Chapitre 20

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Je restai un instant interdite. J'étais proche d'Eulalie, mais lui faisais-je assez confiance pour tout lui avouer ? Je m'étais mise d'accord il y a quelques minutes avec Aaron pour ne rien dire à personne, et voilà qu'un problème se posait déjà à nous. Je ne connaissais mon amie seulement que depuis un mois, cependant, jamais elle n'avait fait preuve de cruauté ou de méchanceté, au contraire, c'était la gentillesse et la timidité incarnée. En plus de cela, j'avais besoin de me confier. Je pris une grande inspiration, et commençai par lui expliquer.

- Nous nous entendons bien tout les deux, et à un moment, nous étions un peu plus proches que prévu l'un de l'autre et nous avons faillit nous embrasser, chuchotai-je alors que ses yeux s'écarquillaient. Ne t'inquiète pas, il ne s'est rien passé et je suis partie précipitamment.

- Ce n'est pas vrai Daphnée ! Est-ce que tu te rends compte à quel point c'est grave ?

Elle paraissait soudainement affolée et sa voix était montée plus que nécessaire dans les aigus quand elle m'avait posé la question.

- Eulalie, nous avons mis les choses au clair, calme toi. Nous nous verrons mais juste en temps qu'amis. Nous nous apprécions, c'est tout. Nos sentiments ne vont pas au-delà de la sympathie.

- Mais si la situation dérape et que vous vous faites prendre ? Nom de Jupiter, il va se marier ! Vous ne pouvez pas faire cela, et prendre le risque !

- Mais que veux-tu que je fasse ? m'exclamai-je, c'est lui qui m'a demandé de revenir !

- Alors évite le un maximum.

- Il m'a demandé de l'accompagner au port, demain, avouai-je toute penaude.

Elle grommela un instant, les sourcils froncés.

- Très bien Daphnée, tu as décidé de t'embarquer dans cette histoire, mais ne compte pas sur moi pour te sortir du danger !

- Bien sûr, je ne me permettrai pas.

- Nous sommes d'accord.

Elle reparti dans la cuisine, sans me lancer un regard. C'était la première fois que je la voyais énervée, et en plus de cela, c'était contre moi. Je retournai également dans la pièce, essayant de me faire le plus discrète possible. Stella ne fit aucune remarque, même si elle remarqua la situation tendue et nous donna des indications, comme à son habitude.

Lorsque nous commençâmes à servir le repas, je vis qu'Eulalie serrait les poings lorsqu'elle due servir Aaron. J'implorais mon amie du regard, et elle ne fit heureusement aucune remarque. Mon maître quant à lui, prenait grand soin de m'ignorer, ce qui m'exaspéra. Je savais pertinemment que c'était ce que nous avions convenus, seulement, le voir aussi froid après avoir passé l'après-midi à rigoler tout les deux, me crispa.

Lorsque nous mangeâmes entre esclaves, je parlais tranquillement avec Stella et, Julius discutait avec Eulalie qui m'évitait soigneusement. Je finis par soupirer et dire que j'étais fatiguée. De retour dans ma chambre, je m'allongeais dans mon lit et me mis à jouer pensivement avec le bracelet en bronze d'Alexandre. Il me manquait tellement. S'il avait été là, il aurait déjà trouvé une solution, et je ne me serai pas sentie aussi seule. Je ne regrettai pas d'avoir dit la vérité à Eulalie, car elle avait le droit à ma sincérité. Seulement, j'avais peur d'avoir perdue ma seule amie, en étant franche avec elle. Viendrait-elle me chercher comme à son habitude pour m'accompagner aux thermes le lendemain ? Frustrée, je me roulais en boule dans mon lit, et m'endormis.

Lorsque le soleil se leva et que les oiseaux commencèrent à gazouiller, personne ne vint toquer à ma porte. Eulalie avait donc décidé de m'ignorer. C'est donc seule, et l'esprit morose que je partis en direction du centre ville. En chemin, je me demandai si j'étais prête à sacrifier mon amitié pour Aaron afin de garder celle d'Eulalie. La réponse était non. Seulement, je ne voulais pas perdre non plus celle de mon amie si je continuai à parler avec mon maître. Il allait falloir trouver un compromis.

La tête baisséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant