4 - Chapitre

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« -Je suis un hunter ! »

          Voilà les premiers mots qu'entend Adjil ce matin, alors qu'une brune débarque dans sa chambre, portant un cosplay presque parfait de Killua.

« -Dégage, Anatole, grogne-t-il.

- Je suis Killua.

-Alors dégage, Killua.

-Jamais ! Pas avant que tu n'aies répondu à ma question, en tout cas. »

          Le brun sort enfin la tête de son oreiller et regarde sa sœur avant d'écarquiller les yeux une demi-seconde pour ensuite éclater de rire, rendant celle-ci aussi rouge de honte que vexée.

« -Tes... Tes cheveux ! Pouffe-t-il.

-Oui, bon... Tu peux rattraper ça ou pas ?! S'énerve-t-elle.

-Ah non mais, là, c'est fini ! On peut plus rien faire pour eux, les pauvres ! Paix à leur â... »

          Il n'a pas le temps de finir que sa sœur lui a déjà lancé un livre sur la tête. 

« - Arrête de te moquer, réponds-moi... »

          Il se redresse alors, retrouvant son sérieux.

« -Laisse-moi le temps de me préparer, je vais voir ce que je peux faire. »

          Le plus vieux commence alors à partir, mais la cadette le retient par la manche. Il se retourne alors pour la trouver, regardant ses pieds, les joues de nouveau empourprées.

« -Dis, t-tu pourrais... Ne pas en parler aux parents, s'il te plaît ? Ils ne savent pas encore...

-Bien sûr, acquiesce-t-il, lui offrant un sourire bienveillant. »

          La demoiselle à la coupe ratée lui saute dans les bras, le remerciant mille fois tandis que lui, répond que ce n'est rien avant de vraiment partir.

          Anatole est soulagée : en effet, elle est allée chez le coiffeur en cachette pendant la matinée. Une femme l'a accueillie chaleureusement, mais elle n'a rien compris à la coupe garçonne pourtant simple que la jeune fille voulait. La non-binaire se retrouve donc avec une coupe complètement ratée : un côté est plus long que l'autre, bien que tout de même affreusement court, ses cheveux ne sont pas de la même longueur où que ce soit, et les détails sont passés. Savoir que son frère pourrait peut-être l'aider la rend de meilleure humeur : elle l'a déjà vu rattraper ses propres coiffures, maintes et maintes fois, il y arrive toujours très bien.

💇‍

          Cela fait désormais 30 mn que le jeune homme s'affaire à rattraper cette horreur. Sa sœur est installée sur un tabouret réglable, au milieu de sa chambre fermée à clé. En fond, de la musique l'aide à se concentrer pendant qu'il peigne, calcule, coupe, désépaissit, nettoie, humidifie pour, après une heure de travail, enlever le drap posé sur Anatole afin de la protéger. Il prend un miroir qu'il accroche sur le mur devant sa « cliente » et en sort un deuxième afin de lui montrer chaque recoin du résultat. La plus jeune sourit de toutes ses dents. « C'est parfait ! » s'écrie-t-elle. Le brun, quelque peu gêné, dit que ce n'est rien, tout en se frottant la nuque, alors que la brune insiste.

👪

          Nous sommes dans ma chambre, préparant un plan d'attaque pour le repas de ce soir : Anatole -qui aimerait autant se faire appeler Anicé- aimerait faire une espèce de double coming-out.

« À table ! » hurle ma mère depuis le rez-de-chaussée. Nous nous jetons un regard avant de descendre. J'entre dans la salle à manger et dévisage mes parents tour à tour, tandis que ma sœur attend, cachée dans le couloir.

« - Quoi ? S'impatiente mon père après quelques minutes.

- Ça fait un an que je vous en ai parlé, deux que je le sais et ce soir, je vous le rappelle : je sais que j'ai été adopté, dis-je avec un air de défi. »

          C'est alors qu'ils éclatent de rire, soulagés : ces laps de temps sont également ceux de ma prise de conscience et de l'annonce de ma pansexualité.

          Avant qu'ils ne reprennent leur sérieux, Anicé entre, tout en s'écriant « Je suis bel et bien le frère pansexuel de mon frère pansexuel ! » Je lui lance un clin d'œil avant d'ajouter « À la différence près que tu ne rattrape pas les dégâts du coiffeur toi-même ». Il pouffe et nos parents n'émettent plus le moindre son.

          C'est lorsque nous tournons la tête vers eux que j'aperçois leur expression ; au-delà de la surprise, ils sont choqués. « Adjil, tu veux bien aller chercher du vin à la cave, s'il te plaît ? » Demande mon père. Je fronce les sourcils, ne m'étant pas attendu à cela, puis je m'attelle à la tâche.

           Alors que j'arrive dans la cave, j'entends des cris étouffés de panique par ma mère, et de sanglots par mon frère. J'attrape la bouteille et cours dans la pièce où ils se trouvent.

AdjilWhere stories live. Discover now