Chapitre 21.

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Arlun

Björn pose sa main sur ma joue, me faisant lever un regard surpris vers lui. Comme au cœur d'un songe électrisant, il me fait face, il me parle, il me touche.

-Qu'est-ce...

Le contact de sa peau me trouble à tel point que j'en ai le palpitant qui s'emballe dans la poitrine. 

-Il ne t'arrivera rien Arlun... Murmure-t-il en plongeant ses iris dans les miennes. Jamais. 

Bien malgré moi, je revois aussitôt notre rencontre aux sources chaudes, son corps à la nudité parfaite, son sourire railleur, son regard azur plongé dans le mien. Je revis instantanément chaque seconde de cette rencontre inattendue, chaque pulsation de cœur, chaque émotion. Jamais je n'avais ressenti une telle force, un tel déferlement de sensation ! J'étais tétanisée, comme foudroyée !    

Et là, alors que nos regards s'accrochent désespérément, je ressens les mêmes élans au cœur, la même peur irrationnelle, le même émoi. 

-Comment peux-tu en être si sûr ? Je lâche dans un souffle.

Il traverse la courte distance qui nous sépare, accélérant encore mon rythme cardiaque.

-Parce que je serai là...

Le souffle de Björn court sur ma peau, me déclenchant de doux frissons. J'ai la chair de poule, le cœur qui bat furieusement, les tripes broyées par la peur et l'excitation. Il est si proche de moi ! Je peux sentir la chaleur de son corps, la puissance qu'il dégage, l'odeur de sa peau.  

Une infime part de moi voudrait que je m'éloigne de lui, voudrait que je le repousse. Je l'entends me hurler que c'est Björn, qu'il est toujours ce maître honnis que j'ai détesté durant l'enfance. Je l'entends me mettre en garde que les années ne changent personne à ce point... 

Mais alors que le jeune homme se baisse lentement vers moi, je ne bouge pas. 

Peu m'importe les conséquences, peu m'importe ce qu'il adviendra. Je veux qu'il me touche, je veux qu'il m'embrasse. Je ne veux que lui.

Lorsque ces lèvres touchent enfin les miennes, c'est comme si tout volait en éclat autour de nous. La cabane, l'orage, le temps lui-même n'existent plus. Il n'y a plus que ces lèvres si douces, que ces muscles seyants sous mes doigts, que cette langue qui vient tendrement caresser la mienne. 

Je n'avais jamais compris le mot désir jusqu'à présent. Je n'aurai même jamais imaginé le ressentir un jour. Mais en sentant ces bras se refermer autour de moi, en sentant ce corps dur et musclé contre le mien, j'en comprends enfin le sens. Il prend forme en moi, aux creux de mes reins, envahit mes veines et mon ventre, m'enflamme toute entière. 

Je ne veux pas comprendre, ni même réfléchir à ce que je fais. Je laisse mon corps prendre les rennes.

A travers les vêtements humides, mes mains découvrent son torse, son dos, ses fesses. Je goûte la saveur de ses baisers, le goût de sa peau. L'intensité de ce baiser augmente à tel point que j'en ai la tête qui tourne...

-Hum-hum ! 

En entendant le raclement de gorge sonore qui s'élève soudain, je tourne la tête et sens le rouge me monter aux joues en constatant que Rollo se tient sur le seuil de la cabane. Tête penchée, il nous observe d'un drôle d'air en tenant sa torche. 

-Par tous les Dieux du ciel !! Je souffle en reculant précipitamment tandis qu'au même moment, Björn lâche un « merde » discret. 

J'ai chaud. Mon visage n'est plus qu'un amas de lave bouillonnant. Je sens le regard du guerrier peser sur nous. Je n'ose même pas bouger. Je crois même que j'ai cessé de respirer. 

Elsker Nord (l'amour du nord)              livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant