Chapitre 49 - Who run the world

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Je me rappelle encore de ces jours-là. Ces jours où je restais assise là. Ces jours où j'étais assise, seule, sur un banc. Je me rappelle aussi pourquoi je m'asseyais là tous les matins à la même heure.

Parce que comme ça je les voyais passer. Toutes ces filles qui n'étaient pas comme moi. À chaque passage, à chaque personne, je décollais mes yeux de l'écran de mon Itouch, écoutant « Wannabe » des Spice Girls, et je les regardais passer.

Et à chaque fois je me disais la même chose : « Je voudrais être comme elle ou elle ou bien elle ». Parce que oui, être « moi » n'a jamais été un cadeau mais plus un fardeau, alors secrètement je rêvais d'être cette fille-là. Cette inconnue qui arrive tous les matins avec le sourire. Je rêvais d'être celle qui s'assied dans un coin et qui est immédiatement rejoint par un inconnu quelconque. Ils s'échangent des banalités mais ils rigolent. Ils rigolent, ils s'apprécient et peut-être la trouve-t-il jolie. Assez jolie pour lui dire qu'aujourd'hui, elle est particulièrement belle.

Mais ça n'a jamais été mon cas. Jamais personne ne s'est assis à côté de moi et jamais personne ne m'a dit « Salut ! ». Personne, jusqu'à lui.

C'est comme attendre un miracle durant toute sa vie. Comme une prière enfin exaucée. Un vœu que l'on n'attendait plus.

Je voulais et je rêvais d'être cette jolie fille. Celle qui porte un slim, de petites sandales, un débardeur fashion, toujours bien coiffée et bien maquillée. Je voulais être cette fille qui plaît. J'ai toujours voulu être cette fille. Celle sur qui se porte l'attention. Celle sur qui les têtes se retournent. Je voulais connaître ce sentiment moi aussi. Mais ça n'a jamais été le cas. Jamais, jusqu'à lui.

Il a été le premier à se retourner sur moi. Le premier à s'asseoir à côté de moi. Le premier à me dire ces mots-là. Il a été ce gars, qui tout bêtement, s'est assis et m'a dit « Salut ! ». Je ne demandais et n'espérais pas la lune mais juste ça, me suffisait. C'était ridicule non ?

Aujourd'hui la plupart des filles attire. La plupart sont des mini-incarnations de la définition même de la « femme ». Elles sont belles et attirantes et déchaînent les passions. Les amours et amourettes. Aujourd'hui, il n'est plus difficile pour les Barbies de se trouver un Ken.

Parce qu'aujourd'hui, tout est au faux-semblant. Au mensonge. À la duperie.

Alors oui, elle peut être jolie. Oui, elle peut tout avoir pour elle mais comme on dit : « Le maquillage n'est pas supposé être fait pour inventer une nouvelle race de Pokémon ». Il n'est pas censé être « magique ». Il n'est pas censé « transformer » les gens.

Normalement, une femme ne devrait même pas se repeindre le visage pour plaire.

Mais combien sont au courant de ça ? Combien savent la réelle valeur qu'elles ont ? On dit sans cesse qu'une femme ça se respecte et il est commun de trouver diverses citations ou messages dans le style. Mais combien suivent ces messages justement ?

Donc oui, j'en ai des choses à vous dire mesdemoiselles. Que ce soit à toi qui liras ces lignes ou à toi qui sera tombée dessus par hasard ou juste à toi qui fais ça pour passer le temps... Au fond, vous avez plus en commun que ce que vous pensez.

Miss Kilos, Miss intello, Miss gros lolos, Miss bobos... Y en a pour tous les goûts mais c'est toujours le même refrain. Je le sais. Je vous ai vu passer sous mon nez dans la cour de récré. Je vous ai vu assises, vous aussi, seules sur un banc. Je vous ai vu marcher derrière des gens, la tête baissée, l'air de rien.

J'ai vu vos complaintes silencieuses.

Vous n'en avez pas marre ? De vous mentir ? De faire semblant ? Marre de prétendre être une personne que vous n'êtes pas ? Tout ça pour plaire à des gens que vous ne supportez pas ?

Aimez-vous. Aimez ce reflet dans le miroir. Aimez celle que vous êtes, tigresse ou chaton. Personne ne vous aimera indéfiniment comme vous le faites. Et non, ce n'est pas du narcissisme, c'est une forme d'acceptation parce qu'au fond, c'est ce qui nous manque à toutes : la confiance en soi. Celle qui nous poussera à dire « Je suis bien comme je suis ». Celle qui nous fera écrire « Je ne suis pas grosse ! Je suis tellement sexy » sur les réseaux sociaux.

D'ailleurs... on devrait créer un mouvement (#MissKilos).

Mais bon, pour ce que je sache, je m'en occuperai quand j'en aurais fini avec tous les hommes de ma vie. Rien que cette phrase me fait terriblement penser à la chanson des L5 « Toutes les femmes de ta vie » mais version masculine.

On devrait la parodier.

Miss Kilos 2 - La revanche d'une grosse !Where stories live. Discover now