VII. J- 8h

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J'ai du mal à y croire. Mais alors vraiment du mal. C'est moi çà ?

Je regarde attentivement l'image que me renvoie le miroir en silence, Joséphine tout sourire derrière moi.

- Alors tu te trouves comment Carla ?

Comment je me trouve ? Je dirais plutôt comment je trouve cette fille devant moi. C'est juste impossible de m'imaginer que celle qui se trouve face à moi soit bien la Carla que je connais. La Carla dont je parle, vous la connaissez plutôt bien: elle est rondouillarde, elle a la forme d'une grosse poire avec ses grosses fesses et sa petite poitrine, un visage cerné, recouvert de boutons, des cheveux secs en épis de blés, ternes et jamais coiffés. Elle est toujours habillée avec de vieux pulls et des joggings, qui sont toujours couverts de miettes de chips d'ailleurs. Mais là ! Devant moi ! C'est une autre Carla.

Elle est tout simplement belle. Il se dégage d'elle quelque chose: comme une assurance à toute épreuve. Elle est fine, de belles hanches proportionnées avec sa poitrine ronde et ferme, des jambes fines et des bras délicats. Ses cheveux tombent en cascades d'ondulations de blond vénitien tout en dégradé sur ses épaules. Et son visage ! Son visage me semble parfait: des pommettes relevés, une bouche pulpeuse ni trop grosse - comme une de ces ventouses que les stars botoxés portent avec fiertés- ni trop fine, une peau de pêche lisse et parfaite, des sourcils délicats qui viennent souligner des yeux d'un brun profond entourés de longs cils épais et noirs.

C'est magnifique. Tout simplement somptueux.

- Je ne sais pas comment tu as fait Joséphine mais c'est réussit. C'est magnifique.

- Tu es magnifique Carla. J'ai simplement fait ressortir ta beauté naturelle.

Avec des push-ups et du contouring. C'est naturel ça ? Bref on s'en fout je suis belle.

Je me tourne et me retourne devant le miroir prise d'une joie soudaine. J'ai l'air d'une petite fille dans une robe de princesse sauf que là c'est mon corps tout entier qui ressemble à une princesse. Je me sens prête à aller à la conquête du monde. Ou plutôt devrais-je dire de l'objectif puisque l'on va à la séance photo de ce matin.

- Alors, prête à partir ?

- Tu veux pas que je prenne ces boucles d'oreilles ? je demande on pointant deux immenses créoles argents qui me font de l'œil depuis tout à l'heure.

- Bien sûr ! Super idée !

- Génial ! Je sens que ces créoles et moi allons former un super couple.

Joséphine rigole et prend ses clés pour sortir. Je me dirige vers mon sac et vérifie que mes clés de voitures sont dedans, mais non.

- Attend Jo ! Je dois prendre mes clés de voiture.

- Pas la peine.

- Comment ça pas la peine ? Tu veux que j'aille au shooting en métro pour en ressortir tout en sueur ?

Depuis quand je m'inquiète de ça moi ?

- Non pas du tout. Mais sans vouloir te vexer ta voiture n'est pas des plus jolie et puis... la maison d'édition te paye le taxi.

Je reste bouche bée. Quoi ?!!

- Attend tu es en train de me dire que ces radins ont décidés de me payer le taxi ? J'y crois pas !

- Il faut croire que quand tu décides d'être sur les réseaux sociaux ils sont prêts à t'aider.

Et bien dans ce cas il faudra organiser ce genre d'évènements plus souvent !

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