Chapitre n°10 - On peut violer les lois sans enlever la culotte

228 30 21
                                    


Mardi 9 Mai 2017, Cancún

     Le cœur lourd, j'avance à pas feutrés en direction du centre-ville. Je ne sais pas pourquoi je le fais, mais ce qui est sûr, c'est que cela n'aboutira à rien de bon.
Il ne me reste plus que quelques mètres avant d'arriver à mon but. Mon cœur s'emballe lorsque j'aperçois son nom sur la boîte aux lettres : BOYD MARVYN, réécrit par dessus un gribouillis de stylo noir.
Je respire à pleins poumons et inspecte la maison dans laquelle je n'ai pas mit les pieds depuis des années. Celle-ci a bien changé durant tout ce temps. La façade est sale, presque moisit, le petit portillon qui mène à la porte d'entrée est cassé, la boîte aux lettres est de travers et de hautes herbes jaunes envahissent le jardin. J'ose pousser le portillon qui émet un grincement de film d'horreur, puis entre dans la propriété. Je remarque que quelques fenêtres sont cassées, et qu'il n'y a pas une once de lumière à l'intérieur. Je toque à la porte qui s'ouvre toute seule au premier coup, alors je me permets d'entrer. Je pousse le bois qui grince doucement pendant quelques longues secondes, et ravale difficilement ma salive :

« Marvyn ? j'interroge.

- Je suis là jolie cœur, j'arrive ! prononce t-il du haut de l'escalier. »

Ce dernier est d'ailleurs couvert de saleté, le bois de la rampe a moisit et lorsque Marvyn descend, le plancher grince sous ses pieds. Le concerné saute la dernière marche et se plante devant moi avant d'embrasser ma joue. Il me sourit.

« Je suis content que tu sois là, ma douce, me dit-il sereinement. »

Je hoche la tête, mimant un mince sourire, puis il m'amène dans une autre pièce, qui autrefois était le salon. Là aussi tout a changé. La tapisserie est mutilée, s'arrache du mur, seul un vieux canapé délavé et déchiré trône la pièce, alors qu'un écran télé est posé sur le sol et relié à tout un tas de fils qui, eux ressortent par la fenêtre. Je m'approche de celle-ci et remarque que l'électricité provient des voisins, par l'intermédiaire de plusieurs manipulations et connexions filaires. Les mains froides de Marvyn viennent subitement se poser sur mes épaules, me faisant sursauter de peur. Je me fige en frémissant. Mes poils se hérissent, la peur m'envahit. Je me tourne alors qu'il me propose de m'installer sur le canapé. Je m'exécute et m'assois sans broncher. Il me dit de ne pas bouger, qu'il revient très vite, et lorsqu'il réapparaît, c'est avec deux verres remplis d'un jus que je ne distingue pas très bien, la lumière me manquant. Je le remercie et il avale le sien d'une traite. Je souris puis il m'incite à le boire également, alors que je le fais. Il sourit à son tour et me relève, m'amenant dans une autre pièce. Le soleil presque couché, la maison est entièrement sombre. Cela me fait froid dans le dos.

Une fois dans, ce que je catégoriserais de cuisine, il me fait m'asseoir sur une chaise autour d'une petite table ronde presque intacte, sur laquelle sont dispersés bougies et couverts.

« J'ai pensé qu'une petite soirée romantique aux chandelles, te ferais plaisir, dit-il en embrassant mes épaules dénudées. »

Je frémis à l'entente de ses mots. Une vague de dégoût m'envahit. Il avance ma chaise afin que je sois bien installée et prend un sac en papier marron. Il plonge sa main dans ce dernier et en sort deux boîtes de nouilles chinoises, suivit d'un plateau de sushis. Une remontée gastrique s'offre à moi. Je déteste la cuisine chinoise.
Il me sert, tout sourire, et s'installe face à moi. Il sort les baguettes et ouvre sa boîte avant de commencer à manger. Je le regarde avec peine, ayant peur qu'il me reproche de ne pas manger, puis il relève la tête.

« Tu ne manges pas ? me demande t-il, les sourcils froncés.

- Je... Je n'ai pas faim, je réponds sans trouver autre excuse.

❝𝐀bîmée❞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant