(Benjamin)Je ne sais plus du tout quel jour nous sommes. J'ai dû avaler de la nourriture liquide. Et maintenant, j'ai besoin. Non pitié, pas cela. Je vais te le faire payer.
- Arrêtez. Stop.
- Chut ! Ben, je vais te détacher.
- Les toilettes, s'il vous plaît...
- Oui, mon garçon. C'est fini.
- J'ai perdu ?
- Non. Viens. Doucement.
Il m'a détaché. Soutenu jusqu'aux toilettes. Comme pour ma vessie, j'ai pleuré quand je me suis soulagé. Mais pas de rage. Je n'ai plus la force pour cela.
Il a gagné, il m'a brisé.
Tout mon corps réagit, je ne contrôle plus rien. Je sanglote comme un bébé, mon corps tremble.- C'est normal, Ben. Dylan a eu le même genre de réaction. La fatigue, le relâchement après la tension.
- Il est satisfait, je suppose ? Il a confirmation que je ne suis pas digne de son intérêt ?
- C'est si important pour toi ? Qu'il s'intéresse à toi ?
- Je ne sais pas. Il ne l'a jamais fait. J'ai toujours été transparent pour lui.
- N'est-ce pas mieux que des coups ?
- Je ne sais pas non plus. Je ne connais que des propos cinglants et des regards méprisants. Une claque m'aurait peut être plu ? Mais ...
- Lève-toi. On y va.
- Il va se passer quoi maintenant ? Il va me foutre dehors ?
- Pour l'instant, je t'emmène te restaurer, puis te reposer.
- Et lui, je le verrais ? Ou il a définitivement rayé mon existence de sa vie ?
Pourquoi tu m'aides ? Ou peut- être que tu lui obéis juste !- Non. C'est fini. Je ne lui obéis plus. Tu es en sécurité.
- Je ne compte plus. Il ne faut pas le laisser s'en prendre à Dylan.
- Pas de danger. Dylan est hors de danger. Je t'expliquerai plus tard. Il va falloir me faire confiance. Y arriveras-tu ?
- C'est encore un de ses jeux ? Me demande-t-il d'une voix lasse.
- Non. Y arriveras- tu, Ben ?
- Je sais pas pourquoi mais oui. Je suis fatigué.
- Tu vas te reposer, je te le promets.
***
Il tient à peine sur ses jambes. Il a craqué au bout de deux jours. Dylan a flanché au bout de cinq heures. Le noir complet est une épreuve quasi-insoutenable pour lui.
Nils m'a contacté hier. Il est d'accord pour stopper leur père. Il a juste besoin de quelques jours.
Benjamin n'aurait pas tenu plus longtemps. Je l'ai exfiltré. Le remplacer par quelqu'un d'autre n'était pas difficile. Et sans risque, le père ne veux jamais le voir, quand il est ici. Cela m'arrange. Benjamin a besoin de se reposer.Il a changé. Tant que Dylan était là, il avait un but. Attirer le mépris de son père sur lui.
Le plus drôle, c'est que de son côté, Dylan faisait tout son possible pour attiser la colère de son père.Ils réussissaient très bien chacun de leur côté.
Seulement, au départ de Dylan, Benjamin s'est retrouvé seul face à son père. Son mépris, il le connaissait. Ses colères, son agressivité l'ont terrifié.
Mais toujours pour protéger son frère, il a tout gardé pour lui. Pour éviter un retour de Dylan.
Puis, au fûr et à mesure, je l' ai vu s'endurcir. Tenir tête à son père. Il fallait que j'agisse. Nils me connaît, il m'a embauché pour être au courant de tout. Pour protéger Dylan. J'ai décidé de protéger les deux enfants. Contre leur père.***
Lisbeth est tendue. Non c'est au delà de ça. Elle ne dort plus, arrive à manger mais son corps rejette toute nourriture. Alors, Nils et moi, lui donnons à manger toutes les heures.
La boite de sa messagerie vient d'annoncer un e-mail.
Elle tremble.— Ticoeur. C'est le moment. Ouvre- le.
— Cinq minutes.
Elle respire doucement. Hier, elle a laissé un message d'alerte. Et voici la réponse. Je suis impressionné par le système de protection mis en place. Elle devait se connecter tous les quatres jours. S'il y avait un souci du côté de son bourreau, elle aurait l'info. Pas de nouvelles de sa part déclenche une alerte.
Elle a pris sa chaise et ouvre le mail.
" Appelle le 07.32.34.21.12. Fais sonner trois fois. Coupe. Et recommence dans cinq minutes."
— Prudent, le gars !
— Oui. Fais- le s'il te plaît, Dylan. Je tremble de trop.
— D'accord.
On a fait exactement ce que disait le mail. Il y a presque une heure. Et ...rien. Lisbeth est dans mes bras. Nils a arrêté de faire des aller-retours.
Le portable de celle-ci vient de sonner : Appel inconnu.
— Oui ?
— Lisbeth ? Pourquoi es-tu en Grèce ? Dit une voix d'homme.
— Comment le savez-vous ?
— C'est Prescott qui t'aide ?
— ???
—Tu vois à quel point c'est facile, Lisbeth. En une heure. Dis-moi ce qui se passe.
— Prescott au téléphone, dis-je en prenant le téléphone. Il faut qu'on se rencontre.
— Je n'aime pas les ordres, Prescott. Est-ce qu'elle va bien ?
— Pas trop non. Elle a très peur.
— Bien vu la Grèce. Mais cela ne suffira pas.
— On a besoin d'infos. Pour le stopper une fois pour toute.
— Seul ton père aurait cette possibilité, Prescott !
— C'est l'idée. Vous avez l'air d'être bien informé.
— Toujours sur les gens auprès d'elle. Je vais venir. Il est loin encore. Elle reste dans la maison. Hors de la vue. Donne lui des œufs. Et de l'eau.
— Comment on se retrouve ?
— Je vous retrouve. Je suis déjà en route. Passe- moi Beth.
— Tu viens ? Lui demande-t-elle, étonnée.
— Bien sûr. Tu as besoin de moi. Je te l'ai promis. Il faut manger. Des petites bouchées. Souvent. A bientôt. Écoute-le. Ne fais pas ta maligne.
Il a raccroché et elle ne bouge pas, comme paralysée.
— Ticoeur. Viens-là.
— C'est lui. Il va m'aider.
— Oui. Je suis impatient de lui serrer la main. Il sait tout.
— Tu as peur ?
— Non. Il aurait voulu nous faire du mal, ça serait fait depuis longtemps.
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Libre
General Fiction25 ans et libre de ses mouvements. Joueur de poker plutôt doué - en tout cas suffisamment pour lui donner la possibilité de pouvoir vivre à l'endroit où il veut le temps qu'il veut. Des attaches ? Il n'en veut pas. Des rencontres ? Pourquoi pas ; m...