Vers 16 heures, je rentre à l'appartement. Comme si ce n'était pas déjà évident, Aaron est affalé dans le canapé et joue à la Playstation. Je pose mon sac à l'entrée et le rejoins.
Je dois lui demander pour ma sortie avec la bande ce soir. Je sais comment faire. Enfin... On va dire ça comme ça.
Voyant que je le fixe silencieusement, il met son jeu en pause. Je m'avance d'un pas et pose mes genoux de chaque côté de ses jambes. J'enroule son cou de mes bras et me serre contre lui. Hésitant, il referme ses bras sur ma taille. J'embrasse le creux de son cou ce qui le fait frémir.
_ Je t'aime, murmuré-je à son oreille.
_ Tu veux combien ?
Grillée.
_ Pourquoi est-ce que tu crois que je voudrais quelque chose ?, demandé-je innocemment.
_ Tu fais une très mauvaise actrice, Camille, rit-il. Aller, qu'est-ce qu'il te faut ?
_ Je veux juste te dire que je t'aime, dis-je mielleusement.
Je pose mes mains sur son torse pour le faire s'allonger. Il se laisse faire facilement. J'embrasse son cou et mordille doucement sa clavicule. Ses mains se posent sur ma taille tandis que je commence à onduler mes hanches contre lui. L'une de mes mains passe sous son t-shirt et frôle ses abdos qui se contractent instantanément. Il ferme les yeux et se respiration se fait courte. Une bosse prend forme sous son jogging. Je souris en constatant que c'est toujours aussi facile de réveiller la fameuse bête. Mes doigts saisissent l'élastique de son caleçon et s'apprêtent à passer en dessous de celui-ci mais il m'arrête en attrapant mon poignet. Je lève les yeux vers lui, perplexe.
_ C'est pas que tu ne m'excites pas mais je sais que tu fais ça pour de mauvaises raisons. Alors dis-moi ce que tu veux, maintenant.
Je baisse les yeux, démasquée. Autant être directe maintenant.
_ Les filles veulent que j'aille à une soirée avec elles ce soir.
Comme je m'y attendais, son visage se referme et il laisse glisser ses bras le long de mon corps.
_ C'est non, tranche-t-il.
_ Pourquoi ?, m'offusqué-je.
_ Parce que.
_ Pourquoi ?
_ Camille, grogne-t-il.
_ Mais pourquoi ?
Il se relève brusquement, me repoussant au passage.
_ C'est mort. Y'aura des mecs. C'est mort.
_ Il y a des mecs partout ! Je prends l'ascenseur, il y a des mecs ! Je vais sur le campus, il y a des mecs ! Je vais faire les courses, il y a des mecs ! Tu me fais chier avec ta putain de jalousie ! Je ne peux même pas vivre, tout ça parce que tu es trop possessif. Tu me saoules, merde !
_ Tu vas baisser d'un ton. Tu parles pas à ton chien là, d'accord ? Si je dis non, c'est non. Là-bas, ce ne sera pas simplement des mecs, ils seront bourrés ou pire donc tu restes ici. Au moins, il ne t'arrivera rien.
_ Ah c'est clair qu'en restant enfermée dans un appartement il risque pas de m'arriver grand-chose.
_ Parle mieux, je t'ai dit.
_ Non, c'est toi qui va mieux me parler ! Arrête de me traiter comme une enfant, merde ! Je suis assez grande pour me débrouiller toute seule. T'es chiant à toujours être sur mon dos.
_ Parfait. Alors, vas-y. Casse-toi. Cette fois-ci, si un mec essaie de te violer, c'est pas la peine de m'appeler. Tu te démerdes.
Ces paroles me blessent. Et il le sait. Il le fait exprès.
_ Ah mais t'inquiète pas je n'allais pas le faire...
On peut être deux à jouer à ce jeu là...
_ J'appellerais Zachary.
Je m'apprête à le contourner mais il m'attrape brusquement les poignets et me plaque violemment contre le mur à côté de lui.
_ T'as dit quoi là ?!
Avant que je n'aie le temps d'ouvrir la bouche, son poing s'abat dans le mur juste à côté de moi. Je sursaute sous le choc. Ses pupilles sont dilatées au point que ses yeux ne soient plus qu'entièrement noirs. Il est furieux. Je me mords l'intérieur de la joue pour ne pas pleurer. C'est la première fois qu'il est aussi violent vis-à-vis de moi. D'habitude, il casse des choses et tape peut-être les murs mais il ne s'en prend pas à moi. Je n'ose plus bouger.
Soudain, son regard s'adoucit.
_ Merde... Camille je...
Il lève la main vers ma tête ce qui me fait fermer les yeux instinctivement. J'attends que la douleur apparaisse mais ce n'est pas le cas. Je finis par ouvrir lentement les yeux.
Ce que je lis dans son regard me fend le cœur. Il est empli de tristesse.
_ Tu... Tu as peur de moi ?
Sa voix est faible. Beaucoup trop faible.
Je ne réponds pas. J'ai envie de pleurer. Mais je me retiens. Sa main lâche lentement mon avant-bras alors qu'il recule d'un pas. J'en profite pour partir dans la chambre.
Je referme la porte et me laisse glisser contre celle-ci. Les larmes coulent sans que je ne le veuille.
J'ai eu peur.
D'Aaron.
Pour la première fois de ma vie, j'ai eu peur de lui. J'ai cru qu'il allait me frapper.
Et s'il l'avait fait ? Il n'aurait pas pu. Je n'y crois pas. Aaron n'est pas violent. Il l'est ? Pas avec moi, en tout cas.
J'entends de la vaisselle se brisait une fois. Puis une autre. Il faudra que j'aille acheter de la vaisselle demain.
Le temps que je me calme, et que lui aussi, Emilie m'a envoyé un message pour savoir à quelle heure elle doit passer me prendre. Je ne sais même pas si je vais à cette fête finalement.
Je me suis disputée avec Aaron et ma dernière envie est de passer la soirée ici. Je lui réponds alors de passer pour 20 heures. Il est déjà 17 heures 30. Je me lève difficilement et pars dans la penderie voir ce que je peux mettre. J'opte pour un jean bleu et un top simple blanc avec un gros collier. J'attache mes cheveux en un chignon et me maquille légèrement.
En allant dans le séjour, Aaron est en train de mettre les bouts de verre à la poubelle. Je ne relève pas le regard qu'il me lance. Il me scrute de la tête aux pieds. Je déteste ça mais je ne dis rien pour ne pas qu'une autre dispute éclate.
Je m'assieds à la table de la salle à manger et sors mon téléphone. Emilie arrive dans une demi-heure. Je pars dans la cuisine me faire un sandwich et le mange rapidement.
Un quart d'heure plus tard, je reçu le fameux message d'Emi'. Je prends mon sac et me tourne lentement vers lui.
_ J'y vais.
_ Tu rentres vers quelle heure ?, me demande-t-il comme si rien ne s'était produit ici.
_ Ne m'attend pas.
Sur ce, je referme la porte et descends retrouver Emilie garée devant l'appartement.
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Coloc avec mon meilleur ennemi
Teen FictionŒuvre sous copyright - Coloc avec mon meilleur ennemi © - 2016-2021 À présent, deux ans se sont écoulés depuis leur rencontre. Les voilà réunis une seconde fois, mais c'est à l'université que notre couple favori se trouvera. Ils vivent paisiblement...