3 - Chapitre

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✉️ Depuis quand
t'es gay ?

📨 Je suis pan
depuis toujours.

✉️ Mais tu t'en es
rendu compte
quand ?

📨 Anatole, t'es
lourde !

✉️ Je pèse moins
que toi.

📨 Cool.

          Voilà maintenant dix minutes que nous sommes dans le jardin à boire l'apéro. Je suis dans mon coin avec ma sœur et les enfants, celle-ci ne cesse de m'envoyer des messages car, je cite « Les enfants n'ont pas besoin de nous entendre. »

          Le soleil couchant peut être vraiment beau, mais je n'ai même pas le temps de l'apercevoir car Anatole ne me laisse pas de répits.

✉️ Tu comptes le
dire aux parents
quand ?

📨 Ils le savent
déjà.

✉️ Ils en ont pas
l'air.

📨 Ils font les
aveugles.

✉️ Pourquoi ?

📨 Ils ne
c

omprennent
pas.

✉️ Pourquoi ?

📨 Ils ne se
renseignent
pas.

✉️ Pourquoi ?

📨 Ils croient que
ça n'existe pas,
que c'est une
phase.


✉️ Pourquoi ?

📨 Bon, Anatole,
t'es lourde là !

✉️ Oups. ;)

🍴

« -Et toi, Adjil, t'en penses quoi ? M'interroge Justine, avalant une bouchée de saumon aux tomates.

- Bof, autant Baudelaire écrivait peut-être bien, autant j'ai à peine lu le premier poème des fleurs du mal que j'avais déjà changé de livre.

- Ton analyse est vraiment pertinente ! Rit Thomas.

- Doucement, chaton, le réprimande Emilie. »

          Je hausse les épaules ; je n'ai que faire de ses remarques, d'autant que je sais très bien qu'il fait ça pour me pousser à parler comme je le faisais avant. Fidèle à mon plan, je ne dirai rien.

          La soirée se conclut enfin : chacun rentre chez soi après nous avoir salués. Je vais à l'étage, prends un boxer propre et pars me laver pour ensuite me coucher.

          Mon sous-vêtement enfilé, je me brosse les dents et entre dans ma chambre. Mon projet du soir est actuellement de dormir, mais ma sœur ne semble pas de cet avis : en effet, elle est actuellement assise en position d'indien sur mon lit, les bras croisés contre son buste. Elle me lance ce regard méfiant qui en dit long sur le temps que je vais mettre avant de pouvoir m'assoupir.

           Je réprime un énième grognement, de désespoir cette fois, et ferme la porte derrière moi avant de m'installer à ses côtés.

« - Qu'est-ce qu'il se passe ? Demandé-je.

- Je ne suis pas contente.

- Oui, ça j'ai remarqué. Ma question est : pourquoi ?

- Tu ne m'as pas parlé de ton orientation !

- Ressens-tu le besoin de savoir ça ?

-Bien sûr ! Non seulement par curiosité, mais aussi parce que tu es mon frère !

- Écoute, Anatole, dis-je après avoir lâché un soupir. Je ne savais pas que ça te tenait autant à cœur. Je suis désolé.

- En plus... Boude-t-elle, ses mots ne voulant pas sortir.

- Oui ?

- Je crois que je le suis aussi, murmure-t-elle.

- Qu... Quoi ? M'écrié-je presque, manquant de m'étouffer avec ma salive.

- Tu m'as très bien entendue, rétorque-t-elle, gonflant ses joues devenues rouges.

- Pourquoi tu crois ça ?

- Ben... Y a cette fille qui me plaît, mais des garçons le peuvent aussi et le genre n'y change rien. Je m'attache à la personne, pas au genre. En fait, je n'attribue pas vraiment de genre aux gens dans ma tête.

- Je vois.

- Vraiment ?!

- Bien sûr, ris-je. Mais dis-moi, comment te genre-tu, toi ? Histoire que nous soyons fixés sur nous.

- Je ne me genre pas vraiment, ça dépend des moments, à vrai dire... Et toi ?

- Au masculin, jusqu'à présent.

- D'accord ! S'exclame-t-elle, enthousiaste. Merci de m'avoir écoutée sans te moquer, ajoute la brune en me serrant dans ses bras.

- Ce n'est rien, ne t'en fais pas, conclus-je en répondant à son étreinte. »

           Elle se redresse puis se lève, m'offrant un beau sourire avant de me souhaiter bonne nuit et de sortir. Ce fut bien plus rapide et surprenant que je ne le pensais, remarqué-je avant d'enfin me coucher.

AdjilWhere stories live. Discover now