Chapitre 3

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  Pierre entra dans le chalet. La route avait été longue et compliquée. La neige n'avait pas cessé de tomber depuis la veille et les routes commençaient déjà à être impraticables. Finalement, ne pas réussir à dormir avait des points positifs. Il se hâta de ramener un maximum de bûches, rangées à l'extérieur, dans son salon et d'aller faire un feu pour réchauffer le chalet. Une fois qu'il fut réchauffé, il s'éloigna du feu et regarda le sapin de Noël, fidèle à son poste depuis cinq ans. C'était un faux sapin que Pierre avait choisit cinq ans plus tôt. Avec sa femme, ils avaient prévu de le décorer mais ils n'en avaient pas eu le temps. L'homme était venu alors qu'ils étaient tranquillement en train de profiter de leur congé de Noël et tout avait basculé. Sa femme avait été enlevée puis assassinée et Pierre s'était retrouvé seul dans son chalet, avec son sapin ...

Il secoua la tête et se détourna. Il fit le tour du chalet pour vérifier que tout était en place. Il regarda les deux chambres, la salle de bain, la cuisine puis revint dans le salon-salle à manger. Rien n'avait changé ... depuis cinq ans. Finalement, venir ici lui faisait beaucoup de mal et il le savait. Mais à chaque fois il revenait parce que c'était le dernier endroit où il avait pu embrasser sa femme, lui parler ...

Il se rendit dans la cuisine, prit une bière dans le frigo et revint s'installer près du feu. Il regarda les flammes danser, les larmes aux yeux et but une gorgée. Puis, petit à petit, les souvenirs affluèrent et il craqua. Pour la première fois depuis un an, il s'autorisa de nouveau à pleurer la mort de sa femme et de sa fille. Il vida rapidement sa bière, s'installa sur le canapé et finit par trouver le sommeil, épuisé par ses insomnies, son chagrin et ses larmes.

Il fut réveillé trois heures plus tard, par un énorme bruit qui venait de dehors. Immédiatement, il se crispa et se redressa. Il posa sa main à sa ceinture mais il avait laissé son arme dans sa voiture, trop heureux d'arriver enfin pour y penser. Il grimaça et décida de sortir pour voir ce qu'il se passait. Il ne put s'empêcher de penser à l'homme qui avait assassiné sa femme. Il était normalement en prison mais c'était aussi ce qu'il pensait la dernière fois ...

Pierre sortit prudemment du chalet et gagna sa voiture. Il se sentit mieux lorsque sa main se referma sur son arme à feu. Il avança alors doucement et fit le tour du chalet mais il ne vit personne. Il neigeait toujours abondamment et il devait y avoir bien cinquante centimètres de plus au sol, si bien que les pieds de Pierre s'enfonçaient dedans. Soudain, il repéra quelque chose au loin, une masse étrange enfoncée dans la neige. Il se rapprocha malgré la neige qui le gênait et finit par reconnaître une voiture. Elle était probablement sortie de la route qui se trouvait un peu plus au-dessus. Elle avait du dévaler la pente à toute allure et avait fini par s'enfoncer dans la neige.

Il s'approcha encore. Il avait beau aimer la solitude et être méfiant, il se devait d'aller vérifier à l'intérieur de la voiture. Lorsqu'il arriva enfin à son niveau, il se remercia d'avoir été professionnel. Une jeune femme se trouvait derrière le volant de la voiture accidentée. Elle était inconsciente et son front saignait abondamment.

Pierre jura et commença à dégager la voiture pour pouvoir ouvrir la portière. Il mit bien vingt minutes avant de pouvoir arriver à ses fins. La jeune femme n'avait toujours pas ouvert les yeux. Il tendit les bras vers elle et sursauta lorsqu'il toucha sa peau. Elle était glacée. Son temps était sans aucun doute compté à partir de maintenant. Pierre la tira doucement jusqu'à lui et la prit dans ses bras. Il retourna le plus rapidement possible jusqu'à son chalet et posa l'inconnue sur son canapé qu'il rapprocha du feu. Puis il se précipita dans l'une des chambres pour revenir avec une couverture et la couvrir. Il devait absolument la réchauffer.

Il lui frotta le corps pendant plusieurs minutes avant d'aller dans la salle de bain pour récupérer la trousse de secours. Il désinfecta la plaie, heureusement ce n'était pas une blessure importante, puis lui banda la tête. Il attendit encore une heure, qu'elle se réchauffe bien auprès du feu puis la porta de nouveau pour la mettre dans l'un des lits, bien plus confortable que le canapé miteux du salon. Il la couvrit avec plusieurs couvertures puis quitta la chambre.

Il ne savait pas trop quoi penser de cette jeune femme. Elle avait sûrement eu un accident, les routes étaient dangereuses à l'approche de Noël. Mais pourquoi juste à côté de chez lui alors que son chalet était pourtant très éloigné pour s'assurer que personne ne le trouve. Pourquoi l'avait-il emmenée jusqu'à son chalet alors qu'il aurait aussi bien pu la conduire jusqu'à l'hôpital le plus proche ? Il n'avait pas réfléchi, il s'était contenté d'agir et maintenant, il y avait une jeune inconnue qui dormait dans la chambre d'amis du chalet ...

* * * * * * * * * *

Axelle ouvrit doucement les yeux. Comme chaque matin, elle s'étira et bailla un grand coup. Puis elle se redressa et une douleur insoutenable se réveilla au niveau de son crâne. Immédiatement, elle retomba dans le lit et porta la main à son front. Il était bandé. Une vague de panique la submergea. Sa respiration s'emballa, son cœur se serra, sa vision devint flou et tout son corps se mit à trembler. Elle eut un mal fou à retrouver son calme. Lorsque ce fut le cas, elle examina la pièce dans laquelle elle venait de se réveiller.

Elle se trouvait dans une chambre. Les murs, le plafond, le sol, tout était en bois, en passant par l'armoire en face d'elle et le lit dans lequel elle se trouvait. Elle était recouverte par plusieurs couvertures bordeaux très douces assorties aux rideaux épais qui recouvraient la fenêtre. C'était assez confortable et joli, mais une chose était sûre, elle ne connaissait absolument pas cette chambre. Elle dut vraiment se contenir pour ne pas paniquer de nouveau.

Soudain, elle repéra un cadre photo au mur. Elle quitta très lentement le lit et tituba jusqu'au mur. Dans le cadre, elle vit la photo d'un homme serrant contre lui une femme enceinte. La femme était souriante et faisait une future maman magnifique. Elle avait de longs cheveux blonds et de magnifiques yeux bleus. Son visage était pâle et fin. Elle avait tout d'un ange. L'homme était plus grand qu'elle, assez costaud, brun au yeux verts. Il portait une légère barbe qui cachait en partie son sourire ravi. Ils faisaient vraiment un très beau couple.

Elle se sentit rassurée. Si ce chalet appartenait à ces gens, elle était presque certaine de ne rien craindre. Malgré cela, quelque chose d'autre l'inquiétait. Elle ne savait pas du tout comment elle était arrivée ici. Elle avait beau essayer de se souvenir de ce qu'elle avait fait la veille, elle n'y arrivait pas. Quand elle tenta de se repérer grâce à son travail, elle ne réussit pas non plus à se rappeler de ce qu'elle faisait dans la vie. Tout ce qu'il savait, c'est qu'elle s'appelait Axelle et qu'elle avait dix-neuf ans.  

Hello DecemberWhere stories live. Discover now