41 - Chapitre

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          Nous sommes le matin, Sully remue un peu contre moi, me serrant légèrement plus fort, et je souris. Quel ça me fait, d'enfin le retrouver, lui, cet amant que je croyais perdu, sans qui je me sentais mourir tellement plus vite, n'ayant plus envie de vivre, créant cette impression dans mon esprit, qu'il est ma raison d'exister, et si c'est le  cas, il n'y en a pas de meilleure. Je lui caresse les cheveux, y mêlant les doigts d'une main afin de lui faire des papouilles, et il soupire d'aise, ses lèvres s'étirant en un léger sourire. Ses paupières s'écartent, ses pupilles apparaissent doucement, et nous nous regardons quelques secondes, souriant, profitant de cet instant précieux, puis je me lève, suivi de peu par lui, et je vais me préparer, pour qu'il puisse y aller aussi.


« - Eh, pourquoi on irait aujourd'hui ? Je veux pas te lâcher, moi, boude mon cadet, m'entourant de ses deux bras et déposant la tête sur mon épaule alors que je suis sur le point de partir.

- Alors viens en lettre, j'ai un TD* aujourd'hui.

- Mais non ! Je suis bien en art, avec Sinaï, et puis j'aime ça, râle-t-il.

- Alors comble le manque de moi avec elle, le taquiné-je.

- Seulement, il y a des choses que seul toi peut combler, me susurre-t-il au creux de l'oreille avant d'en mordiller le lobe.

- Alors, oui, ris-je un peu trop vite, voulant masquer le frisson provoqué, mais tu as aussi des amis hommes, comme le décoloré, pour ça ! »


          Je m'arrête de rire lorsque je vois ses yeux s'écarquiller et le rouge lui monter aux joues. Qu'est-ce que-quoi ? Ses yeux se mettent à briller, et je crois même avoir insulté jusqu'à ses aïeux, priant mentalement pour que ce soit une vaste farce.


« - Ne me dis pas que ...


(silence, il se pince la lèvre)


- Oh... (plusieurs secondes passent) Je... Tu... Ah, je... Je vois, il ... Tu... Euh... Tu l'aimes ?


(silence, il secoue la tête, une larme roule le long de sa joue)


- Ok, je... Non, ne pleure pas, s'il te plaît, c'est rien. Enfin, je, je veux dire, ne t'en fais, ce... ça va aller, d'accord ? C'est rien, ça ira, ok ? répété-je plusieurs fis, le prenant dans mes bras alors qu'il commence une crise de larmes.


- Tu... Tu vas m-me détester, maint-maintenant ? Est-ce que t-tu vas me, me ha-, me, me haïr ? Est-ce que, est-ce que tu vas p-partir ? T-tu vas m-me laisser tom-tomber, c-comme l'imbé, l'imbé, l'imbécile que je suis ? Pa-parce q-que, tu sais, je comp, je comprendrais, je-je crois que, que je ferais la mê- la même cho-chose, et... Et je, et je m'en veux, et je t'ai-t'aime, et je sais, je sais pas ce qu'il s'est, ce qu'il s'est pa-pa-passé, bégaie-t-il, pris de soubresauts, ne cessant de pleurer.


- Eh, calme-toi, d'accord ? Ne t'en veux pas, j'ai été idiot, et méchant avec toi, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, le rassuré-je d'une voix que j'espère douce. Je ne partirais pas, et je t'aime, tu es l'être le plus formidable que je connaisse, alors ne te hais pas, s'il te plaît. Tu as le droit, d'être désespéré, bourré, ou que sais-je. J'ai été un véritable connard avec toi, et lui t'a probablement réconforté mieux que personne, c'est une chose courante, peut-être même naturelle. Je n'ai pas le droit de t'en vouloir pour ça, et je ne t'en veux pas. De plus, nous n'étions même plus ensemble, alors qu'aurais-je à dire ? Tu as le droit de coucher avec qui tu veux. »


          Il me serre fortement contre lui, se calmant peu à peu, et je suis rassuré lorsqu'il cesse de pleurer, mais je prends tout de même une décision, que je lui énonce d'ailleurs aussitôt. « Tant pis, pour ce fichu CM*, j'aurais des notes. Je préfère veiller sur toi, plutôt que d'y aller. »


❤️️


* TD = Travail Dirigé (bon, c'est un cours, mais il s'appelle TD, donc [je ne finirais pas cette phrase])

* CM = Cours magistral.

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