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Chapitre 3

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Jace

Je regardai l'heure pour la énième fois : 04h37. Je détestais dormir dans la même pièce que quelqu'un d'autre, c'était plus fort que moi. Afin de rester éveillé, je repris l'écriture dans mon carnet. Je passais mon temps à juxtaposer des mots qui n'avaient rien à faire ensemble, mais cela révélait une certaine beauté dans la manière dont l'être humain a ce pouvoir de les mettre ensemble. Je me rendais bien compte que cela ne faisait aucun sens, mais peu importait, cela m'occupait.

En entendant un soupir venant de l'autre lit, je tournai la tête en direction de la fille. Il fallait avouer qu'elle était assez particulière, dans le sens où elle ne me sautait pas dessus comme toutes les autres filles, au contraire elle me repoussait. Et pour tout dire, cela me dérangeait de ne pas savoir pourquoi. Enfin, elle m'avait sorti le coup de mon arrogance, mais j'étais sûr qu'il y avait plus à l'histoire.

Je ne m'attendais pas du tout à avoir un colocataire après tout ce qui s'était passé l'année précédente. J'avais dû changer de colocataires cinq fois. Je ne m'entendais avec aucune des personnes qui avaient été assignées à la même chambre que moi et j'avais demandé à être seul cette année, mais il s'était avéré qu'il y avait eu plus de résidents que prévu et donc tout le monde s'était retrouvé à avoir un colocataire.

Je commençais à fermer les yeux et à sombrer dans un sommeil profond, étant beaucoup trop fatigué pour que ma fatigue ne puisse lutter le fait que je n'aime pas dormir dans la même pièce que quelqu'un quand j'entendis un cri, suivi de violents sanglots. En me retournant, je vis qu'elle semblait se débattre de quelque chose, ou plutôt de quelqu'un. Après quelques secondes à espérer qu'elle s'arrête, je me levai et décidai de la réveiller pour mettre fin à son cauchemar. En m'approchant de son visage, je vis qu'il était plissé, ses sourcils étaient froncés et ses lèvres serrées.

Je la secouai violemment sachant qu'elle ne se réveillerait pas d'une simple tape à l'épaule. Ses yeux s'ouvrirent subitement la seconde qui suivit, révélant un regard terrifié. Je m'aperçus qu'elle revint à la réalité seulement lorsqu'elle cligna des yeux et se mit à regarder autour d'elle.

À cet instant-là, je m'étais rendu compte que je n'avais jusque-là pas remarqué à quel point son visage était joli. Ses lèvres étaient magnifiquement dessinées. Elle ne m'avait à priori pas remarqué jusqu'au moment où elle écarquilla les yeux, ne devant pas s'attendre à se réveiller d'un cauchemar avec mon visage à quelques centimètres du sien.

Ruby

Je n'arrivais pas à me débattre, j'essayais de toutes mes forces, mais ce fut un échec total. J'essayais d'enlever le scotch collé à ma bouche, mais je n'y arrivais tout simplement pas.

Tout à coup, je sentis quelqu'un me secouer violemment. Lorsque j'ouvris les yeux, je vis que j'étais dans ma nouvelle chambre universitaire. Je restais déconnectée quelque temps jusqu'à que je reprenne mes esprits. Ce fut à ce moment-là que je me rendis compte que quelqu'un me tenait par l'épaule.

Jace.

Il me regardait de près et je ne sais pas si c'était moi qui avais vu flou, mais je crus apercevoir de la pitié. M'apercevant que des larmes ruisselaient le long de mes joues, je les essuyai rapidement avec la manche de mon haut. Il me regarda alors avec hésitation et finit par se rallonger dans son lit. Je déglutis péniblement avant de lui demander si j'avais fait du bruit.

« Oui, me répondit-il d'une voix dépourvue d'émotions.

— Désolée alors.

— Tant que t'es sûre de ne plus me réveiller la nuit avec des hurlements comme ça, ça me va. »

Je fus bouche bée. Je venais de passer un mauvais moment à revoir des scènes de mon passé et ce garçon ne trouvait rien de mieux à dire.

« Tu penses sérieusement que je contrôle tout cela ? haussai-je d'un ton.

— Va voir un psy si c'est pas le cas.

— T'es vraiment un gros con pour parler sans savoir, lui dis-je sèchement.

— Peut-être, mais évite de me réveiller à cause de ça à l'avenir.

— C'est vraiment incroyable à quel point tu es sot, lui dis-je avant de me lever et de prendre un manteau, mes écouteurs, mon portable et la clé de la chambre. »

J'enfilai mes chaussures à grande vitesse tandis qu'il me demandait où je comptais aller. Je ne pris même pas le temps de lui répondre et sortis de la chambre en prenant soin de claquer la porte. Comme si je n'étais pas déjà assez déboussolée, il se sentait obligé d'être méchant, je trouvais ça cruel étant donné les circonstances.

Je me dirigeai donc dehors et me mis à marcher sous la lumière jaunâtre des lampadaires. Je fus surprise de voir que je n'étais pas la seule dehors ; il y avait trois groupes de personnes de mon âge à l'entrée du campus : deux étaient assis sur l'herbe tandis qu'un groupe se dirigeait vers l'entrée du bâtiment. Certains avaient à priori trop bu, à la vue de leur démarche.

« Salut poulette, s'approcha un jeune homme de moi. »

Il n'avait pas l'air très méchant à vrai dire. Avant même que je ne pus lui répondre, un de ses amis lui donna un petit coup de coude.

« Gros, laisse-la tranquille, rit-il. Désolée, il est toujours comme ça avec les filles, me dit-il alors.

— Oh non, ce n'est rien, ris-je. Passez une bonne nuit.

— Merci, toi aussi, dirent-ils en guise de réponse avant de s'éloigner. »

Je continuais ma marche dans la lumière bleutée émise par la pleine lune après avoir enfoncé mes écouteurs dans mes oreilles. J'eus le temps de découvrir les ruelles et magasins aux alentours de mon logement durant deux bonnes heures avant de me décider à rentrer dans ma chambre. Les deux groupes qui étaient assis au début de ma promenade étaient à ma plus grande surprise toujours là.

Je fus encore plus surprise de voir Jace éveillé à mon arrivée. Il était allongé sur le lit en train de rédiger quelque chose sur un carnet. Il semblait si absorbé par l'écriture qu'il ne remarqua ma présence que lorsque je claquai la porte afin d'attirer son attention. Il fit alors tomber son carnet et se releva rapidement. Une fois retourné, il me demanda ce que j'avais fait dehors.

« Ce ne sont en aucun cas tes oignons à ce que je sache, lui dis-je en enlevant mon manteau ainsi que mes chaussures.

— Si, étant donné que tu déranges mon sommeil à faire des cauchemars, à sortir et à rentrer à n'importe quelle heure. Si c'est comme ça, je vais demander à changer de chambre dès demain alors.

— Vas-y, parce qu'honnêtement, je me vois mal passer l'année avec toi, m'installai-je dans mon lit. »

Je l'entendais se tortiller dans son lit, mais je préférais tout de même rester dos à lui. Sentant le sommeil prendre possession de mon corps, je fermai les yeux avec un soupir de soulagement après cette nuit assez... agitée.

Le Coloc [Publié avec Eden Editions]Where stories live. Discover now