La tête baissée

Chapitre 11

Un chapitre retour en arrière. Bonne lecture !

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« Je marchai tranquillement avec Alexandre. Nous revenions d'une balade en forêt. Pour rire, il m'avait fait un bouquet de marguerites que je tenais au creux de ma main. Il faisait déjà étrangement chaud pour un mois d'avril. Nous avions passé l'après-midi au bord de la rivière, à se baigner et profiter du soleil. Sur le retour, nous en avions profité pour cueillir des fraises sauvages.

- Ce genre d'après-midi avec toi me manquera, lorsque je devrai passer mes journées à travailler. m'admit-t-il sur un ton guilleret en me faisant une bourrade.

- Ne t'inquiète pas, on en aura d'autres des moments comme ça ! Pleins d'autres !

Il afficha un grand sourire, de ses dents blanches. Si un inconnu ne nous connaissant pas passait par là, il aurait pu penser que nous étions frère et sœur. Il avait les cheveux de la même couleur que moi, et j'adorais son côté décoiffé. Ses yeux bleus océans, je les enviais. J'adorais les reflets qu'ils prenaient au soleil. Alexandre le savait et m'aguichait souvent à ce sujet. La seule chose qui nous différenciait vraiment, c'était notre taille. Il me dépassait d'une demi-tête depuis qu'il avait fait sa poussée de croissance, il y a de cela deux ans en arrière. J'aimais poser ma tête sur son corps svelte et bronzé, lorsque nous nous installions quelque part pour discuter.

J'étais persuadée que notre complicité était inébranlable et que de nombreux autres moments comme celui-ci étaient à venir. Je me trompais lourdement. Nous venions de vivre le dernier sans le savoir. Lorsque nous arrivâmes à l'orée du village, nous nous serrâmes dans nos bras et nous séparâmes. Chacun rejoignit sa famille. Il vivait avec ses parents, mais passait aussi beaucoup de temps avec sa sœur ainée qui avait déjà fondé une famille. Il était l'oncle de deux adorables fillettes. Je rentrais dans notre petite chaumière, que je trouvais très chaleureuse. Maman était en train d'éplucher des légumes, assise devant notre grande table. Mes deux frères jouaient tranquillement par terre. Mon père, quant à lui, se trouvait encore dehors à travailler. Je me lavais rapidement les mains, et rejoignis ma mère, pour l'aider.

- Ta journée s'est bien passée, fée ? m'interrogea-t-elle, tout en continuant sa besogne.

Mon petit surnom me faisait toujours sourire. Elle avait cherché un diminutif, mais ne voulait pas m'appeler Daph, car d'après elle « ce n'était pas assez mignon ». Jason avait dit pour rire, qu'elle n'avait qu'à l'appeler Phnée avant d'éclater de rire. Maman avait alors décidé que « ma fée » était plus jolie, et c'était resté.

- Elle a encore dû batifoler dans la rivière avec Alexandre, ricana mon grand frère.

Maman et moi lui dîmes d'une même voix de se taire, et il rit encore plus. Il savait très bien qu'entre Alexandre et moi il n'y avait jamais eu que de l'amitié, et c'est pour cette raison qu'il ne s'inquiétait pas outre mesure.

Nous passâmes le repas en famille tranquillement. Mon père était rentré et nous nous étions mis à table, dans la bonne humeur. Jason venait de racler le fond de son assiette quand nous entendîmes des cris au loin. Tout le monde releva brusquement la tête, soudain aux aguets.

- Qu'est ce que c'était ? demanda Papa.

Des bruits de sabots au galop et d'armes dégainées se firent entendre. Jason se mis à pleurer et je commençai à trembler comme une feuille. Mon père se leva promptement et se dirigea vers la fenêtre, essayant de comprendre ce qu'il se passait. Je vis ses épaules se contracter et ses yeux s'écarquiller.