Après avoir discuté avec Al et Bob, eux aussi très satisfait de notre rapprochement, Lisbeth a pris conscience de l'affection sincère de nos compagnons.
Elle semble encore un peu intimidée, mais me laisse l'enlacer ou lui prendre la main.— Lisbeth ? Tu m'entends ?
— Excuse- moi Al, j'étais dans les nuages.
— J'ai vu ça, oui. J'attends ton feu vert. C'est toi qui décide. Je l'appelle. Je lui explique la situation. Si tu veux intervenir, tu me fait juste un signe et tu y vas.
— Et s'il réagit mal en m'entendant? Qu'il raccroche et disparaisse à jamais ?
— Cela voudra seulement dire que c'est un connard. Alors ? On y va ?
— On y va, confirme-t-elle.
Je suis assis sur le plan de travail. Elle s'approche de moi. Et d'un mouvement naturel, elle se glisse entre mes jambes. Je lui encercle la taille et pose sa tête contre moi. Elle tourne la tête vers moi et me sourit.
— C'est moi, déclare Al.
—Je sais que c'est vous. J'avais fixé une règle stricte, et vous ne la respectez pas, réplique Trenor, d'une voix autoritaire.
— Je sais. Vous aviez la possibilité de ne pas décrocher.
— Ce n'est pas faux. J'ai supposé que c'était important.
— C'est le cas. On a repéré Sastus. Il y a juste un problème relativement important.
— Expliquez !
— Si je l'intercepte, je fais quoi après ? Il va être peu coopératif, à mon avis.
— Demandez au père de Prescott. Il a les hommes, les lieux et sûrement l'habitude.
Je sens Lisbeth se crisper. Je la comprends. Il a la voix dure, sûr de lui, arrogant. Je croirais entendre mon cher père. Je la serre plus fort et je pose mes lèvres sur sa joue.
— Nous y avons pensé, mais nous ne sommes pas très confiants. Après tout, Prescott a déjà monnayé ses services. Il est donc peu fiable !!
— Ne dites pas n'importe quoi ! Moi aussi j'ai fait appel à ses services. C'est relativement courant dans le monde des affaires !
— Et cela ne vous dérange pas que ce même homme est séquestré votre sœur ? précisé-je, sarcastique.
— Demi-soeur, précise-t-il. Et je ne le savais pas.
— Vous saviez qu'il lui arrivait d'enlever des gens ?
— Bien sûr ! Pour faire pression ! Je ne vais pas me voiler la face. Je ne savais pas qui c'était, sinon j'aurai réagit plutôt.
Lisbeth a pris ma main et la serre. Elle a le visage fermé et pleure. Elle passe d'un geste brusque son autre main pour essuyer ses yeux. Et elle fait un signe à Al. Oups.
— A quel moment, vous auriez réagi ? Quand il me tapait ? Ou quand il décidait de m'affamer ?
— Je ne savais pas que vous étiez là, Lisbeth ? Comment allez vous ?
— Très bien. Je vais dès demain matin me rendre en ville et je vais raconter ma triste petite histoire. En revoir très cher.
Et elle sort de la pièce. J'adore cette femme. Nils, Benjamin et Bob sont tous morts de rire. Seul Al reste de marbre. Je décide de suivre Lisbeth.
— Lisbeth, écoutez moi, demande Trenor.
— Elle est partie, souligne Al d'une voix monocorde.
— Vous devez régler ça. Elle ne doit pas faire cela. Vous imaginez les conséquences, panique-t-il.
— Je crois sérieusement qu'elle n'en a rien à faire. Et je me demande si je ne pense pas pareil. Je vous rappelle.
****
— Mon coeur ? Attend-moi.
— Je dois aller prendre l'air, Dylan. S'il te plaît.
— Je t'accompagne.
— J'ai été ridicule, hein ?
— Non. Tu as été tout simplement incroyable. Tu lui as cloué le bec. Il va avoir si peur qu'il va te manger dans la main.
— Voilà pourquoi j'ai été ridicule. Je ne veux rien de lui.
— Je sais. Mais il va quand même négocier.
— Pour neutraliser Sastus ! Donc, il cache quelque chose. C'est ça ?
— Je pense qu'il serait judicieux de nous occuper de Sastus nous même. Je voudrais juste entendre ce qu'il a à dire, déclare Bob qui nous a rejoint.
— Bob. Tu disais que c'était risqué.
— Je n'ai pas changé d'avis. Mais j'ai la quasi certitude que ton frère et Prescott ont surtout envie de le faire disparaître. Tu en penses quoi, Dylan ?
— A peu près pareil. Mais on a aucun droit à l'erreur. Car lui n'hésitera pas un seul instant. Lisbeth ?
— Je veux savoir qui et pourquoi. Après, je pourrais peut être essayer d'oublier.
— D'accord. Tu devras obéir. C'est la seule exigence que j'ai. Tu dois être en complète sécurité, sinon je ne fais rien.
—J'obéirais. Si je dois rester enfermée, je le ferais. J'ai tenu toutes ces années. Je veux savoir.
— Tu es une sacrée petite bonne femme. Al et moi allons nous occuper de ce mec. J'ai pris une grosse claque, petite. Tu as mouché ton frère. Et ça, crois moi c'était fantastique.
— Je n'en sais rien, Bob. Et est-ce que tu peux éviter de dire qu'il est mon frère? Je préférerai.
— Sans soucis.
Elle est là, immobile. Les yeux encore brillants mais de rage cette fois. Elle se tourne vers moi, et se serre contre moi.
— Je suis là, mon coeur.
— Je sais. Pourquoi ? Je ne sais même pas à quoi il ressemble ?
— Certaines personnes sont tout simplement malsaines. Sans raison. Mais c'est encore plus plaisant de les déstabiliser. C'est ce que tu viens de faire. Avec brio. On va continuer. Viens, on rentre.
— D'accord.
A l' intérieur, Nils, Al et Bob étaient en train de mettre en place le plan pour capturer mon ancien ravisseur.
Je savais que je serai à l'abri. Mais, au fond de moi, l'angoisse était bien là. Prête à surgir. Et à tout balayer. Car je savais que si jamais, par malheur, il m'atteignait une fois de plus, je ne combattrai plus.
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Libre
General Fiction25 ans et libre de ses mouvements. Joueur de poker plutôt doué - en tout cas suffisamment pour lui donner la possibilité de pouvoir vivre à l'endroit où il veut le temps qu'il veut. Des attaches ? Il n'en veut pas. Des rencontres ? Pourquoi pas ; m...