Adjil

15 - Chapitre

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          Adjil reprend lentement connaissance, ses sens s'éveillant peu à peu, il trouve le canapé incroyablement vivant et la maison plutôt morte, puis il prend conscience des bras qui le serrent, des restes d'eau salée lui irritant la peau, que ce soit dans le cou ou sur les joues. Aurait-il pleuré ? Non, si ? Il lève lentement la tête et aperçoit le bel ange endormi. « Sully est donc toujours en vie, et semble en santé : je me suis inquiété pour rien », cette pensée suffit à le rassurer instantanément alors qu'il effleure la joue de ce doux être du bout des doigts; elle est irritée. Serait-ce lui qui a versé ces diamants ardents ? Adjil n'ose pas lui demander, ou le réveiller, parce que même dans cet état d'enfant malade, la vue de Sully est incroyablement douce, mais alors, quand il dort ! Quoi de plus tendre, si cela ne concerne pas ce cher jeune homme ?

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          Alors que son doux ami s'éveille lentement, Adjil est déjà devant lui, ayant prévu une aspirine, une bassine et un plateau déjeuner pour le plus jeune. Il l'observe, un sourire bienveillant collé sur le bout des lèvres et Sully ouvre à peine les yeux qu'il rougit, se cachant légèrement sous la petite couverture. Ses joues s'empourprent un peu plus en entendant le petit rire de son ami -quel merveilleux son...

          Il ose se montrer à nouveau après plusieurs minutes et constate que le plus vieux est toujours là, des yeux noyés d'étoiles lui permettant de voir son cadet alors que son sourire est aussi léger -beau oserait-il, qu'un papillon. Sully le remercie, avale l'aspirine et mange son déjeuner, ne cessant de complimenter son ami, ce dernier riant un peu tout en se frottant la nuque, de gêne.

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« - Au fait, maintenant que nous sommes pleinement éveillés, je voulais te dire...

- Oui ?

- Je regrette, pour hier. Je m'en veux vraiment  de ne pas t'avoir donné de nouvelles et je... murmure le plus jeune, surprenant Adjil de par le fait de braver sa fierté ainsi.

- Ce n'est rien Sully, vraiment. Ne te force pas à le dire. Tu ne pensais pas à mal et je m'inquiète toujours pour rien. »

          « Surtout quand il s'agit de toi », pense-t-il, mais jamais il n'oserait l'exprimer à voix haute, bien sûr. Adjil est ainsi : il ne partage pas ses sentiments ou très très rarement, et jamais au sujet de ses amis, aussi proches soient-ils. Ils savent qu'il les apprécie sincèrement, mais ils n'en savent pas plus, ni à quel point. Peut-être est-ce par fierté, par orgueil ou par peur, il ne sait pas. Il est juste bloqué là-dedans ; et très -trop peut-être ? introverti. C'est un oxymore vivant, et lui-même ne se comprend pas.

          Sully prend son ami dans ses bras, remarquant pour lui-même que, vraiment, il a de la chance de connaître un gars pareil. Mais au fond, lequel est le plus chanceux ?