Les ombres des jardins

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Les doigts dans les rosiers se piquent aux épines,
De la réalité ; et les roses se taisent,
La nuit, dans les jardins, nos ombres se dessinent,
Et caressent les fleurs endormies dans leur aise.
Parfois, la rose s'ouvre : alors, du bout des doigts,
On goûte son parfum, sa chaire et sa fraîcheur,
Ah ! Jeune pousse aux fins pétales en émoi,
Laisse moi admirer ta splendide candeur !
Mais, bien souvent, la rose se fane aussitôt,
Et enferme en son cœur les larmes et les pleurs,
Les doigts balayent les pétalesques fardeaux,
Et embrassent la lune pour brûler le malheur.

La rose est fanée et le jardin est terni,
Les yeux sont des fontaines qui ne chantent plus,
Le cœur est un désert, amer, aride, maudit,
La peur a imposé un silence absolu.

Alors on se demande comment on peut vivre,
Avec la peur au cœur et la mort sur les mains,
Après avoir touché la rose, on en est ivre,
On se sent tout-puissant, on se sent souverain,
Mais on n'est plus humain, car on n'est plus vraiment,
On ne fait que passer de jardin en jardin,
On ne veut que retrouver la rose d'antan,
On ne veut que goûter à nouveau son parfum.

Et on brûle ses doigts aux pétales rosés,
On calcine ses yeux aux épines rongées,
On meurt un petit peu lorsque l'on veut aimer,
Et on n'est qu'un dément, démon irraisonné.

Mots de têteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant