Chapitre 25

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                                                                          Arlun


-Viens manger Tergel, le lapin est cuit. Murmure Alrik alors que son complice fait pleuvoir tous les coups possibles et inimaginables sur tout mon corps à l'aide d'une grosse branche.

Alors que le soleil va bientôt se coucher une seconde fois sur le pays des Vikings depuis que je suis prisonnière, je me recroqueville contre le mur froid de la grotte, complètement nue, serrant les dents pour ne pas hurler tandis qu'il s'éloigne de moi et prie tous les Dieux que je connais d'abréger cette torture. Je ne distingue que la lueur vive de leur feu tant mes yeux sont gonflés, chaque parcelle de mon corps est horriblement douloureuse et j'ai beaucoup de mal à respirer. Ils m'ont détachée du crochet au bout d'un certain temps et je suis retombée, inerte au sol, incapable de bouger. Et ils ont continué... J'ai abandonné l'idée de me montrer brave depuis longtemps et me suis mise à hurler à chaque coup que je recevais, sachant très bien que ça leur plairait. Mais j'ai si mal...

-On devrait rentrer à Kattegat. Dit Tergel la bouche pleine. Les autres vont avoir des soupçons.

-Hum, mais elle ?

-On n'a qu'à l'abandonner dans les bois. On n'a pas à s'en faire, j'ai vu des traces de loups fraîches tout à l'heure et vu l'odeur de sang qu'elle dégage, Fenrir se chargera de faire disparaître sa dépouille... Et si ce n'est pas lui, le froid la tuera !


-Ici c'est parfait. Le sol est descendant et personne ne trouvera son corps. Aller on la balance ! Hum...

Ils me jettent au sol et l'un d'eux me flanque un coup de pied dans le ventre, coup qui semble caresse après leurs tortures. Je sens mon corps glisser doucement sur une pente douce pendant un petit moment et finalement arrêter sa course contre un arbre. Je n'ai même pas la force d'essayer de détacher mes mains maintenant que mes bourreaux sont partis et je me laisse aller contre le tas de feuilles qui recouvre le sol, fermant les yeux pour oublier ma douleur.


Un grognement près de mon oreille me fait entrebâiller les yeux et je distingue en tremblant des crocs blancs et pointus juste devant moi, qui reflètent l'éclat de la lune. Il fait nuit... Le souffle de la bête passe sur mon visage et je sens la panique monter en moi en comprenant que je vais être dévorée vivante par un loup. Je me force à ne pas bouger tandis que mon cœur caracole dans ma poitrine. Ma tête se met à tourner violemment et je ferme les yeux, sentant la mort poindre au fond de moi. Je suis si faible...


Quelque chose d'humide ne cesse de passer et repasser sur mon visage, tandis qu'un gémissement se fait entendre. J'ouvre les yeux et comprend que je ne suis pas encore morte et que le loup ne me dévore pas, mais qu'il me lèche et soudain, je le reconnais à la faveur de la pleine lune. Runi !! C'est Runi, mon loup, mon petit loup adoré...couché tout contre moi et qui me lèche affectueusement.

J'approche mes mains ligotées de sa gueule et le caresse difficilement, prenant un souffle qui ne remplit pas mes poumons, sentant mes dernières forces déclinées rapidement.

-Runi...Je crois bien que c'est la fin... Je...je vais mourir ce soir ... et suis heureuse d'être avec toi...

Le loup qui me lèche de plus belle baisse les oreilles en arrière et gémit plus fort, faisant éclater mes pleurs.

-Oh Runi, comme j'aimerai revoir mon père une dernière fois... J'aurais aimé lui dire à quel point je suis heureuse d'avoir vécu à ses côtés, d'avoir été aimé de lui... De l'avoir tant aimé... Tout comme Björn...

De nombreuses larmes se mettent à couler au souvenir du beau jeune homme et j'ai encore plus de mal à respirer.

-Je crois... Je lui murmure, je crois que j'aime Björn... De tout mon être... Ah, si seulement je n'avais pas tenu tête et que je m'étais comportée comme une esclave au lieu de me prendre pour une femme libre... Jamais tout ceci ne serait arrivé et je serais toujours dans le skali à taquiner Björn et à servir mon père que j'aime tant... J'aimerai tant l'avoir près de moi...

Je sens mon cœur s'écarteler sous la douleur et mon hurlement déchire la nuit alors que je m'agrippe à la fourrure de Runi, mes dernières forces englouties dans mon cri.

-RRRAAAGGGNNNAARR...  

  

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Elsker Nord (l'amour du nord)              livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant