BLACK

8.

Après ce qui s'était passé avec Isaac j'étais complètement perdue. J'avais beau faire comme si de rien était je ne pouvais nier l'attraction qu'il y avait entre nous deux. Il m'attirait, c'était un fait indéniable, mais il fallait qu'on garde nos distance pour éviter que ça déborde. Heureusement pour moi, le week-end était arrivé et j'allais pouvoir penser à autre chose et ne plus le voir.

Nous étions Samedi après-midi et j'étais posée chez Nelyssa, ma meilleure pote, pour lui faire une update de tout ce qui se passait à la prison.

— « Le Isaac là il m'inspire pas trop confiance hein, méfie-toi. » Dit-elle.

— « Ah ouais ? »

— « Ouais, j'le sens pas. Imagine qu'il fasse tout ça juste pour te mettre dans sa poche ? Tu sais pas ce qu'il a en tête Mely. »

Elle avait raison. C'est vrai que c'était tout à fait possible qu'il essaye de se rapprocher de moi par intérêt.

— « Et si Konan apprend ça... »

J'ai passé mes mains sur mon visage en soupirant, sachant déjà les problèmes que ça allait causer vu comme il avait l'air de ne pas le porter dans son cœur.

— « Quand... quand est-ce qu'il est sensé sortir déjà ? » Demanda Nelyssa en se triturant les doigts.

J'ai tourné la tête vers elle avant de la regarder en plissant les yeux. Je savais qu'elle attendait la sortie de mon frère avec impatience vu qu'elle avait faible pour lui depuis toujours. Malgré qu'elle ne l'ait jamais assumé et qu'il ne l'ait jamais remarqué d'ailleurs.

— « Quoi ? C'est une simple question ! » S'écria-t-elle en levant les mains.

— « Passe à autre chose. Il est pas prêt d'arrêter ses conneries. » Soupirai-je.

— « T'en sais rien ! »

Je m'apprêtais à lui répondre lorsqu'on a entendu la porte d'entrée s'ouvrir. Quelques secondes plus tard, son cousin a fait son entrée dans le salon. Il s'est assit, ou plutôt s'est jeté, entre elle et moi avant de retirer ses baskets et de les balancer dans la pièce.

— « Bien ou quoi les grosses vaches ! » Cria-t-il en attrapant la manette de la playstation.

— « T'as pas de maison toi ? » Répondis-je en plissant les yeux.

— « J'pourrais te poser la même question vu qu'à chaque fois que j'viens ici y'a toujours ton gros front qui est là. »

Malgré le fait qu'il ait trois ans de plus que nous et son propre appart, Preston squatte toujours chez sa tante pour une raison que j'ignore depuis qu'on est enfant. J'ai limite grandit avec lui tellement il passait le plus clair de son temps ici alors avec le temps c'est devenu comme un grand frère.

Je l'ai pincé et il m'a donné un coup de poing dans l'épaule qui m'a fait gémir tellement il était fort. J'avais oublié qu'il sait jamais doser sa force celui-là. Son passe-temps favori c'est de m'embêter à chaque fois qu'il me voit.

— « Commencez pas vous deux ! » Intervient Nelyssa.

— « Bah calme ta copine avant que j'lui casse sa bouche. »

Je me suis levée en lui lançant un sale regard avant de rejoindre la cuisine pour me servir un verre de jus. Quand je suis revenue dans la pièce à vivre Nelyssa n'était plus là et il ne restait plus que Preston, affalé sur le canapé, manette à la main.

— « Ça fait longtemps que j'ai pas vu ta grosse tête. » Dis-je en reprenant ma place.

— « Bah j'suis là tout le temps. C'est toi qu'on voit plus ici. »

— « Je t'ai manqué ? »

Il a esquissé un sourire.

— « Pas le moins du monde. »

— « Menteur. Tu vois c'est pour ça que t'as pas de meuf. »

— « Toi-même t'as pas de mec. Ton gros ventre là. »

— « Un partout. J'peux jouer ? » Dis-je en regardant sa manette.

— « J'en était sûr. » Il a ricané, toujours les yeux rivés vers l'écran.

— « Allez ! S'te-plaît ! »

— « Me fais pas perdre hein. »

Il avait oublié que j'avais grandit avec un frère accro à la playstation qui me forçait à jouer avec lui depuis mes dix ans j'crois. En même pas trois minutes j'ai abattu le boss que Preston galérait à vaincre depuis une demi-heure heure presque.

— « Mais wesh... D'où tu sais jouer toi ? »

— « J'suis un couteau-suisse moi, j'te l'ai déjà dit. »

— « Sheeesh ! Elle cache bien son jeu celle-là ! Mets fifa ça va partir en un contre un ! »

[...]

Le week-end était passé à une vitesse fulgurante et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire j'étais de retour à la prison.
Il était treize heure et c'était l'heure du déjeuner. Assise à la table de Konan et ses potes je jouais avec mes tagliatelles au saumon depuis dix minutes tellement j'étais exténuée. J'avais passé la veille chez Nelyssa et on avait joué à la play avec son cousin toute la nuit.

— « Guette comment elle s'endort dans ses pâtes celle-là ! » Dit Moussa.

— « Si tu veux pas faut donner hein. » Continua Konan.

— « J'te le laisse alors. » Dis-je en poussant mon tupperware vers lui.

— « T'en veux pas ? Pour de vrai crari ? » s'écria-t-il en écarquillant les yeux.

— « Ouais, prend-le. J'ai pas trop faim aujourd'hui. »

— « Mais tu manges quand t'es à la maison j'espère ? Parce que si tu... »

— « Prend-le Konan ! » Le coupai-je.

Il a hésité un moment avant de finalement prendre la boîte et avaler mes tagliatelles goulûment. Il savourait ça comme si c'était la première fois qu'il mangeait des pâtes. Fallait voir les soupirs de plaisir qu'il lâchait, j'étais morte.

— « Putain quelle grâce, merci Seigneur ! J'avais oublié que la nourriture pouvait avoir du goût tellement on mange de la merde ici ! » S'exclama Konan.

— « Continue à nous foutre le seum enculé. » Répondit Moussa.

— « Laisse-le, ça va le goumer à la promenade. » Ajouta Amine.

Konan s'est contenté de leur faire des doigts d'honneur en rigolant. Toujours plus avec eux.

Je les écoutais parler en souriant lorsqu'une sonnerie différente des autre retentit. Elle était beaucoup plus stridente et n'avait rien avoir avec celles du repas et des récréations. J'ai tout de suite compris qu'il se passait quelque chose d'anormal.

© Black. 2022