Chapitre 14 : Les premiers flocons (Lucie)

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Les premiers flocons tombèrent mi-novembre. Je n'avait jamais vu tomber la neige aussi tôt dans la saison. D'ordinaire, elle arrivait peu avant Noël. Mais cette année là, la neige arriva un mois avant l'hiver.

Je la regardais tomber depuis la fenêtre de ma salle de classe. Anakim me taquinait, me disant que je ferais mieux de m'y habituer car il y en avait beaucoup dans la région. Je ne répondais pas à ses piques. Je l'ignorais même complètement, trop absorbée par le dehors.

De tout façon, il avait faux sur toute la ligne ! Il n'y avait pas tant de neige que ça dans le nord de la France ! Il pleuvait souvent, certes, mais il y avait peu de neige.

Ce mercredi, il avait neigé quasiment toute la journée ainsi que la précédente, et grâce aux températures propices ; la neige avait tenue sur le sol. Marie ayant eu peur d'affronter les embouteillages sur la route, elle avait décidé de prendre le bus pour allait faire les courses. Je m'étais donc retrouvée à devoir rentrer à pied chez elle.

Sur le chemin, j'avais aperçu des gamins faire des bonhommes de neige. Ils riaient, chantaient tout en s'affairant à leur tâche. En les voyant aussi heureux, j'avais pensé à ma propre joie d'en faire un avec ma mère et ma grand-mère étant enfant. Ainsi, durant le reste du trajet, une idée totalement incongrue germa dans mon esprit...

Une fois chez Marie, j'avais jeté mon sac de cours dans un coin, et étais sorti dans le jardin. Sur la terrasse, la neige recouvrait le sol telle un grand tapis blanc. La réverbération du soleil piquait les yeux lorsqu'on la regardait trop longtemps, mais cela n'enlevait rien à la beauté du spectacle. Au contraire !

Armée de mon gros manteau, de mes bottes, de mes gants et de mon bonnet, je m'enfonçais dans la neige. Je ne pris pas le risque d'aller dans l'herbe, et d'avoir de la boue aux chaussures. Je restais donc sur la terrasse.

Je fis une petite boule et la posait à mes pieds. Je la fis rouler, et petit à petit je créais le ventre bien rond de mon bonhomme. Ensuite, je fis de même pour faire la tête.

« Dites moi que je rêve ! retentit une voix moqueuse. »

Mon Archange préféré se tenait dans l'embrasure de la porte menant à l'extérieur. Et son regard en disait long sur ce qu'il pensait de mon bonhomme de neige.

« Quoi ? Il est très beau mon bonhomme. »

Il haussa un sourcil en regardant ma création. Oui, bon, il n'avait pas encore de tête... Mais cela ne serait tarder !

« Arrête de rire ! Et viens m'aider !

- Moi ? Tu me prends pour qui au juste ? me dit-il, outré. »

Je le regardais, amusée moi aussi par l'ironie de la situation.

« Tu es un Archange bougon et fainéant. »

Raphaël me fusilla du regard et rentra dans la maison, au chaud. Bon, ben je devais continuer seule ! Étrangement, alors que je roulais la tête de mon bonhomme, Raphaël réapparut.

« Moi bougon et fainéant ? Certainement pas ! tonna-t-il en s'approchant de moi. D'ailleurs, je vais t'aider à finir. »

Il enfila ses gants, et me prit la tête du bonhomme des mains. Il commença à la rouler dans la neige, jusqu'à ce qu'elle atteigne une taille suffisante.

« Maintenant, on n'a plus qu'à la mettre en place, lui dis-je une fois qu'il eut fini.

- OK. »

Il la posa délicatement, et je restais assise à ses côtés, le regardant faire avec fascination. Jamais il n'aurait fait ce genre de choses en temps normal ! C'était si bon de le voir faire quelque chose d'humain !

« Ça va ? me demanda-t-il.

- Oui. »

Il me dévisagea, interloqué. Je ne compris pour quelle raison, que lorsque que je passais une main sur mon visage. Je pleurais ?

« Non, t'inquiète c'est rien. »

Il ne paraissait pas convaincu.

« Je t'assure ça va ! Ça doit être une réaction au froid. »

Il soupira,cependant il ne renchérit pas.

« Alors, on termine oui ou non ? fis-je.

- Quitte à être là autant finir ! approuva-t-il. »

Nous continuâmes notre œuvre, et nous ne vîmes pas le temps passer. Nous fîmes les yeux avec deux petites cailloux que j'avais trouvé dans un pot de fleur, la bouche avec d'autres et le nez avec une carotte. C'est sûr que ce n'était pas très original, mais bon...

Une heure plus tard Marie revint des courses, et nous l'aidâmes à tout ranger dans le réfrigérateur et dans les placards.

« Vous vous êtes bien amusés à ce que je vois, me sourit-elle en voyant notre bonhomme de neige à travers la bais vitrée. »

J'éclatais d'un rire sonore, auquel elle se joignit.

« Que vous arrive-t-il ? nous questionna mon Archange préféré en revenant d'avoir déposé des boites de conserves dans le cagibi. »

Notre rire redoubla, et nous ne pûmes nous arrêter. Raphaël nous dévisagea surprit et intrigué. Si on lui disait il ne comprendrait pas !Alors à quoi bon ?

La fille de l'Archange Tome 1 La prophétie ✔Where stories live. Discover now