𝓬𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝒆 𝓽𝓻𝓸𝓲𝓼

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« Le mercredi est rouge moyen. Qu'est-ce qu'il y a dans mon estomac ?  »

Cette fois, j'ai dormi correctement.

Toute la nuit, j'ai eu la sensation étrange mais plaisante de la main de Thomas dans la mienne. Minho me prend clairement pour un fou, un dégénéré et un mec un peu trop amoureux, mais je sais qu'au fond il est content vu comment il me sourit depuis que je lui ai tout raconté. Et puis surtout, il m'encourage deux fois plus à me bouger les fesses. Mais le bon Newton que je suis à la trouille et aimerait que comme hier, se soit Thomas qui fasse une fois de plus le premier pas.

— Les choses ne fonctionnent pas comme ça, me répète pour la énième fois de la matinée mon meilleur-ami.

— Et qu'est-ce que t'en sais déjà ? je marmonne dans mon coin, alors que je sais qu'il a raison.

— Plus que toi déjà, se vante-t-il fièrement. Il a fait un pas, c'est à toi maintenant. C'est chacun son tour, cinquante – cinquante, Newtie.

Je veux bien admettre dans ma tête – juste dans ma tête – qu'il a très probablement raison. C'est à moi de faire quelque chose, mais je ne suis psychologiquement pas prêt. Pas prêt du tout à tenter le moindre mouvement, la moindre stratégie et je suis déjà hors-jeu.

— On attaque ce midi, mon petit Newt ! chantonne Minho tout sourire, et il part s'asseoir à sa place tandis que Thomas reprend la sienne à mes côtés.

Prêt ou pas, je décide de prendre sur moi et de lancer un sourire en guise de « Bonjour » à Thomas, parce que mes cordes vocales sont bien trop peureuses pour tenter une approche. Je sais très bien que Minho nous épie, ce qui m'arrange un peu. S'il voit que je fais des efforts avec le brun, peut-être que le plan qu'il a en tête pour ce midi va tomber à l'eau ? Mais en lui jetant un coup d'œil pour assurer mes arrières, je sais d'avance que non et que je ne suis clairement pas prêt, même en essayant de prendre au maximum sur moi.

Thomas me rend mon sourire quand je repose les yeux sur lui et mon estomac s'empresse de partir en vrille tandis que mes joues s'échauffent violemment. Je détourne rapidement mon regard et cache mon visage de ses pupilles pour le reste de la matinée. J'ai bien trop peur de rougir encore si je croise son regard à nouveau.

*

A midi, Minho m'attrape le bras et m'oblige à courir avec jusque dans la cafétéria. Nous sommes dans les premiers à passer les portes, alors on se permet de prendre notre temps pour sélectionner notre repas, se servir et s'asseoir. On discute tous les deux mais je le sens assez distrait, son regard cherche sans cesse quelque chose – ou quelqu'un – et il ne me répond qu'une fois sur deux, ou rigole stupidement. Je ne suis pas très rassuré, ses paroles du matin même font échos dans mon crâne mais je continue de manger doucement en faisant la conversation du mieux que je peux pour deux personnes. Peut-être qu'ainsi je détournerai son attention ?

Mais rien ne fonctionne alors je fini par manger en silence.

— Eh ! Thomas !

Je relève rapidement la tête de mon assiette en entendant mon ami s'époumoner à travers le réfectoire. La panique me submerge lorsque je vois que Thomas s'avance vers nous, le corps bien droit, la démarche assurée et le sourire aux lèvres.

— Salut, Minho.

Sa voix est rauque, c'est appréciable de l'entendre.

— T'es tout seul ? demande mon ami, mais il n'attend pas la réponse du brun qu'il enchaîne déjà. Je dois aller à un entraînement, et Newt n'a pas terminé de manger ... Je n'aime pas le laisser seul, alors ça ne te pose pas de problème de manger avec ?

Il a débité sa connerie d'une traite, empêchant quiconque de l'interrompre et à la fin, je recrache presque ce que j'avais dans ma bouche sur mon plateau. Dîtes-moi qu'il débloque là ? Je le savais que j'aurais dû changer de meilleur pote quand j'en avais encore le temps, avant qu'il ne mette à exécution ses plans débiles. Pourquoi est-ce qu'il ne me prévient jamais ? Comment est-ce qu'il veut que j'assure si je ne suis pas prêt psychologiquement et que je ne suis même pas présentable physiquement ?

Je suffoque quand Thomas accepte en souriant, nous assurant qu'il mangeait seul d'habitude mais qu'avoir de la compagnie pour une fois, ne lui posait pas de problème. Minho se lève tout sourire, et lui cède gentiment sa place sous mon regard noir. Je veux tuer ce type. Définitivement, je le veux mort, enterré dans un coin de mon jardin et j'irais sur sa tombe chaque jour.

— Bon appétit, les gars. On se retrouve en classe et s'il te plaît Newt, parle un peu ... Je t'assure que ça changera de d'habitude !

— Alors ça ! je hurle. C'est clairement l'hôpital qui se fout de la charité, Minho ! je m'emporte, mais il sautille déjà vers les portes du réfectoire.  Attends que je l'attrape un peu, je vais lui faire passer l'envie de me faire parler ! Meilleur-ami mes fesses !

Si Thomas n'avait pas rigolé, j'aurais sûrement continuer pendant un long moment à casser du sucre sur le dos de Minho. Mais son rire est contagieux en plus d'être doux, alors j'ai fini par rire avec lui. Je me suis demandé ce que j'avais dans mon estomac, parce qu'il se retournait dangereusement dans tous les sens et, je n'avais pas très envie de vomir quoique ce soit sur Thomas et ses grains de beautés, sur Thomas et son sourire solaire, sur Thomas et ses lunettes rectangle.

— Alors Newt, commence mon voisin de classe et tout mon cœur se tend, pendant que ma tête se vide.

S'il prononce mon prénom de cette façon à chaque fois, à chaque heure, à chaque minute, je voulais bien répondre à toutes ses questions et parler avec lui autant qu'il le désirait.

Et dire que Minho n'a même pas d'entraînement. Quel comédien.

𝐇𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞 | 𝑛𝑒𝑤𝑡𝑚𝑎𝑠Where stories live. Discover now