CHAPITRE II : Pomme empoisonnée

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(Pdv d'Opale Blank)

Je n'en reviens pas. Cette mer de cadavres, ce sable blanc, ce ciel rouge.... Tout semble être un rêve. Je ne sais pas ce qui est le plus terrible, le fait que je trouve ça magique, ou que je me rende compte que ceci est en fait bien réel, et que je ne rêve décidément pas. D'un seul coup, les êtres éparpillés comme des poupées sans vies s'animent, et je les vois qui se relèvent avec difficulté, un à un. Ils sont vivants, voilà quelque chose qui ne m'enchante guère...

Je n'ai malheureusement pas le temps de me morfondre, car un cris horrible vient massacrer mes oreilles. Cela a l'effet d'un coup de massue sur ma tête et me sort brusquement de mes pensées. Lorsque j'identifie la source de ce tapage, je me dirige immédiatement vers la cible. Les gens autour de moi me regardent comme si je suis une extraterrestre, il doivent certainement se demander comment je fais pour marcher aussi vite, alors qu'eux tiennent à peine debout.

J'arrive devant la scène tragique en un rien de temps. J'observe une Romie au bord de la crise de panique. Sur son visage et ses mains, je distingue une couverture écarlate. Ses yeux transpirent l'angoisse. Lorsqu'elle se tourne vers moi, j'ai l'impression de voir une petite bête terrorisée . Si j'avais de l'empathie pour quoique ce soit, j'aurais presque eu pitié de cette fille. Tandis qu'elle semble avoir les pires remords du monde, moi je souris face à la scène.

- Il s'appelait Jack. Il était sympa dans son genre, mais c'était un vrai connard.

Romie respire bruyamment. Par pitié, qu'elle ne me fasse pas une crise d'hyperventilation. Je serais triste que cette fille meurt tout de suite, pour mon plus grand étonnement. Quoiqu'il en soit, Jack était un gros cancre, un pervers et un casse burnes, il ne manquera sûrement à personne, et ces blagues à deux balles encore moins. Les dieux nous enlèvent un bien lourd fardeau.

- Si tu ne l'avais pas fait, moi, je l'aurais tué, je lui dis pour la rassurer.

Elle plisse les yeux et absorbe l'oxygène qui permet à ses poumons de ne pas éclater. Elle ne se sent vraiment pas bien, la pauvre. Peut-être faudrait-il que je lui tapote un peu le dos ? je ne suis décidément pas forte en relation amicale. Mieux vaut garder ses distances.

- C'est quoi ces tâches noires sur ton cou ? Elle déclare de but en blanc.

Sa voix est enrouée, on dirait qu'un tracteur lui est passé sur la gorge.

Je tire sur le col de ma combinaison. Mais qu'est-ce que c'est que cette horreur qui se propage sur ma belle peau parfaite ? Ça ne peut pas être vrai , par pitié !

Romie s'approche de moi comme pour essayer d'identifier cette opulente plaque de boutons noirs qui recouvre ma peau telle une obscure peste. Je la regarde, à mon tour désemparée. Je crois que mon karma me joue des tours, j'aurais dû être plus sage en prison. Qu'est-ce qui m'a pris de jouer les rebelles ? 

- Nous sommes damnés, me sort Romie, comme si la situation n'était pas assez critique.

- Ne dramatise pas les choses poupée, je ne suis pas encore morte à ce que je sache.

Elle me lance un regard perçant.

- Ne m'appelle pas poupée. Je m'appelle Romie, c'est clair ?

Ouuuuh, mademoiselle Corbot sort ses petites griffes, je dois faire attention, ce n'est pas le moment de créer des tentions.

- Bref, comme tu veux. Je ne suis pas morte, en tout cas. En revanche, je ne sais pas si ce truc est contagieux, et s'il est mortel ? Ni quels sont ses effets, alors en attendant tu devrais reculer.

Balmeon05Où les histoires vivent. Découvrez maintenant