La vampire.

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Je ne l'aime pas. Je ne l'aime plus. Je ne pense pas l'avoir jamais aimé, juste l'avoir cru.

Mes dents, mordues de son cou, étaient les seuls vestiges de ma déification: son sang, que j'aspirais au goulot, était le seul substitut à mon ego.

Voilà qu'entrait en scène la harpie, sa rancœur vénéneuse et ses ailes atrophiées : maintenant, il était en vie, lui avançait, lui la regardait.

Circonstance aggravante: sans moi. Mais ce n'était pas sûr encore. N'est ce pas?

Pourtant la harpie n'était qu'une tentative de me sublimer moi, l'Autre et surtout moi, d'un mythe; le vampire l'était aussi: rhacophorus vampyrus, quoique plus proportionnée, ne serait, là encore, qu'un détour trop grand.

Je survivais un temps, mais je m'affaiblissais de jour en jour; comme la grenouille dans une casserole chaude, dont l'eau sifflante va crescendo, lentement, je relâchais mon emprise; je dégringolais dans un océan de silences.

Quand je me suis réveillée, j'étais encore morte, et il était parti.

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