Chapitre 35

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"Le comté du bois"

La nuit commençait à s'installer lorsque les trois voyageurs arrivèrent aux portes de comté du bois. Celui-ci portait bien son nom car il y avait aux alentours des arbres à perte de vue. Le village se composait d'une vingtaine de petites maisons. Toutes identiques et recouvertes de neige. Elles étaient en pierre avec un toit en chaume, laissant apparaître le conduit de cheminée qui crachait de la fumée. Peut-être que les habitants de ce petit village accepteraient d'héberger Rubis, Octave, ainsi que leur ami Vaillant. Le regard de la princesse s'attarda sur deux jeunes enfants qui se lançaient des boules de neiges, et elle esquissa un léger sourire.

— Tu ne t'en rappelles pas, n'est-ce pas ? Lui demanda son frère.

La jeune femme lui lança un regard désolé. Puis le prince se baissa et forma une petite boule de neige qu'il tassa bien avant de la jeter sur sa sœur. Rubis fût d'abord surprise, mais ensuite elle fit de même et demanda aux enfants de se joindre à eux dans cette bataille de boules de neige. La neige volait dans tous les sens, les rires ainsi que les sourires étaient présent sur tous les visages, y compris sur celui du nain Vaillant qui s'était joint à la bataille. Les enfants devinrent de plus en plus nombreux. Tandis que certains parents s'étaient attroupés sur le palier de leur modeste demeure afin d'observer ce qu'il se passait à l'extérieur.

Pour signer la fin de la bataille, un homme d'environ une quarantaine d'années, sortit de la plus grande maison. Les parents s'écartèrent afin de le laisser passer. Il portait un long manteau de fourrure qui le protégeait du froid et de la neige qui s'était remis à tomber. L'expression de son visage imposait l'air stoïque qu'il dégageait. Arrivé à hauteur d'Octave il prit la parole :

— Bienvenue dans mon comté !

— Nous sommes... Le prince fut interrompu par l'homme.

— Je sais qui vous êtes, et ce que vous voulez. Inutile de cacher ta sœur derrière toi.

— ...

— Ne le regarde pas comme ça. Tu sais aussi bien que moi que je ne peux pas la tuer même si je le voulais. Reprit l'homme.

— Exacte. Acquiesça Octave. Donc pouvons-nous coucher chez vous cette nuit ?

— Bien sûr, vous êtes mes invités. Suivez-moi !

— Pourquoi ne peut-il pas me tuer ? Chuchota Rubis à l'intention de son frère.

— Tu n'as pas encore dix-huit ans, c'est l'un des avantages d'être un elfe.

Le jeune homme prit sa sœur par la main. Tandis que Vaillant les suivait l'œil attentif aux gestes de tout le monde. Puis ils pénétrèrent dans la maison. Une chaleur accablante les envahit. Le salon dans lequel ils se trouvaient était chaleureux et accueillant.

— Installez-vous. Dit-il en désignant les fauteuils en cuir. Vous dormirez à l'étage. Par contre, veuillez ôter vos armes je vous prie.

Rubis regarda son frère afin de savoir s'il approuvait. Lorsqu'il commença à retirer son arc, elle en fît autant. Le jeune homme semblait cependant connaître cet homme et avoir confiance en lui.

— Comment vous nommez-vous monsieur ? Demanda la princesse.

— Je suis le comte Aurélian, et voici ma femme la comtesse Manon. Répondit-il en désignant la dame qui venait d'entrer dans la pièce.

Manon était une très belle femme. Elle portait une longue robe de velours rose soulignée de perles. Au col relevé et aux manches trois quarts. Elle ressemblait à une vraie princesse. Ces longs cheveux blonds étaient attachés sur le côté à l'aide d'une pince assortie à sa robe. Elle portait également un raz-de-cou de couleur noir.

— Je suis ravie de faire enfin votre connaissance votre altesse.

— Excusez-moi, mais comment me connaissez-vous ? Demanda Rubis.

— Tout le monde parle de toi ici et du grand royaume d'Edelsteen.

— Comment ça ?

— Notre village avait autrefois des échanges commerciaux avec votre royaume, avant qu'il ne soit détruit.

— Elle n'a pas besoin d'entendre ça Aurélian. Décréta Vaillant.

— Pourquoi ? L'interrogea l'intéressée.

— Elle ne connaît pas son passé, son royaume, elle ne sait rien d'elle non plus. Elle ne savait même pas qu'elle ne pouvait pas mourir. S'énerva Octave.

— Je suis là, je vous signale et je vous entends également ! S'exclama la jeune femme.

— Je pensais que vous lui auriez appris mon prince. S'excusa Manon, suivi d'Aurélian.

— Pas besoin, je sais que ma sœur s'en souviendra en temps voulu.

***

Après avoir soupé, une femme de chambre emmena les voyageurs à l'étage. Il y avait uniquement deux chambres et chacune avait une salle de bain attenante. Octave décida de dormir avec sa sœur plutôt qu'avec le nain. Celui-ci partit aussitôt sauter sur son lit et s'endormit comme une masse. Tandis qu'Octave et Rubis prirent le temps de se laver. La princesse s'allongea sous les couvertures de soie verte et regarda son frère attentivement. Celui-ci remarqua que la jeune femme le fixait, il prit la parole :

— Elle s'appelait Eliza.

Rubis ne dit rien et le laissa continuer, car il avait besoin de parler.

— Elle me faisait beaucoup penser à toi. C'était une jolie blonde aux yeux gris foncé. Elle avait un caractère bien trempé, mais au fond c'était une jeune femme sensible. Et je n'ai pas su la protéger. J'ai perdu Eliza, je t'ai perdu...

— Mais tu m'as retrouvé.

— Et j'ai peur de te perdre à nouveau. Vous êtes les deux seules femmes que j'ai aimé dans ma vie.

— Je t'aime, saches que tu ne me perdras plus Octave.

— Je t'aime aussi Rubis. Endors-toi, demain nous partons à l'aube.

Le prince embrassa tendrement sa sœur sur le front, puis la prit dans ses bras avant de s'endormir à son tour.

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