Chapitre 6

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  Axelle ouvrit doucement les yeux. Elle se sentait bien, reposée. Elle avait dormi comme un bébé. Comme chaque matin, elle bailla un grand coup, sans aucune gêne, puis étira ses bras. Soudain, sa main buta contre un corps, couché dans le lit, à côté d'elle. Elle sursauta et cette situation lui rappela quelque chose.

Au même moment, à ses côtés, Pierre se réveilla. Il battit des paupières plusieurs fois avant d'ouvrir vraiment les yeux et de se rendre compte de la présence de la jeune femme qu'il avait recueilli, juste à côté de lui dans le lit. Elle s'était assise au bord du lit et le regardait avec de grands yeux. Pierre se sentit rougir en se rappelant qu'ils avaient bu une tisane ensemble, la veille au soir, et qu'ils avaient sûrement dû s'endormir tous les deux avant qu'il n'ait eu le temps de quitter la chambre pour rejoindre la sienne.

- Je suis désolé ... » Commença Pierre avec gêne.
Mais Axelle le coupa précipitamment.
- Je me rappelle de quelque chose ! » S'exclama-t-elle avec joie.
Un sourire éblouissant illumina son visage et Pierre faillit presque lui sourire en retour. Mais il se contint et resta sérieux.
- De quoi vous vous rappelez ? » Questionna-t-il simplement.
Axelle gigota dans le lit, visiblement ravie.
- Ce n'est pas la première fois que je me réveille et que je suis surprise de retrouver un homme dans mon lit. Ça m'est arrivée, il n'y a pas très longtemps. J'étais allée en boite de nuit avec une amie et le lendemain matin, je m'étais réveillée dans le lit d'un homme que je ne connaissais pas et j'avais réussi à m'enfuir sans faire de bruit !
- Alors vous êtes ce genre de femme là. » Remarqua seulement Pierre en quittant le lit.
- Pardon ? Qu'est-ce que vous sous-entendez au juste ? » Répliqua-t-elle avec agacement.
- Je n'ai rien sous-entendu du tout, tout ce que j'ai dit était très clair et vous avez bien compris. » Marmonna Pierre avec indifférence en marchant jusqu'à la porte.
- Vous ne me connaissez pas, vous n'avez pas le droit de me juger. Et puis j'ai vingt-deux ans, je suis grande, je fais ce que je veux et je couche avec qui je veux ! D'accord, c'est sûrement pas le meilleur souvenir que je puisse avoir, tout du moins je l'espère, mais je me souviens de quelque chose et j'en suis heureuse. Vous auriez pu tout simplement vous réjouir pour moi ! » Débita Axelle en sautant du lit pour se planter devant lui.
- Je ne suis pas du genre à m'excuser, alors pas la peine d'attendre quoique ce soit. » Termina Pierre avec froideur avant de passer la porte.
- Je préfère coucher avec tout le monde que n'aimer personne ! » Hurla-t-elle avant qu'il ne claque la porte derrière lui.

Elle bouillonnait de rage. Sa bonne nuit, sa joie de retrouver une parcelle de mémoire, tous ces points positifs étaient maintenant noyés sous la colère. Elle en voulait à cet homme, froid, sans cœur et idiot. Et en même temps, elle s'en voulait d'avoir prononcé cette dernière phrase, pleine de sous-entendus, à un homme qui souffrait autant. Malgré tout, elle décida de ne pas s'excuser, puisque Pierre ne comptait pas le faire.

Elle ne quitta pas sa chambre de la matinée. Elle avait conscience que bouder à vingt-deux ans paraissait vraiment stupide mais après tout, dans sa tête, elle en avait seulement dix-neuf et puis, elle ne voulait pas voir Pierre. Elle préférait ne pas manger, rester enfermée dans la même chambre durant plusieurs jours s'il le fallait, plutôt que de devoir parler de nouveau à cet homme insupportable qu'elle avait voulu aider l'espace d'un instant.

Axelle finit par somnoler, puisqu'elle n'avait rien d'autre à faire. Le bruit de la porte qui s'ouvre la sortit de ses rêveries. Pierre se tenait sur le pas de la porte, silencieux. Il l'observa quelques instants et Axelle se sentit gênée par ce regard si différent qu'il posait sur elle. Puis, enfin, il prit la parole.

- Venez. » Dit-il seulement en repartant dans le couloir.

Axelle croisa les bras sur sa poitrine et décida de ne pas le suivre. Elle ne changerait pas d'avis, elle ne lui adresserait plus la parole !

Quelques secondes plus tard, Axelle se tenait à l'entrée du salon. Pierre l'attendait, debout à côté du sapin. Tout autour de lui, des cartons jonchaient le sol. Ils étaient remplis de guirlandes, de boules et de pleins d'autres petites décorations de Noël adorables. Axelle le regarda en fronçant les sourcils.

- Vous aviez raison. Nous sommes le 25 décembre aujourd'hui et ce sapin devrait être décoré comme il se doit. Est-ce que vous acceptez de m'aider ? » Questionna Pierre avec un ... un sourire !

Axelle n'en revenait pas. Pierre était devant elle, venait de lui dire qu'elle avait raison, était prêt à décorer son sapin de Noël avec elle et lui souriait. Elle ne pouvait pas résister. Elle lui rendit son sourire et s'approcha.

- Par quoi on commence ? » Questionna-t-elle à son tour avec joie.
- A vous l'honneur, si ce sapin revit, c'est grâce à vous. » Murmura Pierre près de son oreille.

Axelle frissonna et choisit rapidement une guirlande rouge pour se détourner de lui et cacher ses joues rouges. Ils décorèrent le sapin ensemble, dans la bonne humeur, des musiques de Noël en fond sonore. Ils se poussèrent, se chamaillèrent et finirent par se tutoyer, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Puis Axelle se mit au fourneau, pour préparer autre chose que des pâtes. Même si dans ses derniers souvenirs elle n'avait que dix-neuf, elle savait déjà cuisiner plus de choses que Pierre. Il l'aida comme il put et ils mangèrent ensemble à côté du sapin qui brillait de mille feux, qui brillait comme jamais, qui revivait, tout comme Pierre, pour la première fois depuis cinq longues années.  

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