𝓬𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝒆 𝓼𝓲𝔁

797 94 11
                                    

« Le samedi est couleur coquillage. L'amour est tombé. »

J'étais encore en tee-shirt ample et caleçon noir, quand Minho à débarquer tout sourire avec le bras de Thomas coincé dans le sien. Il ne semblait pas lui avoir laissé le choix sur sa venue. Ma bonne humeur a percuté ma mauvaise humeur et dans mon cerveau un duel sans merci commençait à prendre place. J'aurais pu pleurer et rire en même temps qu'à mes yeux, cela m'aurait paru tout à fait normal : le brun était quand même là, sur le pas de ma porte.

Alors, avant de finir dans cet état et de faire fuir Thomas, je me suis juste décalé dans l'entrée et d'un signe de tête, j'ai invité les deux garçons à avancer. Seul mon meilleur-ami est entré sans rechigner, Thomas et son visage n'exprimait que de la réticence et je le comprenais. Je ne savais même pas comment il avait fini devant ma porte et lui non plus n'avait sûrement rien dû comprendre, rien vu venir.

Minho parti rejoindre le canapé, ayant toujours été très à l'aise chez moi et fit comme si la maison lui appartenait, c'est-à-dire toucher à tout ce qui lui passait sous la main et foutre un bordel monstre avant autant d'énergie qu'il était possible d'avoir à ... Merde, quatorze heure un samedi. Et Thomas restait Thomas en toutes circonstances : il observait le jardin par la vitre du salon. S'il ne l'avait pas fait, j'avoue que j'aurais été étonné.

— Newtie, il est quatorze heures ... Passe la seconde !

Minho et son tact légendaire.

— J'arrive, je me fais juste mon chocolat. Vous voulez quelque chose ? je propose, plus pour Thomas que pour mon meilleur-ami qui connait ma maison par cœur.

— Non merci, répond simplement le brun et sa voix me fait frissonner.

En prenant place avec eux dans le canapé, ma tasse fumante dans une main, de l'autre j'ai allumé la télévision. Cela nous épargnera les jérémiades de Minho sur ses chances d'avoir un rendez-vous amoureux avec Sonya. Je me suis calé confortablement entre mes deux invités – squatteurs plutôt – les jambes repliées, un coussin en guise de maigre couverture. Minho a lancé un film que je jugerai quelconque, et Thomas s'est enfin à un peu plus dans les coussins.

— C'est vraiment génial les gars, que je puisse enfin regarder ce film ! Et en plus je le regarde avec vous !

J'ai lancé à un regard à Thomas, juste histoire de savoir ce qu'il en pensait de tout ça. Comme à son habitude, il n'avait rien écouté et semblait avoir décroché des babillages de Minho depuis le début. Un sourire s'est étiré sur mes lèvres quand le brun à passer un bras derrière moi et que pour faire diversion auprès de notre ami bruyant, il a simplement augmenté le son. D'une pierre deux coups, Minho s'est aussi enfin arrêté de parler.

Je soupire de bien être en me calant contre le corps de Thomas : pendant les deux prochaines heures nous aurons la paix.

*

Quand j'ai ouvert les yeux, c'est parce que j'entendais une voix lointaine mais familière vociférer contre une plaque de four. Comme j'étais plutôt bien installé sur ce qui me servait de canapé ou de lit – allez savoir – j'ai rapidement refermé mes paupières, laissant Minho se débrouiller avec les pizzas surgelées qu'il avait dénichées dans le congélateur et le four. Sauf que visiblement quelqu'un d'autre, à savoir mon matelas, ne semblait pas en accord avec mon envie.

— Il va probablement mettre le feu à ta maison si on ne l'aide pas rapidement, soupira Thomas contre son oreille. Je le regarde galérer depuis une petite demi-heure, et même si la scène a le mérite d'être assez drôle, je crains pour notre survie.

— Pourquoi tu n'es pas allé l'aider ? je demande d'une petite voix, étouffant un bâillement.

Je me demande s'il a compris ce que je tentais de dire, mais il rigole. Je trouve ça assez mignon, parce que oui je craque complètement pour lui. Il est temps que je l'avoue : Thomas pourrait faire n'importe quoi, que je le trouverai parfait ...

— Depuis le premier film de Minho, je te sers d'oreiller ... Ou peut-être de lit ? Enfin, tu dors sur moi, se moque le brun et je panique.

L'information se fraye rapidement un chemin au travers de mon cerveau et mon cœur s'affole. En moins de deux, je suis presque debout mais je me mange le pied de la table basse et parce que sinon rien ne serait drôle, je termine de nouveau avachi sur le corps de Thomas. Le rouge aux joues, je bafoue légèrement – bon d'accord beaucoup voire énormément – et je mettrais ma main à couper que je suis ridicule.

Mais le brun explose de rire, me serre fort contre lui et mon cœur explose à son tour. Ma respiration s'accélère, alors que le rire de Thomas ne diminue pas. Même si je lui ordonne de se calmer, que ce soit les battements de mon cœur, ma respiration ou mon voisin de classe, aucun de m'écoute et tous continuent de s'emballer. Mon cœur décide de faire des centaines de bons au fond de ma poitrine, j'ai presque l'impression de pratiquer un saut à l'élastique ou en parachute et je suis certainement sur le point de mourir de joie. C'est tellement bien d'être dans ses bras.

Mais c'est sans compter sur Minho, qui visiblement aujourd'hui manque cruellement de tact et de bon sens. Je suis même tenté de dire qu'il cherche vraiment à s'attirer mes foudres.

— Arrêtez de vous câliner, les tocards et filez-moi un coup de main avant que je ne meurs de faim ou que je fasse cramer ta maison, Newt !

Le rire de Thomas se calme progressivement et il ne semble pas du tout affecté par l'apparition d'un Minho en colère. Sa prise se relâche sur mon corps, et je commence à me lever pour lui céder le passage. Je crois m'être encore manger la table basse quand je retombe sur lui pour la deuxième fois, mais il n'en est rien : c'est juste le brun qui attrape brusquement mes poignets et qui me tire à lui. J'ouvre la bouche pour lui signaler que c'est une mauvaise idée de laisser l'asiatique seul plus longtemps dans la cuisine, mais ses lèvres se posent sur les miennes et sa langue s'engouffre dans ma bouche entrouverte.

Mon corps se détend immédiatement pour se fondre contre le sien, mon cerveau semble partir en vacance et mon cœur chute agréablement dans mon estomac. L'amour me tombe brutalement au visage et ... bon sang, j'apprécie.

Une dernière caresse sur mes lèvres et il se recule puis me pousse au fond du canapé. Avec un sourire en coin et un clin d'œil, il se précipite dans la cuisine.

— Minho ! Éloigne-toi de là, tu vas tout faire péter !

— Je t'emmerde !

— Non mais sérieusement, tu ne sais pas faire cuire une pizza, à ton grand âge ? râle Thomas, la moquerie perçant tout de même dans sa voix. Comment fais-tu pour manger quand t'es seul chez toi ?

Minho ne tente même pas de cacher son rire et quand j'arrive dans la cuisine, il répond :

— Je vais chez Newti, pardi !

Thomas et moi explosons de rire en même temps. Minho comprend qu'on ne fait que se moquer de lui, alors il marmonne ce qui me semble être des insultes à l'égard des gens amoureux et complètement stupides.

𝐇𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞 | 𝑛𝑒𝑤𝑡𝑚𝑎𝑠Where stories live. Discover now