9. Passé

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Je m'étais endormie très tard et réveillée très tôt. Mon esprit trottait, à la recherche de réponses et je m'inquiétais pour Lauren, qui n'était pas rentrée. Je ne savais plus où j'en étais. Je m'étais installée dans une des autres chambres du duplex de Lauren, car c'était le seul lieu où je pouvais aller. Levée, j'allai me doucher pour rincer mes idées confuses et commençai à préparer mes affaires car je repartais le soir-même. J'étais très désordonnée, j'avais tout éparpillé partout. J'y avais passé plus d'une heure et je me voyais déjà partir, à contrecœur. Pour me changer les idées, j'avais mis Netflix mais je n'arrêtais pas de penser à Lauren. Soucieuse, je lui envoyais quand même un message.
moi: est-ce que tu vas bien? je suis toujours chez toi.
Elle ne répondit pas. J'avais faim donc je me fis un sandwich et donnai à manger au chat.
Il devait être seize heures quand j'entendis le bruit des clés dans la serrure. J'étais dans la chambre de Lauren et je courrai vers l'entrée, la découvrant avec une meilleure mine que celle qu'elle avait la veille. Elle paraissait surprise de me trouver là. Elle portait ses vêtements de la veille et j'ignorais où elle avait passé la nuit et la journée. Je n'osais rien dire.
-"Laisse-moi prendre une douche et on en parlera après." dit Lauren calmement.
Elle se dirigea vers sa chambre et en ressortit, en jogging, un quart d'heure après. J'étais sur un des sofas dans le salon et elle se joignit à moi.
-"Désolée de pas t'avoir répondu, j'avais plus de batterie et je viens de voir que tu m'avais envoyé un message."
-"C'est rien, t'en fais pas."
Elle prît une grande inspiration et commença à parler.
-"T'es la meilleure chose que j'ai actuellement dans ma vie, Camila. Et ça me ferait beaucoup plus de mal que tu ne le penses si je te perdais ou si on s'éloignait. Je t'aime vraiment beaucoup et je sais qu'hier j'ai déconné. J'ai un passé qui pourrait expliquer ça même si rien ne peut justifier le fait d'être une pseudo junkie. J'ai besoin que tu m'écoutes."
-"Je t'écoute."
-"Quand j'avais 15 ans, j'ai eu ma première petite amie. Elle était en première et elle s'appelait Emma. Elle traînait avec le genre de gens qui traînent avec tout le monde. Un jour, je sortais du lycée et elle et ses potes m'ont interpellée pour que vienne les voir. Ils m'ont posé des questions et m'ont demandé si j'étais vraiment pote avec Sarah, et elle était ma meilleure amie à l'époque donc j'ai dit que ouais. Ils m'ont invitée à une soirée qui se allait se passer quelques jours après ça.
"On y est allées, parce qu'Emma et ses potes étaient populaires et on pouvait rien leur refuser, tu vois? Pendant la soirée, Emma arrêtait pas de me faire de l'œil. Je savais pas trop ce que c'était, être attirée par une fille à cet âge là, mais je me laissais faire. Il y avait de l'alcool et j'en avais bu, et j'ai fini par monter dans la chambre d'Emma. Elle m'a embrassée et de là, on s'est jamais quittées. C'est elle qui m'a trouvé mon premier fournisseur, qui me disait ce que je devais faire en cas de transe, si y avait les flics, elle me faisait découvrir de nouveaux trucs ; c'est elle qui m'apprenait tout. C'est depuis ça que j'ai des problèmes de drogue.
"Ça s'est amplifié quand elle est morte, j'avais 17 ans. Elle a fait une overdose. Elle était plus vielle que moi et avait déjà eu beaucoup plus d'ennuis. Rehab, cellule de dégrisement, psy, PMI, hosto...Elle s'en ai jamais remise. Moi non plus d'ailleurs, ça m'a foutue dans une interminable dépression. J'ai continué mais dès que j'ai intégré les Beaux Arts, j'ai limité ma consommation. C'était très sérieux et je voulais réussir même si j'étais mal. C'est ce qu'elle aurait voulu pour moi.
"Tu peux pas vraiment arrêter ce genre de truc. T'y es attaché et plus tu commences tôt plus c'est dur d'en sortir tard. Quand je t'ai rencontrée c'était tellement...vrai que j'ai presque tout arrêté. Y avait que les cigarettes mais j'avais stoppé toutes les substances illicites.
"Mais faut que tu saches que quand tu prends quelque chose et que tu arrêtes, tu tombes forcément en carence après. C'est ce qui s'est passé hier soir, et j'en suis navrée. Je suis désolée que t'y aies assisté et de surtout pas t'en avoir parlé. J'voulais pas t'impressionner, quand on s'est rencontrées, mais j'voulais pas t'effrayer non plus. Et comme l'envie partait au fur et à mesure, du moins c'est ce que je pensais, j'ai voulu laisser ça au passé. Mais maintenant que tu le sais, je ferai des efforts. Je te le jure. J'ai déjà un parrain ici mais ça fait longtemps que je l'ai pas vu, je l'appellerai demain."
Lauren débitait ses mots avec sincérité et elle avait les larmes aux yeux. Je comprenais mieux maintenant, et elle s'était excusée. C'est tout ce que j'attendais d'elle, et le fait qu'elle voulait faire des efforts par rapports à ça me soulageait, d'une manière. J'étais soulagée qu'elle me fasse confiance, aussi.
-"Merci, Lauren. Je comprends mieux maintenant et je ne t'en veux pas. J'suis contente que tu aies pu te confier, j'espère que tu te sens mieux maintenant et je serai toujours là pour toi."
Elle sourit simplement et serez ma main. Je me penchai et déposais un baiser sur ses douces lèvres. Je remarquai à quel point j'avais manqué cette nouvelle habitude. Elle me rendit mon baiser et de là s'en enchaînaient plein. Elle me fit tout oublier, d'où je venais, où j'étais, ce qui s'était passé la veille et ce qui allait peut être se passer le lendemain. En me faisant oublier tout cela, elle me rappela à quel point je mourais d'envie de l'embrasser encore plus. Elle me rappela à quel point mon amour pour elle prenait de l'ampleur et de la vitesse quand elle touchait ma peau. Et à quel point il était maintenant impossible de me détacher de la jeune femme. L'idée de devoir me séparer d'elle un peu plus pendant quelques temps m'attristait fortement. Mais nous ne pouvions pas y échapper et je ne pouvais pas lui échapper à elle. Elle était ma plus grande fatalité et je le savais dès que j'avais croisé son chemin, seulement je ne pouvais pas l'admettre. Le fait de ne pas m'être fidèle m'effrayait car en la fréquentant, je me mentais et perdais la raison. Mes sentiments étaient plus dangereux qu'elle. Mais j'avançais, je fonçais vers une route dont je ne voyais pas le bout. Et j'aimais ça. Moi qui étais d'habitude une fille posée qui ne prenait pas la passion pour option, je me retrouvais noyée dans un océan inconnu. J'aimais ça. Et je me demandais si Lauren avait déjà ressenti ça. Je pense que Lauren était ma Emma. Emma avait dû lui donner ce genre de sensations. Quand on finit par arrêter les baisers, je lui posai ma question.
-"Comment est-ce qu'elle était, Emma?"
Lauren regarda le plafond et mis du temps à répondre.
-"Elle n'avait peur de rien, à part d'elle-même. Elle avait peur de se confronter à sa propre personne et dès que quelqu'un la forçait à le faire, elle flippait et tu voyais son vrai visage. Elle avait l'air innocente sous ses yeux gris et ses cheveux blonds. Elle avait l'air jeune quand elle souriait mais elle avait l'air plus âgée quand elle fumait. C'était le genre de fille à insulter tout le monde en bande mais dès qu'elle croisait mes parents ils la préféraient à moi. Elle citait Kurt Cobain et n'aimait pas les artistes français. Elle disait qu'un jour, je viendrai la voir si on était séparées et lui demanderait de me vendre de l'herbe parce que mon mari me soûlait. Et j'avais ri quand elle m'avait dit ça parce que c'était ridicule, elle pensait qu'on allait finir nos courtes vies ensembles à courir après tout.
"Et c'était dur de ne pas la croire parce qu'elle était canon, intelligente et pertinente cette fille. C'est ce qui m'avait plu, parce que quelques temps après notre premier baiser, elle m'avait invitée chez elle et elle m'avait juste parlé, en m'offrant un yoghourt à la cerise. De tout, de sa famille, des cours, de ses potes. Et même si ça paraissait banal elle rendait tout...captivant. T'es un peu comme elle, en fin de compte. Tu rends tout captivant parce que tu l'es, et tu ne fais aucun effort pour l'être."
Je lui souris et m'allongeai sur elle pour lui caresser les cheveux. Je la regardai attentivement et réalisai une fois de plus à quel point elle était fastueuse. En remarquant ça, elle me posa une question à son tour.
-"Qu'est-que tu aimes chez moi?"
J'avais envie de répondre 'tout'. C'était la plus simple et courte des réponses mais je savais qu'elle ne s'en serait pas contenté. Je pris mon temps avant de formuler une réponse qui faisait honneur à mes vrais sentiments, pour une fois.
-"J'aime la façon dont tu parles. Tu sublimes chaque mot à ta manière et même si tu dis des conneries, elles me plaisent."
Elle pouffa.
-"J'aime le fait que tu te réveilles toujours après moi et jamais le contraire, ça me permet de t'observer dormir. Et tu rajeunies. Ça me donne l'impression qu'on a quatre ans de moins, et ça me rend heureuse parce que j'ai l'impression de te connaître depuis plus longtemps. Mais je me dis qu'on a du temps.
"J'aime ta franchise, ton humour et j'aime bien parce qu'au téléphone t'as pas une voix différente qu'en vrai et il y a plein de gens qui ont des problèmes avec leur intonation pour ce genre de trucs, mais pas toi. J'aime bien comment tu m'embrasses aussi. Ça change toujours. J'adore comment tu portes bien, étrangement, l'odeur de la cigarette et à quel point tu es belle et naturelle. J'ai jamais vu ça de ma vie et c'est probablement parce que j'étais trop occupée à regarder où je marchais ou à regarder mon ex."
"Tu as une liberté de conscience immense sans frôler l'insolence, et tu es très ouverte. Cultivée et bien éduquée. Intellectuelle mais pas coincée. Tu mets chaque individu que tu croises sur la même égalité et je trouve ça génial parce que tu te limites pas à des critères d'apparence, tu creuses toujours plus profond. Et je t'aime beaucoup aussi parce que tu me comprends. Même si je ne me comprends pas des fois. Et aussi parce que tu sais comment m'endormir, même si c'est donné. Tu sais quand commander chinois et pourquoi je trouve quelque chose comme ça ou pourquoi je ne parle pas."
"Et je t'aime aussi parce que tu es l'être le plus vif et le plus doux sur Terre. Je t'aime pour ce que tu as décidé de me montrer, qui tu es et ce que tu as, et pour l'instant le reste n'est rien. C'est comme si tout se résumait à toi, et à toi seule."

// note de l'auteur: enfin le chapitre 9!! j'espère qu'il vous plaira, et j'ai eu du mal pour le titre. je suis en vacances demain et j'essaierai d'avancer un max 💪🏼💪🏼 merci pour vous commentaires (et messages) dans les parties précédentes vous êtes adorables. passez un bon week-end et bon courage à ceux qui reprennent lundi 💓
-@laurensdeluxe (twi) \\

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