Chapitre 44 : Le vrai Anakim (Lucie)

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En sortant du Corps des Gardes, j'avais déployé mes ailes et avais volé jusqu'au Palais de l'Archange. Mon visage devait refléter toute l'étendu de ma douleur, car lorsque le garde m'ouvrit la porte, il laissa durant un instant tomber son masque d'impassibilité, me laissant entrevoir une lueur d'incompréhension.

En arrivant dans ma chambre, je m'étais littéralement effondrée sur le lit avant de me mettre à pleurer à chaud de larmes. Le fait est que j'étais loin d'être calmée lorsque Anakim entra dans ma chambre.

Je n'avais pas entendu la porte s'ouvrir ni se refermer derrière lui. Par contre j'avais senti le lit affaisser sous son poids. J'avais le visage enfuis dans mon oreiller et n'avais pas relevé la tête pensant qu'il s'agissait soit de mon père, soit de Raphaël.

Tout en passant une main dans mon dos afin d'essayer de me détendre, il avait murmuré :

« Chut... Calme toi Lucie. »

Je m'étais lentement retournée, et l'avais observais à travers mes yeux noyés de larmes. Sans réfléchir, je lui avais sauté dans les bras. Il m'avait serré doucement contre son torse, en prenant soin de ne pas écraser mes ailes. Il avait enfoncé sa tête dans mes cheveux tout emmêles, tout en continuant de me chuchoter à l'oreille des mots de réconfort.

Son souffle chaud dans ma nuque m'apaisait inexplicablement. Mes larmes se tarirent. Je balayais les dernières du revers de la main, avant de demander à Anakim d'une voix chevrotante :

« Que fais-tu ici ?

- La Séance est fini, murmura-t-il calmement.

- Et ils t'ont laissé sortir, sans surveillance ? m'étonnais-je.

- Ils m'ont donné une seconde chance ! répondit-il en arborant un sourire épanouit.

- C'est génial ! m'exclamais-je. »

Je l'avais de nouveau serré dans mes bras. C'est à ce moment que je sus que je n'avais définitivement plus peur de lui. Avais-je seulement eu peur une seule fois ? Puis je remarquais une chose à laquelle je n'avais jamais vraiment prêtée attention.

« Tes ailes...

- Ah ! Elles me seront rendues lorsque je reviendrais définitivement parmi vous, m'expliqua-t-il dans un haussement d'épaule.

- Et pour les autres ? l'interrogeais-je.

- Les charges ont été abandonné.

- C'est bien... »

Je baissais les yeux sur mes mains et commençais à jouer avec l'ourlet de la tunique blanche que j'avais enfilé pour assister à la Séance.

« A quoi penses-tu ? me demanda-t-il.

- A toi, répondis-je du tac au tac.

- A moi ? répéta-t-il étonné.

- Tu es tellement différent de tout ce que j'avais imaginé. Tu avais l'air si méchant, froid et mauvais. Avant te tuer ne m'aurait pas gêné, mais tel que je te vois maintenant, je m'en voudrais terriblement. D'ailleurs, je me demande si le Anakim que j'ai devant moi aujourd'hui est le même que ma mère a connu. »

Il me décocha un sourire carnassier.

« Non, me répondit-il simplement.

- Non quoi ?

- Non, je ne suis plus le même.

- Et qui es-tu à présent ? continuais-je.

- La vraie question n'est pas qui je suis, mais plutôt qui j'étais, murmura-t-il mystérieusement. »

Il me caressa la joue de son pouce et me chuchota :

« Celui que j'étais, était mauvais. Celui que je suis est meilleur, mais celui que je pourrais être est pire, bien pire. »

Il me fixait avec une intensité déconcertante et l'espace d'un bref instant, je fus tentée de fuir. Mais c'était moi qui l'avais lancé sur ce sujet.

« Quand tu dis que tu es meilleur, cela veut dire meilleur comme l'ange que tu as été autrefois ou non ? »

Il continua de me fixer sans parler, si bien que je crus qu'il n'allait jamais me répondre. Mais lorsqu'il le fit, sa voix était grave, presque menaçante :

« Je ne suis plus un démon, pourtant je ne suis pas non plus l'ange que j'étais autrefois. Disons que je me trouve à mis chemin entre les deux. »

Je méditais ses paroles. Ma mère le croit réellement bon. Pourtant comme il le disait lui-même, ce n'est pas un ange.

« Ma mère tu l'as connu pas vrai, continuais-je, le lançant sur un sujet qui me tenait le plus à cœur.

- Oui, il y a longtemps, répondit-il. C'était bien avant ta naissance et même avant sa rencontre avec ton père. Mais ça tu le sais déjà, n'est-ce-pas ?

- Est-ce-que tu l'aimais ? lui posant la question qui me brûlait les lèvres tout en ignorant la sienne.

- Au début je le pensais. Mais j'ai fini par comprendre, que pour moi, elle n'était rien d'autre qu'une amie. Enfin... Autant que le mot ''ami'' signifiait quelque chose pour moi à l'époque.

- C'est pour elle que tu m'as aidé, n'est-ce-pas ? »

Anakim s'était levé du lit et me répondit :

« Oui et non. Je l'ai aussi fais pour moi. Vois-tu avant de sortir de la vie de ta mère pour toujours, je lui avais juré que je veillerais sur elle ainsi que sur sa descendance jusqu'à mon dernier souffle. Voilà pour quelle raison je t'ai aidé. Je ne renie jamais ma parole une fois donnée.

- Alors c'est ça le vrai toi, un homme de parole et d'honneur ? m'enquis-je.

- Le jour où je saurais qui je suis réellement tu en seras la première informée. Je vais m'affairer à le découvrir. Mais pour le moment, je dirais que je suis un véritable paradoxe ambulant. »

Il me décocha un sourire de voyou, le même que la première fois où nous nous étions rencontré. Alors je sus que ce sourire cachait une grande souffrance, une souffrance que je ne pouvais pas comprendre, que personne ne pouvait comprendre. La vie est dure lorsque l'on ne sait pas ce que l'on est, mais elle doit l'être encore plus lorsque l'on ne sait pas qui l'on est.

Je me promis de l'aider à le découvrir. Il avait affronté Satan pour moi, et ma mère avait sous entendu que je pouvais lui faire confiance, alors j'allais tenter le coup en essayant de devenir son amie.

La fille de l'Archange Tome 1 La prophétie ✔Where stories live. Discover now