Chapitre 15 (Partie 1)

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Calypso

     On dit souvent que la journée du lundi est la pire, parce que c'est le début de la semaine et qu'on doit malheureusement retourner bosser. Moi j'avais toujours trouvé que c'était le vendredi. Avec le lundi, on savait à quoi s'attendre, tandis que le vendredi s'étirait en longueur pour nous faire souffrir, surtout quand on n'avait qu'une envie, c'était d'être en weekend.

     C'est la pensée qui me traversa l'esprit en première heure. Malgré le fait que l'histoire de l'Europe ait toujours étée passionnante, aujourd'hui elle me tapa sur les nerfs. Je notais les noms et les dates en ronchonnant, et faillis hurler de joie quand la sonnerie retentit. Je giclais mes affaires dans mon sac et quittais la classe la première, sous le regard perplexe de la prof. Tant pis.

     À l'angle d'un couloir, je percutais violemment un torse large et aurais dégringolé sur le cul si des mains ne m'avaient retenue.

     _ Coucou ma beauté, s'exclama Eth, tout sourire. Je ne t'ai pas fait mal ?

     Je levai un sourcil inquisiteur. Il en fallait bien plus pour me faire mal. Il afficha un sourire charmé et plongea sur mes lèvres pour obtenir un baiser, ses mains agrippant fermement mes hanches, ce qui m'agaça. Il avait peur que je me barre ?

     _ Tu étais où hier ? On ne t'a vu ni le midi ni à la sortie.

    Oui, j'ai consacré ma journée à sauver un humain innocent et à faire connaissance avec une louve liée à moi. La routine, quoi.

     _ Désolée, j'avais des trucs à faire. Tu ne m'en veux pas ? susurrais-je mielleusement.

     Son regard perdit tout son sérieux, affichant cet appétit propre aux hommes. Ses doigts s'enfoncèrent un peu plus dans la peau de mes hanches, attirant mon corps contre le sien. Le message était si clair qu'il aurait fallu avoir 2 ans pour ne pas comprendre. Un rire s'échappa d'entre mes lèvres.

     _ Je ne pourrais jamais t'en vouloir. Tu as trop d'arguments à ton avantage.

     Il tira vivement mes hanches, me forçant à me cambrer pour ne pas lui tomber dessus. Son visage penché au-dessus du mien prit tout l'espace de mon champ de vision et je me fis la réflexion qu'il appréciait être au-dessus. Le côté dominateur du prédateur dans toute sa splendeur.

     Il se remit à m'embrasser, ses lèvres brûlantes et dures comme du marbre, ce qui était assez paradoxal. J'entrouvris mes lèvres pour qu'elles ne soient pas écrasées contre mes dents, le laissant me montrer toute la force de son désir. Ce qui n'était pas nécessaire. Je pouvais lire dans ses yeux à quel point il me voulait. Il finit par se détacher de moi, me repoussant des deux mains comme s'il n'était pas sûr de se contrôler si je restais trop près.

     _ On est en retard.

     Et effectivement, il avait parfaitement raison. Je toquais à ma salle suivante et me retrouvais nez à nez avec une prof de très mauvaise humeur, qui m'envoya chercher un mot de retard avec une lueur de triomphe dans l'œil. Je n'avais aucune excuse pour être en retard alors que j'avais eu cours avant.

     Je trainais des pieds jusqu'aux bureaux administratifs et découvris devant une silhouette que j'avais percutée peu de temps avant. Eth, appuyé négligemment conte le mur, me détailla avec un sourire à en faire craquer plus d'une.

     _ Décidément, tu ne peux pas te passer de moi !

     Et il m'ouvrit la porte en gentlemen qui se respecte. Nous nous retrouvâmes face à madame Tate, qui pour changer était assise à son bureau, ses petits yeux porcins rivés sur son écran d'ordinateur. Elle nous jeta un regard peu amène, histoire de bien nous faire sentir à quel point nous la dérangions.

HowlingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant