Chapitre 6

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 - Rien n'est plus risible que l'espoir naïf dans les yeux d'une femme qui pense qu'elle peut encore s'en tirer.


Nicolas se moquait de moi, pas du tout impressionné. Il fallait que je trouve comment me défendre ! Une des planches de palette qui faisait office de sommier avait cassé lorsque j'étais tombée dessus. Elle s'était plantée dans le bord du matelas qui recrachait de la mousse sale et moisie. Je me dépêchais de l'arracher et fut heureuse de découvrir qu'elle était taillée en pointe acérée, là ou elle avait cédé.


- Un pieu ? Tu es sérieuse ? se moquait Nicolas qui approchait.


Mais déjà je courrais pour me jeter sur lui. Je le percutais de toutes mes forces, mais il fut à peine ébranlé. L'obèse attrapa mes bras brutalement et me poussa à son tour pour me faire tomber sur le dos, à même le sol. Le béton entama la peau de mon dos. Dans le choc, je lâchais la planche qui glissa contre le mur, plus loin que la longueur de mon bras. L'énorme porc se précipita sur moi pour m'écraser. Pesant de tout son poids, il me coupait le souffle. Il me frappa plusieurs fois en plein visage, tentant de me sonner. Je protégeais mon visage avec mes bras pour ne pas lui donner l'occasion d'avoir plus de maîtrise sur moi. Si il me mettait K-O, j'étais foutue ! Alors qu'il se penchait un peu trop, je profitais de son équilibre fragile pour le faire basculer sur le dos et prendre l'avantage. Je le frappais de toutes mes forces. M'articulant comme une hystérique en crise ! Dès le premier coup, je sentis les os de mes doigts craquer et mes jointures céder. Mais je continuais, pour ne pas lui donner l'occasion de répondre. Il enserrait ma gorge mais je ne m'arrêtais pas. Mes mains s'écorchaient sur ses dents et maculaient son visage de mon sang. Alors qu'il semblait sonné, je me précipitais pour récupérer mon pieu. Je revins sur lui, à cheval sur son énorme ventre. Ses dents sales étaient recouvertes du sang qui inondait sa bouche. Ça ne couvrait même pas son haleine, qui sentait comme ce tas de cadavre que j'avais vu. Ses yeux me fixaient et il souriait comme un malade mental.


- Comment vas-tu me tuer maintenant ?


Il ne cessait pas de rire.


- À l'ancienne ! crachais-je en levant la planche au dessus de ma tête pour gagner plus de force.


Il posa ses mains en rempart sur son cœur, toujours aussi hilare. Frappant de toutes mes forces, pour ne pas me rater, j'enfonçais le pieu en plein milieu de son front, juste entre les deux yeux. Je sentis la pointe de mon arme atteindre le fond de son crâne. Il me regardait toujours. Les yeux éteints, sans vie, figés dans une expression de surprise. Juste au moment où ses mains retombaient sur le sol, j'entendis des détonations qui raisonnèrent dans tout le bâtiment. Je sursautais en regardant vers la porte, toujours assise sur le cadavre. Quelqu'un approchait dans le couloir.


- Nicolas on s'en va, lança Dimitri. Adam est mort on te laisse t'occuper de lui et de la fille. Amuse-toi bien ! Le sang est devant la porte.


Je dû me plaquer les mains sur la bouche pour ne pas crier. Adam était mort ! Je surveillais leurs pas qui s'éloignaient, l'oreille collée à la porte. J'attendis quelques minutes puis je tournais la clé dans la serrure. Le couloir était désert. Et juste sur le palier, je trouvais un gros sac de voyage, remplis de canettes. Je couru tout le long du couloir pour rejoindre la pièce où j'avais laissé Adam. Il était là. Baignant dans son sang. On lui avait tiré dessus, je comptais quatre impacts dans la poitrine et le ventre. À genoux à côté de lui, je tentais de trouver son pouls d'une main tremblante. Mais alors que je le pensais mort, il bougea légèrement. Je repensais à ce qu'il avait dit sur les effets du sang. J'allais avoir besoin du sac que Dimitri avait laissé devant la porte.

Perdue dans le noir - Part1Where stories live. Discover now