Yes, Mr. Park || chanbaek

Chapitre Neuf

Le jeune homme, le visage profondément enfoncé dans son oreiller, semblait vouloir étouffer. Tout ce que l'extérieur pouvait peut-être entendre, c'était les gémissements plaintifs de celui-ci, qui pleurait de toute son âme. Dans ces moments de remise en question, de lamentation et de nostalgie, rien ne pouvait le calmer, atténuer la douleur infinie de son cœur, excepté une chose. Le salvateur et assassin de tous, celui que personne ne peut atteindre, que l'on aime et haït à la fois, ce luxe dont certains disposent, et d'autres qui ne peuvent pas se le permettre.

Il s'agissait bien du temps. Lorsque le corps du garçon n'eurent plus assez de larmes pour justifier ses sanglots, il dût bien s'arrêter de pleurer.

Taehyung était là, se savait d'une grande inutilité à son cousin, mais il était pour lui hors de question de le laisser à son désespoir même s'il ne pouvait rien faire contre. Dans ces moments-là, rares mais intenses, où Baekhyun se laissait envahir de souvenirs ramenant sa sœur en vie, seul le temps, science inexacte, pouvait calmer sa douleur. Parfois cela prenait quelques heures, recroquevillé sur son lit défait, il se lamentait d'être celui des deux qui a survécu. Il demandait au Ciel pourquoi, étant celui de constitution la plus fragile, avait-il été assez résistant pour se tirer vivant d'un choc pareil. Une collision à cent trente kilomètres à l'heure ne devrait laisser aucun survivant pourtant. Sa vie était déjà un supplice, et le ciel a eu la cruauté non seulement de la lui laisser, mais également de lui retirer les seuls êtres chers à son cœur.

Un jour, Taehyung a laissé échapper cette phrase, parvenue jusqu'aux tréfonds de Baekhyun. Elle n'était pas intentionnelle, mais finalement résumait bien sa pensée, et puis il a constaté un changement chez son cousin. Infime, mais progressif, il changeait à peine plus chaque jour, mais c'était déjà considérable pour une obsession trop ancrée dans ses veines. Et ces quelques mots en ont été le déclenchement, pour sûr.

C'était de ça il y a presque deux ans, lors de sa dernière crise de tristesse, assis sur le sol, dans le bric à brac que lui-même avait causé, fou de rage, ayant tout brisé puis envoyé par terre. Ses yeux cernés grands ouverts, noirs mais vides d'émotion, contrastant avec sa peau plus blanche que cadavérique. Ses vêtements maculés de son propre sang, sortant de ses mains ou de ses pieds au contact du tranchant des objets qu'il a lui-même envoyé valser.
Cela avait duré plus d'une semaine, la plus longue qu'il n'aie jamais traversée depuis le décès de Taeyeon.
Taehyung avait laissé faire les premiers jours, se disant que son cousin finirait par se calmer par lui-même, et expliquait brèvement aux voisins se plaignant fréquemment du vacarme que Baekhyun produisait, s'inquiétant parfois de son état en entendant les innombrables sons d'objets explosant.

Un soir en rentrant du travail, Taehyung trouva la vieille voisine dans l'appartement et plus précisément devant la porte de la chambre de Baekhyun de laquelle s'échappait des cris déchirants. Elle avait un enfant en bas âge pleurant silencieusement dans ses bras, effrayé tandis qu'elle frappait sur la porte. Taehyung lui promit d'arranger cela, même s'il savait que sa promesse ne pourrait jamais être tenue, et força la serrure une fois la vieille sortie, la détruit pour être honnête. Après avoir donné quelques calmants à Baekhyun haletant dans les miettes d'objets brisés, lui ouvrant la peau au moindre mouvement, il pansa ses plaies, nettoya son sang, retira parfois quelques débris enfoncés dans sa peau, celui-ci n'ayant plus la force d'aller contre l'homme d'à peine vingt-deux ans. Il s'était endormi comme ça, assis, dans les bras de Taehyung, exténué, juste pour quelques dizaines de minutes. À son réveil, il eût envie de pleurer, mais n'avait plus assez de larmes pour cela.

Et ce fût à ce moment précis que Taehyung lui murmura doucement ces mots.

"Elle n'aurait pas voulu que tu vives dans le regret Baekhyun"