Chapitre 4

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Aliénor et Lyra attendaient Charlotte dans le hall proche du bureau de la principale. La porte et les murs étaient tellement épais qu'elles n'entendaient rien. Cela faisait plus d'un quart d'heure qu'elles étaient là, assises sur de vieilles chaises qui étaient bancales.  Soudain, la porte s'ouvrit violemment. La principale en sortit, seule. Aliénor et Lyra lui demandèrent où était Charlotte. Elles avaient peur qu'elle leur dise qu'elle était repartie, sans leur dire au revoir. Mais la principale n'a dit rien de tout ça. Elle leur a dit d'aller voir Charlotte dans sa chambre pour avoir des explications, que ce n'était pas à elle de leur dire ça et qu'il ne fallait pas trop brusquer Charlotte. Elle a dit qu'elle était dans une période de sa vie qui était "fragile". Les deux amies, troublées par ce mystère, allèrent le plus rapidement possible vers la chambre de Charlotte. Elles marchaient d'un pas rapide, sans courir, pour ne pas éveiller les soupçons d'autres pensionnaires un peu trop curieux.  Une fois arrivées devant la porte de Charlotte, elle frappèrent doucement en disant : 

" C'est nous Charlotte, Aliénor et Lyra, tu veux bien qu'on entre ? 

- Oui, entrez. " Répondit Charlotte d'une voix sanglotante

La porte s'ouvrit en grinçant. Aliénor et Lyra retrouvèrent Charlotte repliée sur elle même dans un coin de sa petite chambre. Son visage était triste, Il avait perdu toutes ses couleurs, ses yeux étaient rouges, et les larmes avaient laissé de longues trainées humides. Elles s'assirent à côté d'elle et Lyra parla la première : 

" - Charlotte, t'as vu dans quel état tu es ? Qu'est-ce que t'a dit la principale pour te faire autant de peine ? Tu n'as rien à te reprocher à ce que je sache ? 

- Lyra ! Arrête de lui poser toutes ses questions ! Tu vois bien qu'elle n'est pas dans son assiette ! répliqua Aliénor.

- C'est pas de ma faute ! Il faut que je sache ce qu'elle a pour la réconforter ! dit Lyra

- Les filles... S'il vous plait, arrêtez ! Je ne veux pas d'embrouilles à cause de moi. chuchota Charlotte 

- Charlotte, dit nous ce qui ne va pas ! dirent les deux filles en coeur.

-Très bien, je vais vous le dire. Je vais devoir rester plus longtemps ici.

- Pourquoi ? Et tu n'es pas si mal ici, et tu nous as nous ; il y a quelque chose d'autre ? dit Aliénor

- Je vais de voir rester ici plus longtemps parce que, parce que...

- Charlotte, tu peux nous le dire tu sais, on est tes amies, dit Lyra

- Oui je le sais. 

- Dit nous ce qui ne va pas, cela te fera du bien ! dit Aliénor d'une voix douce. 

- Parce que ma mère est morte. "

A ce moment là, Charlotte se mit à pleurer encore plus fort et a caché sa tête à l'aide de ses bras et contre ses cuisses. Aliénor et Lyra en restaient bouche-bée. Un grand silence fit son apparition, il était lourd et pesant. Les reniflements de Charlotte étaient la seule chose qui perdurait dans cette pièce. Mais, tout d'un coup Aliénor reprit la parole :

" Tu sais Charlotte, tout le monde meurt un jour mais mourir ne veux pas dire disparaître. Ta maman est toujours là, parce que tu l'aimes. Et quand tu aimes une personne, tu ne peux pas l'oublier. Ta mère était gravement malade. La maladie l'a emportée, mais c'est sûrement un soulagement pour ta mère, car on lui avait bien dit que le traitement ne ferait qu'atténuer la douleur et ta mère souffrait. Mourir la libérée de ses douleurs, mais elle ne t'a pas oubliée, j'en suis sûre. C'est pareil pour moi. Regarde, quand je t'ai dit que j'avais très peu de souvenirs de mes parents, que je les avait très peu connus, mais que je les aime quand même. Ils m'ont peut-être abandonnée, mais je ne leur en veut pas. A l'époque le vie était dure, et il n'avait sûrement pas l'argent pour élever un enfant. Alors ils m'ont laissée. Mais pour moi, ils sont toujours près de moi. Personne ne les a vus depuis le jour où ils m'ont posée auprès de cet arbre centenaire, lors d'une tempête de neige. On en a déduit qu'ils sont morts. Je n'avais que cinq ans, et du jour au lendemain, je suis devenue orpheline. Et pourtant, j'ai l'impression et j'en suis quasiment sûre qu'ils ne sont pas loin, qu'ils n'ont pas disparu."

Charlotte leva la tête. Elle regarda d'un air désolé Aliénor et des larmes de compassion coulaient lentement sur son visage. Elle prononça quelques mots : 

" Je suis désolée. Je ne savais rien de tout ça. "

Les trois filles se firent un énorme câlin,  ce genre de câlin qui remonte le moral. Alors Lyra dit une phrase que Charlotte a retenu tout sa vie :

" Ce n'est pas la mort qui nous cause de la peine, c'est le fait que certaines personnes ne vivent pas du tout. "

AliénorWhere stories live. Discover now