Chapitre 42 : Une protection à revoir

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Le trajet du retour se passa sans accroc. Dès que nous fûmes arrivés à Lyon, les Gallerani insistèrent pour que nous allions directement à mon appartement pour commencer à organiser la fête qui devait avoir lieu le lendemain. Je trouvais qu'il était un peu tôt pour commencer à mettre quelque chose en place mais lorsque je vis la longue liste qu'avaient préparée les trois sœurs, j'obtempérai sans rien dire. Antoine était déjà rentré et il comprit aussi vite que moi qu'il ne valait mieux ne pas contrarier les filles sous peine de recevoir une talonnade bien placée. Rapidement, nous commençâmes à distinguer l'ampleur de ce qu'elles avaient prévu et, même si elles se conduisaient comme des tyrans – sauf pour leur petit frère blessé pour lequel elles avaient un minimum de compassion –, elles avaient de très bonnes idées. Pour mon plus grand plaisir, je me retrouvai alors de nouveau dans l'ambiance bonne enfant qui avait dominé durant notre voyage près d'Annecy.

Le trente-et-un décembre, les filles étaient plus qu'excitées. Jusqu'à la dernière minute, elles nous embauchèrent à faire en sorte que la fête soit parfaite. Le résultat final en valait heureusement la peine. L'appartement que je partageais avec Antoine était sublimé, méconnaissable. J'en fus soufflé. Et cette superbe décoration qu'avaient ordonnée les trois sœurs fut à l'image du déroulement de la soirée. Je pus revoir des amis de la fac qui, comme moi et Thomas, avaient décidé d'oublier que les partiels reprenaient dans trois jours afin de profiter de la nouvelle année sans se prendre la tête. Avec Antoine, nous avions également invité des amis du lycée avec qui mon ami avait gardé contact. Ce que j'appréciai le plus chez eux fut qu'ils ne me posèrent aucune question vis-à-vis de ma soudaine disparition deux ans plus tôt. Soit ils savaient et se taisaient, soit ils considéraient que ce n'était pas leurs affaires. Le silence fut bienvenu. Après tout, personne n'avait envie de se prendre la tête avec des histoires tristes et compliquées.

Tout se déroula sans accroc et à minuit, l'euphorie était à son comble. Je reçus, comme à Noël, un appel de ma grand-mère et du reste de ma famille. Puis, ce fut un Jules tout joyeux qui me contacta. Il insista bien lorsqu'il me demanda si j'allais bien puisque l'an dernier, je lui avais bien menti pendant toutes les vacances avant qu'il ne découvre mon état misérable. Dès que j'eus raccroché, j'appelai moi-même Alice qui, cette fois, répondit. J'avais décidé de ne pas l'embêter ce soir non-plus mais je lui donnerais rendez-vous dès qu'elle rentrerait afin de lui donner son cadeau de Noël – elle était toujours ma meilleure amie – et de lui passer un savon sur la façon dont elle avait traité Arthur. Elle semblait aussi surexcitée que moi et entreprit de me raconter son séjour avec Barry dans les Pyrénées. Je dus la couper dans son élan, sans quoi j'aurais été monopolisé jusqu'à la fin de la nuit. En un sens, j'étais rassuré que tout se passe bien mais d'un autre côté, je redoutais notre discussion. Il n'était jamais agréable de crier sur quelqu'un à qui on tenait. Alice confirma notre rendez-vous dès la rentrée. Je n'avais plus qu'à trouver un peu de courage supplémentaire pour affronter à la fois mes partiels et ma meilleure amie.

Afin d'oublier un peu tout cela, je me perdis dans la fête que les Gallerani avaient organisé sans penser au fait que nous devrions nettoyer tout l'appartement dès le départ de tous. Thomas aussi se lâcha comme il le put, même s'il bouda un peu lorsque je lui refusai un verre de champagne en raison de ses médicaments. Il m'avait alors fait remarqué que j'en prenais également mais je lui avouai que j'avais pris la décision de les réduire jusqu'à les arrêter, ce qui me libérait pour la nuit. Et puis, avec le bruit bourdonnant, je n'avais aucune chance de m'endormir, même bourré. Vers cinq heures du matin, la fête se calma peu à peu et les invités repartirent progressivement puisque les transports redémarraient bientôt. A sept heures, il ne restait plus que les Gallerani, dont les trois sœurs traînassaient dans le salon et Thomas dormait dans mon lit. D'un accord commun avec Antoine, je décidai de rejoindre mon petit-ami. Il valait mieux remettre le rangement et nettoyage à plus tard, quand nous serions plus sobres et en forme.

Loup des bois et des rêves (M/M)Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt