Chapitre VIII - Rencontre habituelle

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Dans ma famille, même si nous parlons peu, nous restons soudés. Mais quand mon père a décidé de mourir, ma mère s'est éloignée de nous. Alors avec mon frère, nous avons appris à se serrer les coudes et à s'entraider. On ne s'est plus quitté. Remarque, nous étions très jeunes. Beaucoup trop jeunes pour vivre sans nos parents. Nous avons même cru que l'on ne verrait plus jamais notre mère.

Mon père nous a quitté il y a cinq ans. Cela fait cinq années que j'attends son retour. Il ne devait pas partir. Ma mère a quitté la maison quand mon père est mort. Je ne sais pas où elle est partie et je ne veux pas le savoir. Sa discrétion sur la mort de mon père et sur les évènements qui ont suivi sa mort font parti des mystères de la vie, selon moi. Des choses que je ne connaîtrai jamais. Ou un jour, quand je serai prête à encaisser la mort de mon père, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Mon père était mon pilier dans ma vie. Ma mère est partie pendant deux ans, en nous laissant quelques lettres pour nous prévenir qu'elle reviendra bientôt. Pendant deux ans, mon frère et moi vivions chez notre oncle. Imaginez un peu, pour une gamine de douze ans : perdre son père d'un suicide puis sa mère d'un silence. Je me suis endurcie, j'ai formé une sorte d'armure et je suis devenue plus forte, plus dure. Plus jeune, je n'étais pas comme je suis présentement. Mon frère était le seul qui me faisait confiance et j'étais la seule à lui faire confiance. Elle était dure la vie sans parents quand j'y repense.

Avec Rick, on s'est rapproché. On était les seuls survivants de la famille Elton. Notre petit code était "The Survivor". Nous étions fous ! On essayait d'être heureux, même "orphelins". Mais nos deux années chez notre oncle Teddy étaient incroyables ! On s'est fait des nouveaux amis dans une nouvelle école. Et j'ai rencontré Caleb. Mon frère avait rencontré sa soeur jumelle Anna. Je me rappelle que leur amour était surdimensionné pour des enfants. Mais ils s'aimaient. L'amour que l'on porte aux personnes, étant enfant, n'est pas le même que l'on porte quand nous grandissons. Les enfants donnent tellement de leur amour, peut-être en ont-ils trop ? Ils se font des tas d'amis, peu importe s'ils sont différents de leurs camarades. Alors que désormais, les temps ont changé. Surtout pour moi. Je n'arrive plus à donner de l'amour aux autres. On me l'a sans doute volé. Et en prenant de l'âge, j'ai refusé de le donner. Je m'étais faite une trop grosse carapace, m'empêchant de fréquenter certaines personnes.

En bref, quand ma mère est revenue nous chercher, j'étais déjà passée de la petite fille, à la grande. Sans qu'elle s'en aperçoive, j'étais devenue la véritable Addison Elton. Ma mère ne m'a pas reconnue. Mon frère a un peu de mal pour aimer réellement ma mère, mais il y arrive avec le temps. Enfin, c'est l'impression qu'il me donne. Avec Rick, on aime aller chez notre oncle. On retrouve notre enfance ou devrais-je dire, notre début d'adolescence.

Quand je suis retournée chez ma mère rien avait changé pourtant dans ma tête les meubles, l'odeur, ma chambre étaient différents. Ce n'était plus ma vie, ce n'était plus ma ville. On a eu dû mal avec mon frère, à vivre sous le même toit que ma mère. Surtout qu'elle n'était pas prête pour s'occuper de nous. Elle mangeait à dix-huit heures le soir pour, soit disant, se coucher à vingt heures pile. Elle allait en fait pleurer sous ses oreillers. Ma vie n'a pas été la plus simple du monde, mais quand vous vivez dans ce genre de situations, vous ne cessez de vous dire qu'il y a pire que vous. Par exemple, des enfants ont vu leurs parents mourir par la guerre, des enfants sont seuls dans le monde. Cela me fait de la peine. Rick et moi, avons seulement perdus notre famille. Les rôles s'étaient inversés : Rick était devenu l'homme de la maison et moi j'étais devenue la mère de ma mère. Je ne l'ai jamais laissé tomber, contrairement à Rick au début. Elle avait besoin de nous. Mais il me disait souvent : "C'est elle qui ne veut plus de nous, plus la peine de la repêcher !" Quand j'y repense, il avait tout à fait raison. Malgré cela, je l'ai aidé, je l'ai soutenu. Elle ne m'a jamais remercié.

Puis un jour, j'ai fait mes pas au lycée et toute ma vie sociale était devenue normale. J'ai trouvé une amie fidèle et attachante, Olivia. Mais tout s'est compliqué. Encore une fois. J'ai aimé un garçon qui n'avait pas confiance en lui, un peu comme moi. Il cachait notre relation à ses amis, à sa famille. Sortir avec une fille était pour lui une trop grande responsabilité. Pourtant, il était plutôt joli garçon, j'imagine que je n'étais pas la seule pour lui. Moi, de mon côté, je l'aimais beaucoup. Trop en fait. Puis, comme tous les autres, il m'a lâchement abandonné. C'était mon premier amour. Alors pour oublier ma peine, j'enchaînais les relations. Tous les deux mois, je sortais avec un nouveau garçon. Ma réputation était celle d'une fille facile. Ma meilleure amie a tenté de me faire changer. Alors je lui ai raconté toute mon enfance. Elle a comprit, m'a écouté et m'a appris à devenir une "gentille fille" comme elle disait. Simple, discrète et polie. Puis après une relation plutôt sérieuse j'ai rencontré Adam. Et j'avais construit tout mon avenir avec lui. C'était le seul garçon à qui j'avais confié mes secrets.

Ma vie était devenue plutôt normale car nous avions un nouvel équilibre. Ma mère a appris à nous aimer, du moins, à se comporter comme n'importe quelle autre mère. Mon frère et moi sommes détachés, pour notre bien. Et me voilà renaître. Depuis, je profite de ma vie. J'essaye de me construire une base solide pour mon avenir. Je le vois en grand d'ailleurs parce qu'avec tout ce que j'ai vécu, j'ai tiré des leçons essentielles.

FIN

Merci d'avoir lu

Le chapitre est assez court, mais il n'est pas terminé. Je l'ai simplement coupé en deux parties sinon il est trop long...

Au rythme de mon cœurWhere stories live. Discover now