Nuits bleues

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Chapitre 4:

Alors c'est devenu une habitude. Même quand les autres n'organisaient rien, on s'envoyait un rapide message et on se retrouvait. Au bord des fleuves, dans les rues noires, dans les champs humides, au bord des routes. On pétunait et musardait, comme il le disait avec amusement. Musarder, ça voulait dire ne rien faire mais plus joliment. De manière poétique. J'aimais bien ce mot.

On parlait. Il m'apprenait des mots, moi je lui apprenais à se taire, parce qu'il fallait qu'il se calme, quand même.

Je ne me suis jamais dit que j'étais amoureuse de deux personnes à la fois. Je n'avais pas besoin de me mentir pour me déculpabiliser.
Ou culpabiliser encore plus. Je ne sais pas.
Il y en a, des gens qui se mentent à eux-même.
Moi, je ne peux pas. Je suis devenue allergique aux mensonges quand j'ai découvert que toute ma vie en était truffée.

Alors, je le dis sincèrement.

Je ne suis pas amoureuse de Fly.

Je ne l'ai jamais été.

Mais je n'ai aucune excuse si je l'ai embrassé ce soir-là.

On était allongé dans l'herbe. Il m'a souri. Et je ne sais pas ce qui ce qui c'est passé.
J'ai souri aussi.

– Tu as un joli sourire, a-t-il noté. Tu devrais sourire plus souvent.

– Ah, ai-je rétorqué placidement.

Fly, il avait un sourire de travers.

– Tu as les dents du bonheur, a-t-il continué.

J'ai secoué la tête.

– On peut pas dire que ça m'a porté chance jusque là.

Il a haussé les épaules. Je me suis tournée vers lui et je l'ai embrassé. Comme ça. Moi aussi, je me suis étonnée moi même. J'y pensais depuis je ne sais pas combien de temps. Je me disais, allez, maintenant je l'embrasse.
A trois. Un. Deux. Trois.

Mais je le faisais jamais. Et cette fois-ci, aucune préméditation. Mes lèvres se sont posées sur les siennes avec légèreté.

Au début, il a paru aussi surpris que moi. Il y a eu un moment de flottement étrange. C'est comme quand on fait un saut à l'élastique. Il y a un instant, qui semble durer éternellement.
On vient de sauter et là, on flotte.

Puis, on tombe.

Je l'ai embrassé presque par curiosité. Il y avait cette chose, ce vide dans mon coeur, cette pression sur mes poumons, insupportable, invivable, qui m'empêchait de respirer. Des fois, j'avais l'impression d'attendre quelque chose. D'autres, je pensais que c'était du stress. Quoi qu'il en soit, ça ne me quittait jamais. Et j'ai pensé qu'il pourrait changer les choses.
Au final, cette nuit a modifié ma vie.
Mais restait cet abyme dans ma tête qui m'aspirait.

Entretien n°1 :

« - Et donc vous avez couché avec ce jeune homme ?

Je regarde ce vieil homme posé sur cette vieille chaise. Je me redresse sur mon fauteuil.

- Oui.

- Qu'avez-vous ressenti ? me questionne-t-il.

Je fais la grimace.

- J'ai vraiment besoin de vous expliquer ce que je ressens quand je couche avec quelqu'un ? Vous êtes mon psy, pas mon confesseur... je veux dire...C'est gênant.

Il a un petit sourire amusé.

- Héloïse...Qu'avez vous ressenti à l'idée de tromper votre petite amie ?

Je le regarde un instant un peu surprise qu'il mette les choses à plat, comme ça.

- J'ai mis cette pensée dans un coin de ma tête, ai-je rétorqué franchement.. Je fais comme ça avec les problèmes et les remords. Je les met de côté jusqu'à ce que je ne puisse plus les ignorer.

- Et ça a marché ?

Je fais la grimace.

- Non. Cette fois, les remords ne m'ont pas quittés.

Note
Hey ! Je sais que ce chapitre est vraiment court mais je voulais pas rajouter quelque chose car pour moi, ce chapitre finit quelque chose. J'espère qu'il vous a plu ! N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire, ça me ferait plaisir.
Love
BlueCalifornie

Sous extasyWhere stories live. Discover now