? Je ne me suis chargée de rien, je suis une catastrophe, c'est pour ça que j'ai une mère."
-"Pour sûr! Une nuit s'élève à genre 200€ voire 300! Tu m'inviteras, je veux profiter de leur pudding tout en me faisant masser au spa."
-"Un spa?!"
-"Ouais, je te jure."
-"Mais je suis seule, ça ne sert à rien d'en faire tout un plat, ma mère aurait dû le savoir. C'est pas que je me plains, mais c'était inutile de dépenser une telle somme moi pour seulement."
-"C'est pour ça que tu m'inviteras! Il paraît qu'ils ont même des iPod dans leurs douches."
-"Seigneur. Et toi, tu séjournes où?"
-"J'ai mon duplex. Oui je sais, ça a l'air vantard, mais j'ai vendu mon studio sur Paris l'année dernière et j'ai vendu pas mal de toiles ces dernières années. J'ai pu me l'offrir, c'est un vrai petit bijoux qui surplombe une petite place très jolie. Il y a plein de trucs à faire juste en sortant dans la rue et le fait qu'il soit grand m'évite de louer une salle pour exposer mes toiles."
Je la regardais débiter ses mots, elle bougeait les mains en parlant et m'avais dessiné ce qu'elle décrivait avec ses doigts. Elle me regardait dans les yeux, de ses yeux verts bleus, impossibles à décrire.
-"Ça m'a l'air cool. Quand est-ce que tu exposeras?"
-"Dans 5 jours. Tu viendras, n'est-ce pas?"
Elle me demanda ça comme si elle parlait à sa meilleure amie. Elle était si intrigante.
-"Bien sûr. Laisse-moi ton adresse."
Je pris un stylo dans mon sac. J'avais repris mon papier d'adresses. Je lui tendis les deux objets. Elle les prit et utilisa une de ses revues comme support. Elle écrivit et me rendit mon papier et mon stylo. Lauren Jauregui, 3 King Street, Covent Garden, WC2E, London.
Elle avait une très belle écriture.
-"Merci beaucoup."
Elle sourit. Elle commença à lire une de ses revues et j'avais envie de lui poser des milliers de questions. Sur ses études, sa famille, ses amis, ses voyages, ses cheveux, son métier, sa vie, son futur, ses amours, ses goûts, ses rêves.
-"Que faisais-tu sur Paris, si tu as déjà un duplex à Londres?" demandais-je.
-"Je suis venue rendre visite à ma famille."répondit-elle sans me regarder.
-"Ah. Et depuis quand vis-tu là bas?"
-"Deux ans. J'ai loué mon studio pendant une année et l'ai revendu ensuite. Et toi, tu vis toujours chez tes parents?"
-"Oui, j'ai une petite sœur aussi, qui a besoin de moi. Mais je passais énormément de temps chez mon copain."
Elle me porta attention et referma sa revue.
-"C'est celui qui t'as fait ces suçons?" dit-elle en riant.
Elle avait un rire qui ressemblait à celui d'une petite fille, même si elle avait l'air beaucoup plus mature que moi.
-"Oui...C'est aussi lui qui m'a offert cette bague de «promesse». Ça me gêne de la garder pour faire joli alors qu'il y a des sentiments derrière, que je ne partage plus."
-"Eclaire-moi."
-"Ca fait cinq ans que nous sortons ensemble. Enfin, que nous sortions ensemble, parce que j'ai mis un terme à notre relation. À cause de la distance, principalement, et il doit se concentrer sur ses études. C'était plus une relation confortable. Il n'y avait pas énormément de passion, comme j'aurais voulu, mais tant pis, j'ai du temps, je porte pas encore de couches Tena."
Elle pouffa mais s'efforça d'être sérieuse et délicatement, elle pris le bijoux que je portais à la main. Elle l'observa de plus près et le tourna dans tous les sens.
-"Absolument splendide. Je ne suis pas dans le rose mais ça envoie."
-"Clairement." répondis-je
-"Tu sais, c'est drôle de voir une écrivaine sûrement diplômée lire un roman pour ados."
Je ris, parce qu'elle avait juste.
-"En effet, j'ai ma licence mais j'en ai assez de tout ce qui est classique, j'aime le nouveau."
Elle hocha sa tête.
Nous arrêtions de parler et je n'avais même pas remarqué qu'on avait décollé. Je regardais le paysage à travers le hublot et un confortable silence s'installa entre nous deux.

-"Camila?"
-"Hey, Camila?"
J'ouvris les yeux et vis Lauren, qui me secouait doucement le poignet.
-"Tu t'es endormie. On est à Londres."
-"Oh merde...Désolée je..."
-"Non le sois pas,  t'as sans doute eu une nuit courte. J'ai su m'occuper."
-"Ah oui?"
-"Oui."
Elle évita mon regard et me tendit la main pour que je me lève, je pris mes affaires et nous partîmes.
Une fois nos valises récupérées, nous allâmes dans le grand hall d'arrivée, je me demandais qui pouvait bien attendre Lauren.
-"Quelqu'un t'attend?" demanda-t-elle, comme si elle avait lu dans mes pensées.
-"Non, je vais attendre un taxi. Et toi?"
-"Non, je vais aussi prendre un taxi."
Nous nous dirigeâmes vers l'extérieur de l'aéroport et une vague de bonheur me prît. J'étais enfin à Londres, et j'allais pouvoir vivre en toute liberté, sans presque aucune contrainte pour l'instant. Une échappatoire qui m'était idéale, j'avais soif de vie et de choses nouvelles, et cette aventure allait m'en offrir, je le sentais. Lauren était peut être le premier élément de ma nouvelle vie, et j'étais plus ravie qu'elle en fasse partie, j'espérais de tout cœur qu'elle resterait. Même si je ne la connaissais que depuis quelques maigres heures, j'avais l'impression qu'elle était la plus vieille de mes amies.
Nous trouvâmes les deux taxis. Pendant que les chauffeurs mettaient nos valises dans les coffres, Lauren se retourna vers moi.
-"Bon. Je suis ravie d'avoir fait ta connaissance, Camila. Je compte sur toi, à dans cinq jours! Et si t'as besoin de quoi que ce soit, passes à la maison."
Elle avait l'air timide, elle rougissait bizarrement. Mes mains étaient moites, à mon incompréhension totale.
-"Likewise. Promis, j'apporterai quelque chose."
-"Non, je t'en prie, viens déjà toi, ça me ferait tellement plaisir."
-"Très bien, et pareil Lauren."
On se regarda longtemps avant que mon chauffeur me dise "Whenever you want, lady." Je fis au revoir de ma main à Lauren et montai dans la voiture.

// note de l'auteur: n'hésitez pas à me faire part de vos avis!! chapitre 3 bientôt en marche :)  -@laurensdeluxe (twi) \\

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