Chapitre 12

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L'horrible son de la sonnerie me tire de mon sommeil. Quatre heures trente du matin. Je veux pas me lever, je veux rester sous la couverture bien au chaud dans mon lit. Pour l'instant c'est le seul endroit où je trouve un semblant de sérénité. Enfin sauf quand je suis avec Caleb, j'ai l'impression d'être moi même. Je me suis pas sentie comme ça depuis longtemps, même dans ma cellule je ne pouvais pas être qui je suis vraiment. Ici, je suis enfin soulagée.

Je n'arrête pas de penser à ce qu'il m'a montré, son village, un refuge pour les Particuliers. C'était réellement magnifique.
Dans un long soupir, je finis par me lever du lit. Ne vaut mieux pas être en retard. Comme d'habitude, je vais dans la salle de bain prendre une bonne douche chaude et je réveille Maélis avant d'enfiler mon uniforme. Nous commençons tous déjà à avoir nos propres habitudes ici, mais contrairement aux autres, je  ne me sens pas chez moi. J'aime beaucoup le Canada et vivre ici m'aurait sans doute plu mais pas en tant que soldat dans le Cort. C'est ça que je ne supporte pas. Finalement Maélis est enfin prête et nous arrivons à l'heure à la cafétéria.

***

Les répartitions sont faites et à ma plus grandes déception, je ne vais pas patrouiller. Je suis en surveillance avec Jackson. C'est ce que je ne veux vraiment pas faire. Je vais devoir surveiller une Cellule, considérée comme une prison pour les Particuliers. Ils sont jugés coupables. Coupables de quoi ? D'être venus au monde en tant que Particuliers. Je suis tout aussi coupable alors. Pourquoi ? Je vais jouer le rôle de gardiens. Je me sens horriblement coupable pour ça. Rien qu'en y pensant, une boule se forme dans mon estomac.
Nous sommes actuellement sur la route en voiture. Plusieurs autres véhicules suivent la même direction. Je regarde le paysage canadien, il ne bouge pas, il reste le même, magnifique. Je n'ai jamais été contre le changement, au contraire, on a tous besoin de changement dans sa vie. Mais intégrer le Cort est un changement que je ne voulais pas. Toute ma vie a soudainement basculé, j'ai dû quitter ma famille, mon environnement pour devenir un membre du Cort.

Nous sommes à quelques kilomètres de la Cellule et je peux déjà apercevoir des hommes armés, surveillant les alentours. Rapidement, un mur faisant plusieurs mètres de hauteur se dresse devant nous. La voiture s'arrête et on nous ordonne de sortir. Le vent glacé frappe mon visage, mes pieds s'enfoncent dans la neige. Je lève les yeux vers le mur en béton, je peux voir des barbelés au dessus, et quelques tours pour faciliter la surveillance. Des gardiens encore une fois armés sont dans les tours ou au pied du mur. Ils sont immobiles, ils font attention à chaque détail. Nous avançons vers l'entrée monstrueuse de l'enceinte. D'autres membres du Cort sont avec nous. Une grosse voiture s'arrête face à la porte, des gardes sortent par les portes arrières, tirant un Particulier avec eux. Il est dans un mauvais état, ses vêtements sont déchirés, il saigne. Ils passent devant nous face à l'entrée, d'autres gardes effectuent une fouille au corps sur Particulier. Il a l'air si fatigué, de gros cernes autour ses yeux, ses cheveux bruns complètement emmêlés, si les gardes ne le soutenaient pas il ne tiendrait pas debout. À première vue je dirais qu'il a la trentaine. C'est horrible de constater dans quel état les soldats du Cort ont mis ce pauvre homme. Qui décide qu'il a besoin de ça ? Le Gouvernement. Pourquoi ? Parce qu'ils se sont approprié le pouvoirs. Ça me dégoûte. Un homme ne mérite pas de souffrir parce qu'il est différent. Son regard croise le mien. Une vague de frissons traverse mon corps. Ses yeux bleus ne traduisent que de la souffrance et du désespoir. Je n'avais jamais rien vu d'aussi horrible. J'ai l'affreuse impression que mon cœur se comprime. Il détourne le regard, tiré par les soldats à l'intérieur. On nous fait entrer à notre tour. La vision de ses yeux bleus se rejoue dans ma tête. Je n'avais jamais vu autant de souffrance en une seule personne.

Nous arrivons dans une grande cour face un bâtiment sinistre, c'est la prison. Toute la neige à été dégagée sur le côté. Des barreaux aux fenêtres et de nombreux gardes aux alentours, tous ceci est horrible. J'ai la nausée. La première construction de ce genre a été construite seulement quelques mois après la guerre. Le Gouvernement ne voulait prendre aucun risque. Alors ils ont décidé de capturer tous les Particuliers en liberté, et de les enfermer dans des institutions de ce genre. Mais qui allait se charger de les capturer ? Le Gouvernement à très vite mit en place une armée qui s'occuperait de tout ça. Et le Cort est né. C'était je cite "une nécessité pour la sécurité planétaire.". Mensonges, ils n'ont juste pas le cran d'assumer qu'ils ont peur.

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