Ne nous touchez pas.

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Pdv Hyeon (encore)

J'étais dans une voiture. Le conducteur était silencieux et me regardait pleurer sur la banquette arrière.
Il me prenait pour une folle.
Je répétais encore et encore ce prénom qui m'était cher.

Quand la voiture se stoppe enfin, il ouvre la portière et je me rappelle avoir ouvert l'autre pour sortir sans passer devant lui.
Une dame vient vers moi et je recule légèrement.
Elle se présente et je n'ai pas écouté. Je regardais le mètre qui nous séparait, ma peur m'ordonnait de fuir loin de ces personnes.
Elle me prend la main et commence à me tirer vers un bâtiment. Je hurle, me débat et la frappe pour qu'elle la lâche. Elle en fut choquée.
L'homme m'ayant conduit ici lui explique en coréen.
Moi, je comprends rien mais je m'en fiche. Je remets en place ces quelques mètres de protection.
La dame se retourne vers moi avec un drôle de sourire. Pas ceux qui nous donnent froid dans le dos, non. Ceux qui plissent légèrement les yeux et où on voit quelques gouttes d'eau sur les bordures de l'œil. Les sourires de pitié.
Elle me fait signe de la suivre et je le fais. À quoi bon fuir ? Je ne sais même pas où je suis alors allé rejoindre mon frère, ça ne sert à rien.

Et c'est ainsi que j'ai passé une année de ma nouvelle vie. Seule, à apprendre avec cette dame le coréen et avec l'autre sorcière les autres matières.
Je suis restée seule, sans ami. Le corps vide car on m'avait séparé du seul être qui me comprenait et que je comprenais.
Pourquoi qu'une année ? Parce que lui aussi, est sorti de cet hôpital, lui aussi est venu dans un orphelinat et lui aussi est venu dans cet orphelinat.

Oui, j'ai gravé ce moment-là dans ma mémoire.

-Hyeon, on a une surprise pour toi.
Je me tourne vers elle et regarde cette grande dame qui me fait tellement peur.
Je la suis. Elle m'emmène devant une voiture. Je regarde le monsieur qui sort et ouvre une portière.
Un garçon sort et s'éloigne directement de l'homme, comme si le simple fait de l'approcher allait le tuer.
Puis, il tourne la tête face à moi...
Mes yeux brillent et les siens pétillent. On se fonce littéralement dessus et il me prend dans ses bras.
-oppa !!
Il me caresse la tête et moi je lui pleur dans le creux de l'épaule.
Il avait les genoux au sol et moi j'étais debout.
Quand il se relève, je vois qu'il a grossi, que ces cernes l'ont abandonné et que son sourire de prince est encore plus beau qu'avant.
-tu es encore plus beau qu'avant !
Il rit. Il avait désormais quatorze ans et moi cinq ans. Enfin, environs.

La dame s'est approchée de Jin et lui a sourit. Lui, il a repris un visage neutre.
- enchanté Seok. J'espère que vous allez trouver une famille comme pour cette jeune fille !
Et là...il me serre la main et la regarde droit dans les yeux.
- ma seule famille est Hyeon. Ça ne changera pas.
Il passe à côté d'elle et me tire avec lui. Je le suis et on entre dans le bâtiment me servant de "maison".

Je le conduis à ma chambre et il y pose son petit sac qu'il portait depuis le début sur son dos.
Il en sort des vêtements et les ranges dans mon placard.
- ça ne te dérange pas qu'on soit dans la même chambre ?
- bah non.. au contraire ! Je vais pouvoir te faire des câlins et des moustaches durant ton sommeil !
Il rit, encore. Puis se tourne vers moi après avoir refermé la porte du grand placard.
- pour les câlins,quand je suis réveillé c'est mieux mais pour les moustaches... si j'en ai je te ferais de la barbe !
- ah bah... alors je te ferais un dada !
Il rit encore plus.
- je te ferais... un chien !
- ouaiiiii ! Je vais chercher un stylo! Toi va dormir !

Et j'étais parti comme une furie de la chambre alors que Jin, riait choqué de ma réaction.
J'étais descendu avec le sourire et j'entendais une discussion dans la cuisine. Je me stoppe et écoute. Je comprenais que quelque bribe. C'était du coréen mais j'ai compris que le sujet était Jin et moi.
J'avais compris: il est comme Hyeon. Il a peur des adultes.
Puis j'ouvre la porte et ouvre un tiroir, prend ce dont j'ai besoin et me tourne vers eux.
- nous touchez pas. On veux pas que vous nous donnez le méchant.
-le méchant ?
- vous les grands vous êtes méchants. Moi et Jin on est gentil. Alors nous touchez pas.

L'homme avec qui discutait la dame se lève.
- gamine. Nous ne sommes pas tous mauvais. Elle ne t'as jamais fait de mal elle.
Me dit-il en pointant la patronne de l'orphelinat.
Je regarde la dame et retourne sur l'homme.
- pas encore.
Dis-je avant de repartir vers mon frère.
J'ouvre doucement la porte,sans un bruit. Pensant qu'il dormirait comme je lui avais dit de faire.
Mais il était assis sur le lit en regardant par la fenêtre.
Il tremblait.
-.... p...pourquoi ça me reviens ?...
Il place ses bras autour de lui, cherchant de la chaleur. Et je comprends. Je comprends que son passé le tourmentait encore. Qu'il se rappelait de tout ces moments de malheur. Car oui, ça m'arrivait, mais durant mon sommeil et dès que je me réveillais, je ne me souvenais de rien. J'avais juste froid,je pleurais et je sentais toutes mes anciennes blessures me refaire souffrir alors que je n'avais plus rien, sauf des cicatrices.
Je monte sur le lit et le prends dans mes bras. Tout son corps se tend alors je lui dis:
-j'ai prévenu les méchants qu'ils ne devaient pas nous toucher. Ne t'inquiète pas Oppa. On ne risque plus rien !

Et alors, son corps se détend et il continue de verser ses larmes en silence.

Juste Une Autre Vie...Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz