Incompris

Chapitre 36

Caleb s'assure qu'il n'y a personne aux alentours avant de me tirer en dehors de la grotte. Il tient fermement ma main dans la sienne et me guide à travers la forêt. La nuit tombe déjà sur le Canada, l'air est de plus en plus frais. Son autre main est tâchée de sang, mon pantalon en est imbibé. Quelques gouttes tombent sur le sol. Mais je ne pense pas que les soldats viendront jusqu'ici. J'espère vraiment que mon frère et mes deux amis ont réussi à se planquer, mais j'ai confiance en Liam, il trouve toujours une solution et s'il allait mal je l'aurais senti.
Mon regard se pose sur le Particulier, la sensation de ses lèvres est toujours sur les miennes. Je ne me doutais absolument pas de ce qu'on pouvait réellement ressentir en présence de l'homme qu'on aime.
Caleb nous conduit à la cabane en haut de l'arbre, celle où il m'a déjà emmenée. Il me laisse passer devant et je grimpe à l'échelle, suivie de près par le Particulier. Arrivée en haut, mes yeux se tournent directement vers la vue qui m'est offerte; c'est toujours aussi magnifique. Caleb me rejoint rapidement et il ouvre la porte en me laissant le soin de rentrer en première.
Absolument rien n'a changé ici, c'est simple, tout en bois. Le Particulier va directement fouiller dans une commode et il en sort un simple tee-shirt qu'il me tend.

_ Change toi, je reviens.

_ Où vas-tu ? M'inquiété-je.

Il me sourit doucement et s'avance vers moi.

_ Je vais effacer les traces de ton sang, je fais vite promis. Essaie de te reposer.

Il m'offre un dernier sourire avant de partir. Une fois seule, je peux enfiler le tee-shirt et retirer les vêtements sales qui couvrent mon corps. Et je me laisse tomber sur le lit.
J'ai été faible aujourd'hui, je n'ai pas réussi à surmonter ma peur et on m'a tiré dessus. Si Caleb n'avait pas été là je serais morte à l'heure qu'il est. J'ai laissé mes sentiments prendre le dessus et j'ai risqué la vie des autres. Comment on peut être aussi bête ? Je n'ai pas été foutue d'appliquer la chose la plus importante qu'on nous apprend. Lucas me dit souvent que je suis trop dure envers moi même, mais si je ne l'étais pas, il y aurait des morts.
Mes paupières lourdes finissent par se fermer.

***

Le froid transperce les vêtements que je porte, mon corps est gelé, l'humidité dans l'air laisse une odeur désagréable. Mais le pire c'est la noirceur de la pièce, j'arrive à peine à voir les quatre murs qui m'entourent. Mon cœur bat rapidement, je peux entendre chacun de ses battements comme s'ils résonnaient dans la pièce.
J'ose finalement faire quelques pas, malgré l'angoisse étouffante.
Une porte claque derrière moi, je sursaute et me retourne. Un soldat est face à moi, chaque trait de son visage m'est familier. Mes yeux descendent jusqu'à ses mains, il a un fouet. Une sueur froide traverse mon corps. Je dois sortir d'ici.
Je recule pour m'éloigner de lui, mais je percute une masse. Deux bras me tiennent fermement et me retourne rapidement. Mr. Williams. Il attrape mes poignets et les lève. En même temps que je redresse la tête, je me retrouve attachée par des chaînes. Le chef du Cort s'éloigne jusqu'à disparaître dans la pénombre. Je me débats pour me libérer des chaînes en donnant toute la force que je peux dans mes cordes vocales pour que quelqu'un entende mes hurlements, mon désespoir.
Les lianes du fouet sifflent dans l'air avant de frapper mon dos. Je tombe à plat ventre sur le sol.

Je relève la tête, je suis sur un sol de neige, les arbres m'entourent. Ma respiration est courte, je me relève rapidement sur mes jambes. Des bruits dans mon dos me font me retourner.
Caleb, Lucas et Liam. Attachés tous les trois, mains dans le dos, à genoux sur le sol, encore Mr. Willams derrière eux. Il a le fouet dans la main. Mon cœur accélère un peu plus, ma respiration aussi, mon corps entier est pris de tremblements. Pas ça. Des larmes coulent le long de mes joues alors que le Mr. Williams s'approche de Caleb.