La tête baissée

Chapitre 42

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Daphnée

Trois mois plus tard

- Aaron ?

Nous étions tranquillement allongés sur notre lit, et il me caressait nonchalamment l'épaule, alors que je me trouvais blottie contre lui.

- Oui, mon or ?

Mon cœur se mit à battre précipitamment. Je ne savais pas comment lui annoncer que je souhaitais rentrer. J'avais vécu les plus beaux mois de ma vie, seulement, mes frères et mes amis me manquaient. Tous ces jours passés aux côtés de l'homme que j'aimais avaient été merveilleux. Il était resté l'homme attentionné que j'avais rencontré, mais plus je le connaissais, plus je comprenais que chaque part de lui était faite pour moi, même ses défauts. Bien sûr, nous avions eu quelques désaccords, mais ils avaient été souvent très vite réglés et oubliés, car nous trouvions toujours un compromis.

Nous étions restés dans cette petite crique depuis le jour où nous avions commencés à la construire, il y avait de cela, plus de trois mois. Parfois, nous partions quelques jours à cheval, afin de voyager et découvrir de nouveaux horizons, mais nous revenions inlassablement au même endroit. C'était notre foyer. Nous avions tout partagé à cet endroit. Je lui avais tout donné. Il avait été tendre et patient. Aimant.

Maintenant, le mois de novembre avait entamé sa longue course vers l'hiver, et les mois passés à l'extérieur commençaient à se faire un peu moins agréables, à cause du froid. Nous entretenions sans cesse un feu, et avions été obligés d'aller discrètement nous acheter des vêtements plus chauds au village. Nous n'avions plus eu de problèmes avec la nourriture, même si bien entendu, les fruits s'étaient faits rares. Je me demandais comment allaient Marcus et Jason. J'espérais qu'Alexandre réussissait dans son métier de forgeron et qu'Eulalie et Julius étaient heureux.

Je me mis à tripoter mon bracelet de coquillage cassé en deux, et finis par murmurer d'une petite voix :

- Je crois qu'il est temps. Temps de rentrer.

Je le sentis se crisper avant qu'il ne me sert de toutes ses forces dans ses bras. Sans que je ne m'en rende compte, une larme s'était mise à dégouliner le long de ma joue. Même si j'étais prête à rentrer, quitter cette vie me manquerait. Il l'essuya doucement et prit une grande inspiration.

- Si c'est ce que tu souhaites, je ne t'en empêcherai pas.

- Tu ne m'en veux pas ?

Je n'osais pas le regarder, par peur de voir sa tristesse et sa colère. Aussi, je préférais garder les yeux fixés sur nos bracelets. Il positionna ses deux mains sur mes joues, et me releva la tête. Ce que je trouvais dans ses yeux océans étaient toutes autres choses : la compréhension et l'amour.

- Daphnée, nous en avons déjà parlés. Je ne vais pas te priver d'eux, énonça-t-il calmement.

- Mais si nous rentrons et que nous sommes découverts, j'aurais gâché ta vie.

Ma voix se brisa. Il fronça les sourcils et me prit les deux mains avant de les serrer.

- Je t'interdis de dire cela. Tu ne l'as en rien gâchée. Tu l'as rendue infiniment meilleure.

Ses propos me touchèrent. Je me rapprochai, sentant son odeur à laquelle je m'étais tant habituée. Il comprit mon intention et ses lèvres emprisonnèrent immédiatement les miennes. Je poussais un soupir de bien-être. Instinctivement, il se positionna au dessus de moi. La chaleur de son corps me rassura instantanément. Je sentais son sourire dans ses baisers, alors qu'il passait délicatement ses doigts entre mes mèches blondes. Mes mains étaient posées sur ses hanches étroites et je le pressai contre moi.