Chapitre 9.

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-Moroimomo!
La pauvre lycéenne de Kaijo fit un bond de la chaise où elle était assise.
Kasamatsu se tenait face à elle, les deux mains appuyés sur son bureau.
-Tu vas mieux?
La tête que Moroimomo afficha suite à la demande de son ami voulait clairement dire qu'elle se demandait si il se fichait d'elle.
Il leva les mains de deux côtés de sa tête en signe de soumission.
Elle soupira longuement.
-Merci, mais je vais bien.
-Tu es sûre?
Elle lui lança un fantastique regard noir auquel il répondit en s'enfuyant.
Elle rit en le voyant partir et déposa sa tête sur la paume de sa main, souriant discrètement, heureuse de l'intérêt qu'il lui portait.
Elle réfléchit à ce qu'elle avait à faire en ce jour.
La première semaine de vie commune allait bientôt se terminer, étant donné que c'était déjà le vendredi.
Cela faisait aussi cinq jours qu'ils dormaient ensemble et qu'aucun d'eux n'avait finit à terre.
Moroimomo qui attendait maintenant sagement le professeur, tout en repensant au déroulement de son séjour, commença à se balancer sur sa chaise, s'ennuyant un peu.
Sans prévenir, Kasamatsu se jeta sur elle une nouvelle fois et l'enlaça.
Elle rit en le voyant faire, tandis qu'il rougissait a vu d'œil.
Ce qui lui aurai parut vraiment bizarre en début de semaine lui semblait maintenant normal.
Ce genre de choses étaient devenues normales depuis que Kasamatsu l'avait surprise en pleine dépression dans son couloir, suite à l'appel qu'elle avait passé avec sa mère.
Ne sachant que faire, il n'avait vu qu'une seule solution: la prendre dans ses bras.
Ce geste simple et maladroit avait réussit à rendre le sourire à la pauvre jeune fille qui s' était sentie incroyablement seule sur l'instant.
Elle avait alors tout expliqué à Kasamatsu.
Absolument tout.
En partant du fait que ses parents vivaient à l'autre bout du pays, en passant par le fait qu'elle vivait seule depuis le collège, d'abord dans un internat puis dans un appartement, et sans oublier le fait qu'elle se sentait incroyablement pitoyable de ne pas avoir un contact régulier avec ses parents et qu'elle compenssait en travaillant d'arrache pied.
Satoru était alors apparut, voyant les larmes que la grande laissaient couler et lui avait transmis toute son affection dans un immense câlin.
De quoi lui remonter encore plus le moral.
Et depuis, personne n'était revenu sur les événements, pas même elle.
Seuls Luka, Eiichi et Kaiji étaient venus la voir pour prendre des nouvelles, ayant sûrement été informés par Satoru.
Toute cette affection lui avait fait chaud au cœur.

Les paroles calmes et posées de Kasamatsu, qui s'était assis face à elle, la ramenèrent sur terre, comme si un seau d'eau froide lui avait, précotioneusement, été jeté à la figure.
-Tu as été seule au collège, à partir de la fin de la première année?
Elle planta son regard dans celui de son ami, qui était incroyablement sérieux.
-Pas par ta faute, mais durant un certain oui. Je me suis trouvé de superbes amis ensuite.
Le regard empli de culpabilité de Kasamatsu força Moroimomo à lui signaler une nouvelle fois que ce n'était pas de sa faute.
-Je suis désolé.
Même après lui avoir dit qu'il n'y était pour rien, Kasamatsu insista.
-Je... Je crois que j'ai toujours eu un complexe d'infériorité par rapport à toi. Et ce dès le début...
La lycéenne dévisagea le capitaine de l'équipe de basket, ahurie.
Mais qu'est-ce qui, chez elle, pouvait rendre quelqu'un dans une situation d'infériorité?
-Tu étais à peine arrivée, et, tu attirai tout les regards. Et puis, sans travailler, tu as étais à mon niveau. Tu savais que je travaillais chaque soir jusqu'à vingt-trois heures, au minimum, en espérant réussir à te dépasser au moins une fois?
Toute la surprise que Moroimomo ressentait était retransmise en direct sur son visage.
-C'était de l'admiration pure et totale que j'avais pour toi, cela me pourrissait la vie. Le pire, c'est que je t'adorai, en même temps tu étais une sorte de modèle pour moi... Pourtant, vers le deuxième trimestre j'ai commencé à être froid avec toi. Simplement par jalousie... Mais tu es restée fidèle à toi-même, toujours aussi gentille avec tout le monde. Même si tu restais toujours seule...
Moroimomo réfléchissait à une réplique à sortir, inlassablement, mais, rien, absolument rien, ne lui venait.
-Tu aimais la solitude? Non, certainement pas. Alors pourquoi restais-tu seule? Toujours! Cela devait être invivable, non?
À chaque question, la comptable du club secouant négativement la tête.
-C'était invivable. Je le savais. Mais je n'ai rien fait. Si tu savais comme je suis désolé pouf ça!
Le levé de ton du jeune homme surpris Moroimomo qui sursauta, se reprenant bien vite cependant.
À l'heure qu'il était, la plupart des élèves étaient en train de manger dans la cour, ou simplement de discuter.
Ils étaient complètement seuls dans cette salle.
-Et, c'est au troisième trimestre que j'ai pris la pire décision de ma vie. Sûrement la plus dure aussi. J'ai décidé de faire en sorte de sortir cet objectif de te battre de ma tête, d'oublier tout ce qui touchait à ta personne, y compris toi. Et comme le désespoir m'a envahit quand j'ai vu que tu étais dans ma classe l'année suivante. Et comme un cycle répétitif, j'ai taché de t'oublier une nouvelle fois, jusqu'à la dernière année. Pendant quatre longues années...
Aucuns des deux n'avait jamais été aussi concentré.
-J'ai appris que nous allions dans le même lycée uniquement lorsque je t'ai vue à la rentrée des classes. Tu semblait complètement perdue, et, quelque part, j'étais revenu à notre première rentrée des classes communes, quatre ans plus tôt. Mais cette année là, tu n'as pas été dans ma classe. Tu ne l'as plus été jusqu'à cette année...
Le souffle court, Moroimomo fixait toujours Kasamatsu droit dans les yeux, attendant qu'il finissent de vider son sac.
-C'est en voyant Kise comme je l'avais été en début de collège que je me suis rendu compte de mon erreur...
Il avait finit. Enfin presque...
-Je t'ai vu, je t'ai vu, ce jour-là, complètement désespérée parce que tu quittais le collège, complètement désespérée par e que tu perdais tes amis, complètement désespérée parce que tu ne savais rien de ton avenir et complètement désespérée parce que tu avais peur. Et une fois de plus, je n'ai rien fais.
Cette fois-ci il avait finit et, en voyant ses épaules se détendre, Moroimomo comprit qu'il était enfin soulagé d'un poif qu'il portait depuis bien trop longtemps.
-Je suis loin d'être mieux, trancha-t-elle violemment, faisant ainsi la transition sur ce qu'elle avait à dire.

High TripWhere stories live. Discover now