« J'ai vraiment voulu vivre. J'ai vraiment eu de bons moments. J'ai vraiment essayé.
Mais il faut que cela s'arrête maintenant. Cette souffrance doit s'arrêter. Je suis bloquée ici. Il faut que je me libère. Personne ne le fera pour moi ; personne d'autre ne le peut.
Ne vous en voulez pas. J'ai envie d'être égoïste et de ne pas penser à vous, aux vous d'après moi. Mais je ne le serai pas. Vous méritez que je sois consciente, et désolée de ce que vous allez ressentir.
J'aimerais que ce que je vis n'arrive à personne d'autre, et, sans doute la douleur de perdre un être aimé équivaut elle à la douleur de se perdre soi-même. Aussi, je me suis trouvée devant un choix cornélien. Votre douleur, ou la mienne. Mais j'ai bon espoir que des personnes qui comme vous savent vivre seront capables de surmonter ça, de le rendre beau, d'une manière ou d'une autre. De transcender la souffrance et d'offrir quelque chose de pure au monde. C'est ce que j'espère de vous ; que vous réussissiez là où j'ai échoué. Vivez. Soyez heureux. Soyez bons.
J'ai trop mal pour respirer. Je ne peux pas sourire, je ne peux pas donner. Aigrie, abrutie de douleur. Ce monde fait mal. Pour tout le monde. Mais. Je suis une rêveuse. J'ai vu des choses si belles, si parfaites, si absolues, si terriblement proches, et atrocement inaccessibles à la fois. J'aurais voulu pouvoir vous les partager. Ce sont mes trésors.
Et c'est vous qui avez permis tout ça ; ces instants de grâce, ils ont existé parce que j'avais un sanctuaire en vous. Merci infiniment pour ce que vous m'avez donné. J'aurais aimé pouvoir vous montrer ma gratitude en survivant ; c'est ce que j'ai fait longtemps, mais, je suis à bout de force à présent.
Vivez pour moi, au-delà de moi, envolez-vous, récoltez des brindilles sur mes terres désolées et faites de ce monde un nid douillet où les enfants pourront vivre sans jamais remettre en question la beauté de la vie ; la leur comme celle des autres.
Je vous aime. »
