Chapitre 9

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Un souffle effréné rompait le silence mystérieux de la forêt ; des pleurs venaient le compléter.
Des bruits de pas rapides se firent entendre, en plus de quelques buissons qui commençait à bouger.
La douceur d'un vent solitaire se leva.
Et soudain, comme sortie de nulle part, Charlotte apparut de derrière quelques buissons, le visage et les yeux rouges, le souffle coupé et les cheveux en bataille. Elle venait de courir interminablement pendant plus de 10 minutes, la douleur et la tristesse qu'elle avait ressenties quand elle a perdu ses amies, ses SEULES amies, l'avait remplie de rage et de colère.

Pourquoi moi, pourquoi il a fallu que cela soit moi ? Je n'ai rien fait de mal dans la vie, et elle s'est toujours vengée sur moi ! Pourquoi ?

Elle se rappella le doux visage d'Aliénor, quand, pour la dernière fois, elle marchait devant elle et s'est retournée. Ses longs cheveux roux s'envolaient légèrement, et son sourire réconfortant pouvait illuminer la vie de la personne la plus triste de la terre. Elle était peut-être un peu naïve, mais tellement réconfortante. Ses yeux innocents reflétaient la beauté du monde. C'était la fille qui était venue la voir un jour de pluie, elle, Charlotte, qui tombait presque dans la dépression avant de la rencontrer. Charlotte était au bout du rouleau, elle en était même rendue à se promettre de mettre fin à ses problèmes si sa mère mourait. Et elle est morte. Heureusement qu'elle avait Aliénor et Lyra avec elle, autrement elle ne serait plus de ce monde.
Grâce à ces deux amies,  elle avait vu que la vie pouvait être merveilleuse, et, que parfois, avoir un peu d'espoir en soi aide beaucoup.

Charlotte a donc continué à marcher aussi vite qu'elle le pouvais pour rejoindre son père. D'où elle était partie, le village était à environ 2 kilomètres, donc elle pouvais facilement le faire. Elle avait hâte de retrouver son père, mais en même tant elle était anxieuse. Et si son père l'a revoyait à l'orphelinat ? Non, il ne ferait pas ça... Il tient trop à elle depuis que sa femme est morte. Quoi que, si on le forçait ou qu'il n'avait pas assez d'argent... Mais il ne pourrait pas la remettre à l'orphelinat car en tant que responsable légal, il devrai payer une cotisation.
Avec cette dernière pensée en tête, elle se força à marcher encore plus vite. Elle voulait rentrer avant que la nuit tombe de peur qu'il y ai des choses malfaisantes dans cette forêt, qui porte déjà sur son dos un lourd secret, qui a aspiré plusieurs personnes. Où peuvent-elle être bien passées ? On a fait de grandes battues, on a parcouru le moindre centimètre de la forêt, et rien. Même pas un cadavre ou une trace. Rien.
Aujourd'hui aurait dû être un jour merveilleux, un jour pas comme les autres. Il a été merveilleux jusqu'à ce que Charlotte voit ses amies disparaître sous ses propres yeux. Et effectivement, il n'a pas été un jour comme les autres. Mais pas dans le sens qu'elle avait voulu.
Quand elle se rendît compte qu'elle avait perdu son rythme rapide de marche elle leva la tête et elle aperçu quelques maisons. Les premières du village. Elle était arrivée, elle avait réussi. Juste à temps, car le soleil n'allait pas tarder à se coucher. La jeune fille se mit à courir avec la maigre énergie qu'il lui restait. Après de nombreuses foulées épuisantes, elle arriva au centre du village.
Elle croisa un vieil homme.
" Bonjour monsieur, désolée de vous déranger mais savez-vous où se trouve la rue des Cordeliers ?
- Oui je sais. Mais avant de te le dire, il faut que tu réponds à ma question.
- C'est d'accord.
- Alors voilà ma question : Tu me dis quelque chose, je ne te connaîtrait pas par hasard ?
- Vous vous trompez sûrement monsieur, vous devez me confondre.
- Ah... Dommage. Vous ressemblez tellement à la petite fille que j'ai connu il y a environ douze ans, alors que je vendais mes pâtisseries.
- Vous vendiez des pâtisseries ?
- Oui. Mais j'ai cédé ma boutique à ma fille et son compagnon. Il font du beau travail et fallait vraiment que j'arrête de travailler autant, je me fais vieux maintenant. Heureusement que ma fille a bien voulu reprendre ma boutique, je n'aurais jamais supporté de la vendre.
- Vous avez bien de la chance, monsieur.
- Et toi qui sont tes parents ?
- Ah. Mes parents... Comment vous dire... Mon père était militaire et ma mère couturière. Ma mère est morte de la tuberculose il y a environ 2 mois, et mon père a démissionné. Il n'avait donc plus d'argent et j'ai été mise à l'orphelinat.
- À l'orphelinat ? Je croyais qu'il était fermé depuis le temps qu'on ne m'a pas parlé de lui.
Mais vous êtes sûre de ne pas me connaître ? Car je me souviens que la mère de cette petite fille était couturière.
- Je ne sais vraiment pas, je n'ai aucun souvenirs de vous.
- Bon. Je vais vous indiquer la rue des Cordeliers.
- Ah oui, j'avais presque oublié !
- En fait, pourquoi voulez vous aller à la rue des Cordeliers alors que vois êtes censée être à l'orphelinat ?
- Histoire de famille, monsieur. Je vais rendre visite à mon père !
- Étrange. Bon, pour y aller vous continuer tout droit jusqu'au pont puis vous tournez à gauche. Et vous y serez.
- Merci beaucoup monsieur.
- De rien ma brave petite. "
Charlotte partit donc dans la direction annoncée. Elle marcha quelques pas et elle entendit le vieil homme crier :
" Ah oui ! La petite fille s'appelait Charlotte !
Charlotte s'arrêta brusquement. Elle lui répondit simplement :
- Merci pour l'information ! "
Et le vieil homme repartit.
Charlotte était sonnée. Les souvenirs remontaient.
" - Bonjour monsieur, ma fille et moi voudront bien des religieuses et des éclairs !
- Avec plaisir ! Quel parfum ?
- Chocolat maman, chocolat !
- D'accord Charlotte. Ce sera trois éclairs au chocolat monsieur et deux religieuses.
- Voilà ! Profitez bien ! "
...
"- Papa, papa ! Tu es rentré ! Maman et moi on a été à la pâtisserie pour toi !
- Merci Charlotte. est ta mère ?
- Dans la cuisine.
- Cassandre ? Tu es ?
- Oui mon chéri....
Ce n'était pas trop dur à l'armée ?
- Non ça va. C'est fatiguant mais ça va !
....
Le froid commençait à caresser le visage de Charlotte. Elle était restée plantée là, en plein milieu de la rue. Le vieux monsieur disait donc vrai. Elle s'en rappelait maintenant.
Elle marcha dans la rue des Cordeliers et chercha le numéro 23. Quand elle fut en face, elle respira un bon coup. Son avenir était en jeu. Elle toqua trois coups à la grande porte en bois.
Elle entendit des pas, puis la porte qui grince.
Charlotte ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ?

AliénorWhere stories live. Discover now