𝓬𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝒆 𝓭𝒆𝓾𝔁

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« Le mardi est marron foncé. La paume de ma main et de vieilles histoires. »

Mardi, c'est moi et non le célèbre Minho qui arrive en retard au lycée.

J'ai passé la nuit sur le cours de mathématique du lundi matin que j'avais à peine suivi, dans le but de ne pas accumuler du retard, plus que je n'en avais déjà, sur le plan des leçons et de la compréhension des divers exercices ... Parce que, niveau heures de sommeil je pense que nous repasserons plus tard. Et puis j'ai fini par penser au sourire de Thomas. Ce qui fait que je n'ai pas dormi avant trois heures du matin et que j'ai balancé mon réveil loin de mes oreilles pour me rendormir vers sept heures. Quand j'ai ouvert les yeux, il était neuf heures du matin passées et j'ai hurlé devant cette horreur.

Bon ... Je l'avoue, je me suis dit que vu que j'étais déjà en retard autant prendre mon temps. Alors j'ai flâné dans mon canapé, pris mon temps sous la douche et avalé mon petit-déjeuner sur les coups de onze heures, histoire d'être sûr d'esquiver la cantine pour aujourd'hui. Je suis donc arrivé au lycée en traînant des pieds, juste avant le commencement des cours de l'après-midi.

Mais en passant dans les couloirs, déjà je n'ai pas croisé la route de Minho qui devrait normalement hurler mon prénom absolument partout pour savoir si par le plus grand des hasards personne n'avait eu la chance de m'apercevoir – et ça, c'était plutôt une bonne nouvelle pour mes oreilles : il ne me casserait pas les pieds d'entrée. Non, la raison de ma mauvaise humeur fut contre toute attente, un duo de filles que je ne connaissais même pas de vue et qui se permettait de parler de Thomas. Habituellement, je n'aurais même pas tendu l'oreille parce qu'elles auraient pu parler d'un éventuel autre Thomas et que les ragots n'étaient vraiment pas ma tasse de thé. Mais quelle drôle d'idée aussi, de parler de Thomas Edison ..., de prononcer son nom complet. Bon sang, pourquoi préciser le nom de famille de l'individu quand on parle à la vue et à l'ouï de tous.

Le problème néanmoins, ne résidait pas ici enfin pas vraiment. En revanche, il résidait dans le fait que Thomas serait apparemment en couple. Mon voisin de classe, mon crush depuis Septembre, mon plaisir visuel secret en couple. D'accord il n'avait aucun compte à me rendre, mais quand même le savoir était quelque peu douloureux surtout vu l'intérêt que je lui portais. Minho allait encore me rabattre les oreilles, en me disant que c'était uniquement de ma faute, que j'aurais dû me bouger les fesses bien avant, mais aussi que j'étais foutrement stupide d'écouter les messes-basses de ces filles peu intéressantes. Ensuite, il s'amusera à me claquer la tête et m'encouragerait à aller lui demander pour connaître la vérité. Ouais ça ..., je le voyais bien venir à des kilomètres.

J'ai donc trainé ma carcasse, dépité, jusqu'à ma salle de classe et je me suis laissé glisser sur ma chaise comme un idiot. Le reste de l'après-midi m'a paru si long et ennuyant, les bras ballants le long de la tête et la joue collée contre mon bureau me permettait tout de même de faire comprendre à mes professeurs que oui, mine de rien je suivais le cours ne désirant surtout pas me faire remarquer ou accumuler plus de retard que je n'en avais déjà ; même dans ce genre de situation de restait un élève sérieux ... Je m'épatais et me sidérais moi-même.

En milieu d'après-midi, j'avais quand même décidé de jeter un coup d'œil au tableau, histoire de comprendre deux trois trucs sur le cours et de notamment mentalement d'éventuels devoirs. Et puis, sans calculer Minho qui me faisait de grands gestes, j'ai replongé sur ma table bien plus intéressante et confortable que cette journée entière. Je voulais juste rentrer chez moi et me cacher sous ma couette, mettre de côté ma découverte. Demain tous ses sentiments négatifs auront disparu et tout ira mieux – du moins, je l'espérais.

Mon esprit décrochait progressivement du cours, quand une caresse sur ma main qui reposait le long de ma table me fit sursauter comme un enfant. Ou peut-être n'est-ce rien, juste mon imagination d'adolescent fatigué, car même en me concentrant un peu, rien ne vint effleurer à nouveau mon membre. Je soupirais d'agacement, m'énervant moi-même.

Mais la caresse recommença alors que je reprenais mes divagations, et cette fois sans réfléchir je resserrai ma main dans un réflexe, espérant attraper quelque chose, n'importe quoi. Tout doucement, j'osais relever ma tête, mes yeux tombant directement sur mon voisin qui ne décrochait pas son regard du paysage extérieur mais qui, pour une fois semblait légèrement perturbé. J'haussais les épaules, peut-être qu'une dispute quelconque occupait son attention, et laissais mon propre regard descendre sur ce qu'avait attrapé expressément ma main.

A peine mon cerveau avait-il fait le rapprochement, que la prise de mes doigts se relâcha sur ce que je tenais, tandis que ma tête se remettait entre mes bras rapidement.

Ce n'était pas possible. Impensable.

Pourtant, cette fois c'est sa main qui resserra sa prise sur la mienne. N'était-il pas censé être en couple ? Avait-il oublié que nous étions en classe et que n'importe qui – le professeur y compris – pouvait nous voir ? Était-il dans son état normal ? Il ne semblait pas malade pourtant, ni-même avoir de fièvre ... Je ne comprends pas, mon cerveau n'arrive pas à se faire à l'idée. C'est beaucoup trop bizarre, étrange et ça ne lui ressemble pas. Toutefois, il ne semble pas vouloir lâcher ma main. Plus le temps s'écoule et plus Thomas resserre sa prise sur mon membre.

C'est agréable. Mon voisin de table dégage une chaleur apaisante et j'ose resserrer à mon tour ma main sur la sienne. Pour l'instant, je vais juste profiter un peu et laisser le reste de côté, parce que sa main dans la mienne est tout ce qu'il compte pour moi en cet instant. Je veux le savourer.

𝐇𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞 | 𝑛𝑒𝑤𝑡𝑚𝑎𝑠Where stories live. Discover now