Chapitre 22 : La beauté de l'innocence

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Le lendemain, je parvins à convaincre ma grand-mère et Jules de me laisser aller au lycée. Même si j'aimais Arthur autant que je le détestais, je voulais quand même qu'il me dise tout ce qu'il avait dit à Jules en face. Pas qu'il me taille par derrière. Il fallait qu'il prenne ses couilles et vienne me voir. Au fond, je savais que c'était une très mauvaise idée mais je ne parvenais pas à croire qu'il ait pu aller si loin, parler de mes parents de cette manière après tout ce que je lui avais confié. Décidé, je me rendais au lycée, Jules m'y accompagnant.

Je lui avais d'ailleurs demandé comment il avait fait pour récupérer sa voiture et il m'avait répondu s'être levé un peu plus tôt pour que ma grand-mère, une lève-tôt aussi, l'emmène au lac afin qu'il la ramène. J'avais ressenti une pointe de honte lorsqu'il m'avait avoué avoir été debout à cinq heures du matin. Il était vrai que même si le lac était facilement accessible à pied, il fallait faire en voiture le détour par le village pour y aller. Au final, on mettait presque autant de temps à faire le trajet à pied qu'en voiture. Je savais que Jules ne m'en voulais pas mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il avait été d'une patience légendaire avec moi. Jamais il ne s'était réellement énervé contre moi. Jamais il ne m'avait reproché quoique ce soit avec agacement. Jamais il ne m'avait délaissé. Peut-être était-ce parce que nous ne nous connaissions pas suffisamment mais il me semblait quand même être largement digne de confiance.

En fait, il ressemblait un peu à Arthur. Pas au Arthur du début, mais celui que j'avais cru apprendre à connaître. D'ailleurs, en y rependant, notre mauvais départ dans notre relation avait sûrement été une mise en garde. Je n'aurais pas dû être aussi sûr dans ma décision de me confier à lui. Il m'avait tellement poussé à lui faire confiance que je lui avais tout donné. J'aurais dû attendre, même si je savais qu'au fond j'en aurais été probablement incapable. J'aurais pourtant dû être plus que sûr. Mais j'en avais tellement besoin. Voilà que je regrettais d'avoir fait confiance à quelqu'un. Moi qui étais effrayé de perdre à nouveau un proche, je ne l'avais jamais imaginé ainsi. La confiance avait du mal à revenir. Je me méfiais à présent de ce qui m'entourait. C'était à cause de ces pensées que je me sentais devenir distant avec Jules. Ce n'était pas voulu mais tout simplement plus fort que moi. Il me sembla qu'il le vit mais ne dit rien bien qu'au fond de ses yeux, une petite lueur de déception brillait faiblement alors qu'il fixait la route.

Bientôt, nous étions déjà arrivés devant le lycée et, d'un coup, toute ma faible motivation disparut. Je déglutis en fixant le portail. Nous étions un peu en avance, le car de ramassage n'étant donc pas arrivé. Ce fut ce qui me motiva à bouger. Moins je le croiserai, mieux je m'en porterai. Du moins, c'était que ce dont je tentais de me convaincre. Les cours allaient être difficiles à suivre, surtout s'il se retrouvait devant moi. Ainsi, sans parler, Jules et moi nous dirigeâmes vers notre salle de cours où il n'y avait personne. Je m'adossai contre le mur sur lequel je glissai en fermant les yeux pour m'asseoir et intérieurement, je me mis à prier pour que le professeur d'histoire arrive bientôt, avant le flot.

A croire que la chance n'était vraiment pas avec moi aujourd'hui car, peu à peu, le couloir s'emplit de bruit sans aucune trace du professeur d'histoire. Je n'ouvris pas les yeux et me mis à me masser les tempes. J'en avais déjà marre. Jules s'installa à côté de moi et soupira longuement en prenant ma main pour la serrer en signe de réconfort. Léa et Mathieu nous rejoignirent, alors nous nous relevâmes mais je ne leur adressai pas la parole. J'hochai juste la tête quand ils me demandèrent si j'allais mieux qu'hier. Enfin, Ambre arriva mais seule. Pas de trace d'Arthur avec elle. Etait-ce une bonne chose pour moi ? Probablement.

Enfin, ce fut une bonne chose mais que sur une courte durée. Quand il pointa le bout de son nez, il n'était pas seul. Accrochée à son bras, Juliette le suivait. Lui, il l'a tenait par la hanche. La position était plus qu'explicite, de simples amis n'auraient pas cette attitude, surtout que Juliette ne cachait point le regard énamouré qu'elle lui portait. La jalousie piqua en moi. Cette proximité, je l'avais aussi eu avec le brun quand celui-ci était encore à mes côtés, avant que tout ne bascule. Et je savais que cette façon de se tenir n'était pas de la même nature que nous auparavant, car le visage de la blonde semblait rayonnant. Les deux s'approchèrent de nous et, rapidement, je sentis Jules serrer ma main un peu plus fort. Je le dévisageai tandis qu'une expression désolée se peignit sur son visage. Jules tentait d'échapper à la vision d'Arthur et Juliette ensemble, et me regardait avec peine comme s'il voulait que je détourne aussi les yeux. Il y avait quelque chose que je ne devais pas voir, apparemment.

Loup des bois et des rêves (M/M)Место, где живут истории. Откройте их для себя